Uways al-Qarnî (Qu’Allah soit satisfait de lui)

Mar 15, 2019 par

Djemaâ Belfort

Il y avait un village au Yémen qui se nommait Karen. Uways al-Qarnî, qui était berger (de son état) vivait dans ce village. Au sein de ce dernier, il n’entretenait aucune amitié particulière. Par contre, il aimait sa mère plus que tout au monde ; il répondait à toutes ses exigences malgré les difficultés car en aucun cas il ne désirait l’offenser. La plupart du temps, il lui offrait le pain qu’il venait de gagner grâce à sa journée de travail et lui, il demeurait ainsi sans manger.

Bien sûr, Uways avait entendu parler de l’avènement du Prophète (pbsl) et de la propagation de l’islam. Il était au courant de cette nouvelle religion depuis des années et sans aucun doute il était devenu lui-même musulman et suivait les préceptes islamiques. Dans son cœur, il témoignait d’un grand amour envers le Prophète (pbsl) alors qu’il n’avait jamais vu ni son visage béni, ni entendu sa douce voix. Malgré le manque de proximité d’avec le Messager d’Allah (pbsl), il pensait à lui jour et nuit, il chuchotait son prénom aux montagnes et aux pierres. Tout l’environnement d’Uways était au courant de son amour pour le Prophète (pbsl). Son amour était devenu une légende. Les habitants de son village disaient « Uways a perdu la tête ». Mais Uways était sain d’esprit ; il était seulement épris du Prophète bien-aimé (pbsl), lui qui était la joie du monde des yeux et des cœurs. Son seul souhait était de voir le doux visage de l’ambassadeur d’Allah : Muhammad (pbsl). Uways était prêt à ne rien regretter si la mort venait à se présenter à lui une fois son vœu exaucé. Mais la distance entre le Yémen et la ville de Médine en Arabie était très conséquente. Entre les deux pays, des déserts sans vie régnaient, silencieux et inhabités, ainsi que des montagnes difficiles à franchir. De plus, Uways était très attaché à la présence de sa mère, il ne pouvait pas se passer d’elle, ne serait-ce qu’un instant. Un jour, pourtant, il se mit à genoux devant elle et lui demanda la permission suivante :

« De grâce, chère mère, permets-moi de me rendre auprès du Prophète. Concernant cela, tu sais que je serais le plus heureux des hommes, ne serait-ce qu’à l’écoute de sa noble voix. Car, sans sa présence, mon monde est vide…Puisses-tu être d’accord. »

Cette mère ne put résister aux larmes de ce tendre fils. Aussi lui répondit-elle :

« Oui je suis d’accord, mon fils, mais à une condition, tu iras jusqu’à la porte de notre Prophète, s’il est chez lui, tu lui rendras visite, sinon tu reviendras ici. Est-ce bien compris ? »

« Je suis d’accord. Cette autorisation me suffit, ma mère. Qu’Allah prenne soin de toi et de ta santé » dit-il à sa mère.

Il se mit en route subséquemment. Durant toute la longue traversée du désert, Uways subit la rigueur de ce soleil de plomb si légendaire dans cette région. Combien de fois était-il tombé et pourtant il se relevait sans cesse pour se remettre à courir sans s’arrêter tant il était animé par son unique désir. Il voulait atteindre Médine à tout prix pour enfin voir le visage de rose de notre Prophète (pbsl). Ainsi, il marcha durant des jours, voire des semaines.

Enfin, un jour, il aperçut les monts qui entouraient Médine. Il se mit à trembler tant il était excité. Il était à la fois craintif, impatient et triste. Il arriva en ville où il demanda son chemin à la première personne rencontrée ; cette dernière lui indiqua la direction de la maison du Prophète (pbsl). Uways était tellement ému qu’il n’arrivait pas à marcher. Lorsqu’il arriva devant la porte, il frappa. Il écouta les pas qui résonnaient de l’intérieur. La porte s’entrouvrit doucement. La tête d’une femme apparue. C’était Fatima : la fille du Prophète (pbsl).

« Je me présente, je viens du village de Karen situé au Yémen. On m’appelle Uways et j’aurais bien voulu rencontrer le Messager d’Allah. »

Fatima lui répondit :

« Malheureusement, le Prophète est actuellement absent. »

Uways était effondré, comme si le monde entier s’était écroulé sur sa tête. Très déçu, il se rappela pourtant la promesse qu’il avait faite à sa mère. Puisque le Messager d’Allah (pbsl) n’était point chez lui, il ne lui restait donc plus qu’à s’en retourner dans son village auprès de sa mère. Il demeura ainsi, sous le choc, devant le seuil de la porte. Qu’allait-il faire maintenant ? Son cœur, profondément blessé et meurtri, se tordait de douleur. Puis il fit les recommandations suivantes à Fatima :

« Transmettez mes salutations au Prophète. Dites-lui que je suis venu du Yémen pour voir son beau visage. Mais, hélas, je n’ai pas eu cette chance. S’il vous plaît, transmettez-lui mon message. N’oubliez pas de lui dire qu’Uways est venu du Yémen. Il faut qu’il sache que je vis de son amour et que je l’aime plus que tout, bien plus que ma vie.

Puis, profondément attristé, la tête basse, Uways s’en est allé. De ses yeux, des larmes comparables à des rivières en crue coulèrent sans fin. Les larmes de ses yeux étaient devenues des gouttes de pluie ; c’était comme si la pluie était tombée sur ce désert chaud et aride d’Arabie. Il demeura dans cet état durant tout le trajet du retour qui l’emmenait auprès de sa chère mère.

Lorsque le Prophète (pbsl) revint chez lui, il ressentit la présence lumineuse d’Uways et demanda à Fatima si quelqu’un était venu en son absence. Fatima lui raconta l’histoire d’Uways qui était venu du Yémen, voulant témoigner humblement de son amour, mais devant repartir sans l’attendre, car il avait fait une promesse à sa mère.

À cet instant, notre cher Prophète (pbsl) déclara :

« Uways est le plus valeureux des hommes après mes fidèles compagnons. »

C’est ainsi qu’Uways al-Qarnî fut reconnu et cité par le Prophète (pbsl). Ce simple berger se montra un amoureux inaccoutumé du Prophète (pbsl).

Qu’Allah nous permette d’atteindre son niveau spirituel.

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