Le négoce du paradis

Mar 13, 2019 par

Osman Nûri TOPBAS

Toutefois si nous sommes venus sur cette terre gratuitement mais nous devrons payer le prix de la vie céleste en partant de cette terre. Car c’est notre devoir d’être reconnaissants envers Dieu pour tous les bienfaits dont Il nous a comblés. Après nous avoir créés du néant, Allah l’Exalté fit de nous parmi tant de créatures des humains, êtres faibles. Puis Il le Tout-Puissant fit de nous des croyants d’entre les hommes et nous procura l’honneur d’être membres de la communauté du Noble Messager r.  Tous ces incommensurables bienfaits divins nous ont été donnés sans contrepartie matérielle.

Le Coran nous dit d’ailleurs sur le sujet :

« Et si vous comptez les bienfaits d’Allah, vous ne saurez pas les dénombrer.»[1]

« Puis, assurément, vous serez interrogés, ce jour-là, sur les délices. »[2]

Il serait en effet absurde de vouloir prétendre jouir d’une chose sans en payer son prix. Or pour les croyants que nous sommes, notre “foi“ constitue le bien le plus précieux et c’est avec lui que nous devrons nous acquitter du coût de la vie ultime.

Gloire à Dieu, nous avons été honorés avec la foi grâce à l’Attribut Divin “Al-Hâdiy“[Celui qui guide]. Mais attention, Dieu dit dans le Saint Coran :

« Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission. »[3]

En prêtant attention à cet avertissement on se rend compte que notre Seigneur ne s’adresse pas à nous en émettant l’éventualité : “si vous ne mourrez pas en pleine soumission“.

A contrario Il le Tout-Puissant nous ordonne de mourir en étant croyant car cette vie d’épreuves n’intervient qu’une seule fois. Après la mort pas de retour sur cette terre et plus aucun rattrapage n’est possible.

Ceci dit, nous avons le besoin impérieux de protéger notre foi même au coût de notre vie, de maitriser notre âme sans faire de concessions à ses aspirations bestiales quelques soient les circonstances, afin qu’on puisse mourir dans l’état de croyant.

S’acquitter de sa dette équivalente à la valeur de la foi dont Allah le Tout-Puissant nous a honorés demeure le plus difficile défi de la vie humaine car le moment pour s’acquitter de cette dette, s’il est fixé, ne nous est pas connu.

C’est pour cela que nous devons profiter de chaque aubaine qui nous et offerte pour œuvrer dans le sentier de Dieu jusqu’à notre dernier souffle, tout en espérant accéder à la Miséricorde et au Pardon divin. Aussi donc là où la foi est un don divin l’épreuve est un test pour évaluer le degré de la foi.

L’adoration, la piété, le sacrifice, la patience, le remerciement, l’abnégation et les services que le croyant entreprend pour protéger sa foi, quant à eux correspondent au coût de la récompense divine pour les bienfaits divins dont nous jouissons car en effet il nous faut payer un prix colossal pour apprécier la valeur de la foi qu’Allah le Tout-Puissant nous a donnée. Le Saint Coran nous enseigne comment nous acquitter de ce prix :

« Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis.»[4]

Cela signifie donc que ce monde d’épreuves dans lequel nous vivons n’est qu’un lieu de transaction dans lequel on négocie l’achat du Paradis.

Notre âme et nos biens sont le plus grand capital dont nous disposons pour ce négoce. Mais en fait à qui appartiennent l’âme et les biens ? Qui donne l’âme et les biens ?…

Notre épreuve constitue à soumettre et à rendre au Seigneur ce qu’Il nous a octroyé et le Coran nous en énumère plusieurs cas.

Parmi eux, Abraham (a.s.), ce grand prophète qui, éprouvé dans son âme ses biens et son fils fut prêt, pour plaider la cause du Tawhid (l’Unicité d’Allah), à accepter d’être projeté par Nemrod dans un brasier grand comme une montagne. Les braises se muèrent alors en un jardin de roses. Il sacrifia ses biens pour Allah (le Tout-Puissant), et fut béni par l’appellation de l’ami intime. Il accepta de sacrifier en guise d’offrande son fils à son Seigneur, et Allah l’Exalté lui rendit son fils et un bélier du Paradis en retour. Il devint ainsi l’ami d’Allah, c’est-à-dire qu’Allah le Tout-Puissant en fit Son ami intime.

De même, notre Seigneur évoque à plusieurs reprises dans le Coran la bonne nouvelle qu’Il fera accéder au Paradis les héros qui Lui auront sacrifié leurs âmes et leurs biens.

On peut aussi citer les gens de la fosse ardente (Ukhdud[5]) jetés dans les fossés pleins de braises, Habib Najjar lapidé par un peuple oppresseur[6]les magiciens de Pharaon mutilés et pendus aux branches de dattier.

Aucun d’entre eux ne demanda à Allah le Tout-Puissant de le sauver de ces atrocités pour retrouver l’aisance de cette vie. Leur ultime souhait fut de pouvoir rendre l’âme en demeurant dans leur état de croyant et prièrent ainsi Allah pour ne pas voir leur foi ébranlée :

« Ô notre Seigneur ! Déverse sur nous l’endurance et fais nous mourir entièrement soumis. »[7]

Ils accédèrent ainsi à la victoire céleste et retournèrent à leur Seigneur en martyr.

Cette même atmosphère de persécutions et de brimades fut vécue pendant l’ère du Prophète (pbsl) appelé Asr al-Saadah (Période d’âge d’or de l’Islam).

Les nobles compagnons vécurent une avalanche de calvaire infernal pour s’acquitter du tribut de leur foi. Durant des années à la Mecque, Ils furent en proie aux souffrances atroces et aux embargos. Dans l’ultime but de protéger leur foi, ils abandonnèrent leurs demeures, leurs biens et leur terre natale pour émigrer vers Médine et sous les assauts agressifs des mécréants, des hypocrites et des juifs, ils luttèrent pour sauver leurs vies et défendre l’Unicité d’Allah le Tout-Puissant.

Khabbab ibn al Arattun des compagnons qui souffrit les plus grands martyres relate :

« Nous nous plaignîmes un jour auprès du Messager de Dieu alors qu’il était allongé à l’ombre de la Ka’ba, la tête appuyée sur son manteau. Nous dîmes : « Que n’appelles-tu pour nous le secours de Dieu ? Que ne pries-tu pour nous ? ». Il dit : « Parmi ceux qui vivaient avant vous, on prenait l’un d’eux, on lui creusait un trou et on l’y mettait. On apportait ensuite une scie qu’on lui plaçait sur la tête qu’on sciait ainsi en deux morceaux. Ou bien on passait sur sa tête un peigne de fer jusqu’à lui arracher ce qu’il y avait au-dessous de sa chair et de ses os. Ce n’arrivait pourtant pas à lui renier sa foi. Par Dieu, Dieu accomplira cette chose (l’Islam) jusqu’à ce que le voyageur aille sur sa monture de San ’a’ à Hadramawt ne craignant que Dieu ou le loup pour ses troupeaux…Pourquoi ne patientez-vous donc pas?»[8]

Abdullah bin Rawahat, un des Médinois qui prêta serment d’allégeance à Akaba rapporte qu’après avoir prêté serment d’adorer qu’Allah et de ne rien Lui associer, de veiller sur le Noble Messager (pbsl) comme ils veillent sur leurs propres personnes, les Médinois d’Akaba demandèrent au Prophète r:

« Quelle sera la contrepartie si nous restons loyaux à nos serments ? »

Il leur répondit : « Vous aurez le Paradis ! »

Ils répliquèrent : « Quel négoce très rentable ! Ni nous ne rebrousserons chemin, ni nous ne souhaiterons perdre ce négoce ! »[9]

Abdullah bin Rawahat remplit effectivement ses engagements pour ce commerce paradisiaque lors de la bataille de Mu’tah. Après avoir reçu du Prophète (pbsl) la bonne nouvelle du martyr qui l’attendait, il participa à la bataille avec une grande sérénité et une résignation tout en sachant qu’il rendrait l’âme. En résistant aux tentations de son âme pour cette vie de jouissance éphémère et à la peur de subir les douleurs de la mort, il confia ses biens au trésor, soumit son âme à son Seigneur et s’envola vers le Paradis.

Maints compagnons y du Prophète (pbsl) partirent aux quatre coins du globe avec ardeur : “Que la dernière portion de terre que nous parviendrons à fouler soit notre dernière demeure ! “. Ils apposèrent ainsi sur chaque terre auxquelles ils purent accéder le cachet de l’unicité. Ils restèrent ainsi fidèles à leur serment à Allah (pbsl) et à Son Messager (pbsl) et en leur honneur ce verset fut révélé :

« Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah : ils tuent, et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’évangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu’Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez fait : Et c’est là le très grand succès. »[10]

Les compagnons y testaient leur foi avec la teneur de ce verset et observaient les évènements avec l’enthousiasme permanent de la foi tout en ayant l’esprit orienté vers l’au-delà dont ils cernèrent l’exacte réalité à travers ce hadith prophétique :

« Seigneur Dieu ! Il n’y a de vie que celle de l’autre monde ».[11]

Pour cette cause ils ne donnèrent aucun intérêt aux épreuves mondaines qu’ils subissaient et leur foi resta inébranlable face aux souffrances infernales qu’ils traversaient car ils savaient pertinemment que les supplices qu’ils subissaient dans leur lutte sur le sentier d’Allah U étaient le prix pour vivre aux côtés du Prophète r dans la vie future après avoir eu la grâce d’être à ses côtés ici-bas.

Un autre cas Sa’d bin Kaythamat, un des douze qui prêta serment à Akaba, qui s’adonna à un tirage au sort le jour de la bataille de Badr pour désigner lequel d’entre eux irait combattre.

Après que le nom de Sa’d (r.a.) soit tiré, son père lui dit :

« Mon fils ! Aujourd’hui, fais preuve d’abnégation en me préférant à toi et permets-moi d’aller à la bataille à ta place. »

Sa’d (r.a.) dit à son père :

« Ô père ! Si l’aboutissement de cette lutte était autre que le Paradis, j’aurais fait ce que tu me demandes. »

Enfin de compte Sa’d (r.a.) partit combattre à Badr comme s’il allait à un mariage et eut l’honneur de tomber en martyr.

Son père, il fut à son tour martyr le jour de la bataille d’Ohoud.[12]

Djaber ibn Abdallah (r.a.) rapporte : « Mon père m’appela le soir de la veille de la bataille de Ohoud et me dit : « J’ai le ferme pressentiment que je serai un des premiers Compagnons du Prophète (pbsl) tués. Je ne te laisse rien après moi de plus cher que toi, si ce n’est la vie du Messager de Dieu. J’ai une dette. Acquitte-la et sois bon avec tes sœurs que je laisserai orphelines. »

Selon une autre version, dans l’enthousiasme de la foi, tel est le vœu qu’il formula à son fils : « Djâber ! N’eut été tes deux sœurs qui ont besoin d’être sous ta garde, j’aurai bien voulu que tu tombes en martyr. »

Djaber ibn Abdallah (r.a.) poursuit : « Le lendemain matin mon père fut le premier tué. Je l’ai enterré avec un autre dans la même tombe que lui. Puis je n’ai pas aimé le laisser avec un autre. Je l’ai donc exhumé six mois après. Je l’ai trouvé tel que je l’avais laissé le premier jour et seule l’une de ses oreilles s’était décomposée. Je l’ai alors enterre seul dans une autre tombe».

Selon une autre version, dans l’enthousiasme de la foi, il formula ce vœu à son fils :« Djâber! N’eut été tes deux sœurs qui ont besoin d’être sous ta garde, j’aurai bien voulu que tu tombes en martyr. »

Djaber ibn Abdallah (r.a.) poursuit en disant :« Au matin, mon père fut effectivement le premier martyr et fut enterré dans la même tombe avec un autre martyr. Plus tard, j’ai décidé de l’enterrer dans une autre tombe libre. C’est ainsi que six mois après, je l’ai déterré et voilà ce que je vis : excepté une partie de son oreille, son corps était intact comme le jour de son enterrement ! Il fut donc enterré seul. »[13]

Et encore selon une autre version Djaber ibn Abdallah (r.a.) rapporta :

« J’ai croisé une fois le Prophète alors que j’étais dans un état de chagrin. »

Le Prophète me dit : « Pourquoi sembles-tu triste ?»

Je répondis : « Mon père fut martyr lors de la bataille d’Ohoud. Il laissa à ma charge une famille abondante et de nombreuses dettes. »

Le Prophète dit ensuite : « Veux-tu que je t’informe de l’accueil que Dieu offrit à ton père ? »

Après que j’ai répondu par l’affirmatif, Il ajouta : « Allah ne communique avec personne face à face. Il s’adresse à Son interlocuteur de derrière un rideau. Néanmoins, Il ressuscita ton père et lui parla à visage découvert en ces termes :Ô Mon serviteur ! Quoique tu Me demandes, Je te l’accorderai ! “ »

Ton père dit alors : « Ô Mon Seigneur ! Ressuscite-moi afin que je sois à nouveau martyr sur Ton sentier ! »

Allah l’Exalté répliqua ainsi : « Mais, J’ai déjà légiféré auparavant que les morts ne retourneraient point sur terre. »[14]

Ton père dit alors : « Ô Seigneur ! S’il en est ainsi, Informe mes héritiers de mon état actuel. »

Suite au vœu du père de Djâbir رضي الله عنه, ce verset coranique fut révélé : « Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d’Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus et joyeux de la faveur qu’Allah leur a accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés. »[15]

C’est donc l’enthousiasme de ce négoce paradisiaque que les nobles compagnons y après avoir été témoins de la religion d’Allah, se sont éparpillés vers toutes les contrées du monde. Ils allèrent jusqu’en Chine, en Afrique et foulèrent même les rives de l’Océan Atlantique durant une courte période.

Pendant l’ère du Calife Omar bin Abdulaziz رَحْمَتَ الله عَلَيْهِ, ils se rendirent en Espagne.

Abû Ayoub al-Ansari (r.a.) se rendit à Istanbul à deux reprises car, il craignait en restant en retrait de la voie du sacrifice et de l’abnégation sur le sentier d’Allah d’être de ceux qui prennent le risque de compromettre avec leur propre main le bonheur dans la vie céleste.

Ainsi donc, alors qu’il eût plus de 80 ans, il participa à l’expédition sur Istanbul avec l’aspiration de la conquête d’Istanbul prédite par le Prophète “Istanbul sera certainement conquise“[16].

Il rendit l’âme à l’entrée d’Istanbul lors de sa deuxième venue et dit en rendant l’âme : “Enterrez-moi à la dernière portion de la Terre que vous parviendrez à fouler ! De sorte que les combattants de l’Islam qui viendront après moi puissent aller au-delà.

Tant de son vivant qu’après sa mort, il légua aux générations futures des croyants l’héritage intarissable digne d’un véritable musulman.

Tous ces éléments sont les diverses perspectives des épreuves d’Allah que les compagnons subirent pour acheter le Paradis au moyen de leurs âmes et biens.

Les cœurs de ceux qui sont parvenus à la sérénité et à la certitude à travers l’invocation permanente d’Allah l’Exalté ont pour but ultime l’Agrément de Dieu car, ce bas-monde et ses jouissances éphémères n’ont aucun intérêt à leurs yeux.

Parmi tous ces personnages celui qui atteint le plus haut sommet exceptionnel fut incontestablement Abou Bakr (r.a.) à propos de qui le Prophète (pbsl) dit un jour : « Il n’y a pas de biens qui m’ont été utiles (pour défendre la cause de Dieu) comme ceux d’Abou Bakr !»

Après avoir entendu ces compliments, Abou Bakr (r.a.) fondit en larmes en disant :

“Est-ce que nous et nos biens ne t’appartiennent pas ô Messager d’Allah ? “.[17]

En disant cela il voulait dire que lui-même et tous ses biens étaient destinés à Allah et à Son Messager (pbsl). Il mit à de nombreuses reprises ses biens au service du Messager d’Allah (pbsl) sans craindre de tomber comme lui dans la pauvreté. C’en fut au point que le Prophète (pbsl) lui demanda : « Qu’as-tu laissé à ta famille ? »

Abou Bakr (r.a.) répondit la paix dans l’âme : « Je leur ai laissé Allah et Son Messager. »[18]

Un des nobles compagnons qui sut tirer profit de ces biens et de sa personne dans l’optique du négoce du Paradis fut sans contestes Othman ibn Affan (r.a.).

Ce symbole de la générosité et de la pudeur constata que les musulmans faisaient face à une pénurie d’eau lors de l’émigration vers Médine. L’eau de tous les puits de Médine avait un goût âcre et le seul puits, appelé « Ruma », qui avait une eau suave, était la propriété d’un Juif qui subvenait à ses besoins en vendant cette eau. Suite à l’invitation du Prophète (pbsl) Othman (r.a.) acheta à un prix exorbitant le puits.

Le Prophète (pbsl) lui demanda : « Acceptes-tu de mettre ce puits à la disposition des gens pour qu’ils puissent boire de son eau ? »

Othman (r.a.) accepta sans réticence et fit preuve de la plus grande vertu en se mettant dans le rang avec les autres pour puiser l’eau du puits qu’il avait lui-même acheté. Il est dit que cette abnégation d’Othman (r.a.) fut la cause de la révélation de ce verset :

« Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis.»[19]

L’Islam se répandit très vite et la mosquée du Prophète s’avéra exigüe pour accueillir les personnes qui venaient en masse à Médine. Othman (r.a.) prit une fois encore en charge l’agrandissement de la mosquée.

Cet autre verset coranique fut alors révélé : « Ne peupleront les mosquées d’Allah que ceux qui croient en Allah et au Jour dernier, accomplissent la Salat, acquittent la Zakat et ne craignent qu’Allah. Il se peut que ceux-là soient du nombre des bien-guidés.»[20]

Une fois encore ce compagnon béni qui, alors que les Musulmans ne trouvaient pas de chameau à monter et devaient se relayer à trois pour monter sur un chameau, donna à l’armée musulmane 300 chameaux équipés pour la bataille de Tabūk.

Puis, au temps du Califat d’Abou Bakr t, une grande disette fut vécue à Médine alors que la caravane d’Othman (r.a.) forte de 100 chameaux chargés de blé vint de Cham.

Ceux qui virent la caravane accoururent vers elle pour acheter le blé. Ils en vinrent même à proposer de payer 7 dirhems pour une quantité de blé valant 1 dirhem.

Othman (r.a.) leur dit : « Non ! Il y en a un qui offre plus. Je vais lui vendre ce blé. »

Déçus les nobles compagnons y vinrent de plaindre au Calife Abou Bakr (r.a.) qui, ayant cerné la sagesse des propos d’Othman (r.a.) leur dit :« N’ayez pas de mauvaises pensées sur Othman ! Il est le gendre du Prophète (pbsl) et sa demeure sera le Paradis. Il se peut que vous l’ayez mal compris. »

Tous se rendirent alors chez Othman (r.a.) et Abou Bakr (r.a.) lui dit :« Ô Othman ! Les nobles compagnons ont été attristés par tes propos. »

L’honorable Othman (r.a.) s’exprima en ces termes :« Evidemment, ô Calife du Messager d’Allah ! Ceux-ci me proposent 7 dirhems pour une quantité de blé de 1 dirhem, alors qu’Allah l’Exalté me propose 700 dirhems. J’ai donc vendu ce blé à celui qui m’a proposé 700 dirhems. »

Après avoir distribué aux nécessiteux de Médine tout le blé transporté par les cent chameaux pour l’Agrément d’Allah, Othman (r.a.) immola tous les chameaux.[21]

Un tel soleil généreux en la personne d’Othman (r.a.) mourut en martyr après avoir endossé sur ses épaules la responsabilité de la communauté et fut ainsi parmi les bienheureux prospères de ce business pour le Paradis.

Abû Talha (r.a.) était celui des Ansars de Médine qui possédait plus de dattiers. Sa palmeraie Bayruh à située en face de la mosquée du Prophète (pbsl) était de ses biens celui qui lui était le plus cher. Le prophète (pbsl) avait l’habitude de s’y rendre pour y boire de son eau. Lorsque le verset suivant fut révélé : « Vous n’atteindriez la (vraie) piété que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. Tout ce dont vous faites largesses, Allah le sait certainement bien. »[22] Abû Talha (r.a.) s’adressa ainsi au Prophète :

« O Messager de Dieu ! Dieu exalté a fait descendre sur toi : « Jamais vous n’atteindrez la bienfaisance jusqu’à ce que vous dépensiez de ce que vous aimez » et, de tous, mes biens, rien ne m’est plus cher que «Bayruhà». Aussi est-elle désormais de ma part une aumône pour Dieu exalté. J’espère y trouver un bien dans ce monde et dans l’autre auprès de Dieu exalté. Place-la donc, ô Messager de Dieu, à l’endroit que te fait voir Dieu. »

Le Messager de Dieu lui dit : « Bravo ! Bravo ! Voilà donc un placement gagnant ! J’ai bien entendu ce que tu viens de dire et je suis d’avis que tu la places parmi tes parents ».

Abou Talha dit : « C’est ce que je vais faire, ô Messager de Dieu !»

Et il partagea la palmeraie entre ses proches et ses cousins.[23]

Voilà en fait l’horizon vers lequel les nobles compagnons y dirigeaient leurs regards.

À chaque verset coranique qui était révélé, ils disaient “Nous avons entendu et obéi“[24] puis s’imprégnaient de la portée de ce verset pour s’engager dans le combat vers la Satisfaction d’Allah.

C’est pour cela que Djaber ibn Abdallah (r.a.) a pu dire :« Je ne connais pas parmi les Mouhadjirine (émigrants de Médine) et parmi les Ansars (résidents de Médine) qui en ait eu les capacités et ne possède pas en son nom une fondation d’aide sociale. »[25]

Ainsi, nos pères depuis l’empire Ottoman, après avoir emboîté le pas à ces braves compagnons du Prophète (pbsl), ont établi une civilisation de fondation dans notre pays car ils sont parvenus, avec la compréhension du hadith prophétique “La véritable vie est la vie future, à se distinguer parmi les croyants en renonçant à la vie éphémère pour faire montre d’une détermination profonde dans le gain de l’au-delà.

Chaque civilisation se distingue par la personnalité de ses contemporains. Nous aussi, descendants de ces glorieux personnages, sommes face à une grande responsabilité.

Les Musulmans, partout dans le monde, sont dans une situation très critique. Notre pays la Turquie s’évertue à défendre la cause du monde musulman en proie aux injustices et diverses oppressions. Notre chère nation qui s’est érigée, des siècles durant, en protectrice des opprimés ouvre aujourd’hui une page d’or de son histoire et chacun de nous a sa part de responsabilité dans la défense de cette cause. Nous devons, surtout pendant cette période, assurer une fraternité islamique et un asile agréable aux réfugiés syriens de notre pays comme les Ansars abritèrent fraternellement les Mouhadjirines.

Fasse Allah l’Exalté que nous soyons du nombre de Ses serviteurs conscients de la responsabilité qui leur incombe vis-à-vis de leur Seigneur, compatissent aux tourments physiques et spirituels vécus par les pauvres affligés, luttent sans relâche sur Son sentier et qui sont les fortunés du négoce pour la vie éternelle.

Amin!…

[1]        Saint Coran sourate An Nahl (16) verset 18

[2]        Saint Coran sourate At Takathur (102) verset 8

[3]        Saint Coran sourate Al’i-Imran (3) verset102

[4]        Saint Coran sourate Le repentir (9) verset111.

[5]        Chrétiens de Najranmassacrés en 523 par le roi Dhul Nuwâs. Voir le tafsir ibn Kathir sourate Al Buruj (85) verset 4(Note du rédacteur).

[6]        Un tisserand de soie nommé Habib qui exhorta ses concitoyens à suivre les apôtres qui ne leur demandaient aucun salaire, et qui en réponse à son appel ses concitoyens fut attaqué et tué par ses concitoyens. Voir le Tafsir Ibn Kathir de la sourate Yasin (36) versets 12 à 20.(Note du rédacteur)

[7]        Saint Coran sourate Al Araf (7) verset 126.

[8]        Al Boukhari Mérite des Ansars chapitre 29, Vertus chapitre 25, Contrainte chapitre1

[9]        Tafsir İbn Kathir, Tafsîr, II, 406

[10]       Saint Coran sourate At Tauba (9) verset111.

[11]       Al Boukhari, volume 8 Livre 81 chapitre 1.

[12]       Ibn Hajar al Asqalani,الإصابة في تمييز الصحابة(en Turc el-İsâbe fi temyizi’s-Sahâbe) III, 47, no: 3156.

[13]       Al Boukhari Volume II Livre 23(des funérailles) Chapitre 77 Hadith 1351

[14]       Voir le verset 95 de la sourate Al Anbiya (21)

[15]       Saint Coran sourate Al’i-Imran (3) versets169-170 (İbn Majah, Volume 1 Livre 1 Hadith 190 – At Tirmidhi Volume 5 Livre 44 (Tafsîr) Hadith 3010.

[16]       Ahmed, IV, 335; Hâkim, IV, 468/8300.

[17]       İbn MajahVolume 1 Livre 1 Hadith 99

[18]       Abû Dawood, Livre 9 (de la Zakat) Chapitre 41 Hadith 1678

[19]       Saint Coran sourate Al Fajr (89) versets27-30.

[20]       Saint Coran sourate At Tauba (9) verset18 – Othman Dhul Nurayn (Original Turc : Hazreti Osman Zinnûrayn, Ramazanoğlu Mahmud Sâmî, p. 145).

Othman (r.a.) fut surnommé Dhul Nurayn (L’homme au 2 lumières) car il épousa Ruqiya et Oum Kulthum v deux des filles du Messager d’Allah r. (Ajout du rédacteur)

[21]       Othman Dhul Nurayn (voir note précédente) p. 140.

[22]       Saint Coran Sourate Al’i-Imran (3) verset 92.

[23]       Selon un récit d’Anas ibn Malek (r.a.) Al Boukhari Livre 24 (Zakat) Chapitre 44 Hadith 1461 ; Livre 40 (Mandat) Chapitre 15 Hadith 2318 – Mouslim Livre 12 (Zakat) chapitre 14 Hadith 2186 –

[24]       Saint Coran sourate Al Baqarah (2) verset285.

[25]       Ibn Qudama, al-Mughni, V, 598

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