« J’ai été envoyé pour parfaire les vertus morales.»

Mar 12, 2019 par

Ahmet TAÅžGETÄ°REN

La société islamique est par essence une société morale.

Dans toute société islamique, le niveau de moralité reflète la mesure de rattachement de cette société à l’islam.

Il est alors possible d’évaluer le niveau d’une société en matière d’islam en se fiant au niveau de sa moralité.

La qualité de la moralité détermine la qualité de l’islam vécu au sein de cette société.

La diminution de cette qualité morale est également en relation avec la faible importance donnée à l’islam.

Au fur et à mesure que la relation d’une société avec l’islam s’approfondit du point de vue de sa moralité, elle se transforme en une société vertueuse.

Une société immorale est une société dans laquelle la relation des hommes avec l’islam a dégringolé au plus bas niveau, ou l’islam se fait rare – voire même absent.

Toutes ces caractéristiques précitées signalent en fait le rapport existant entre l’identité islamique et la moralité.

Certes le Prophète Muhammad (pbsl) a été envoyé pour « parfaire les vertus morales ». Le Tout-Puissant, qui l’a envoyé en tant que maître, enseignant et messager pour toute l’humanité, a corroboré les propos suivants à son égard : « Et tu es certes d’une moralité éminente. » (Coran, sourate Al-Qalam, 68/4)

Des principes fondamentaux tels que l’adoration et la foi dans la constitution de la religion constituent en fait l’effort essentiel dans le développement d’une société et le rétablissement de la moralité, même si des mesures fondamentales en matière de règles juridiques doivent être prises.

Parce que, somme toute, la moralité, c’est l’acquisition pour l’homme de tout sentiment affectif conforme aux prescriptions divines. La moralité, c’est la conséquence de la foi de l’homme, de ses adorations, de son attachement aux principes divins, se répercutant sur son comportement et ses relations avec autrui.

« Amentu »1 ne fait pas partie du cadre de la moralité ; des actes d’adoration tels que la prière, le jeûne, le pèlerinage et le versement de la zakat (impôt purificateur) ne sont pas proprement dits des principes relevant de la moralité, mais il existe un rapport certain entre la totalité des principes moraux et le monde de la foi et de l’adoration. La moralité est issue de ce monde et s’y développe. La faiblesse que l’on peut observer dans ces principes laisse voir consécutivement de la faiblesse dans l’usage de la moralité.

Ainsi, la mission personnelle du Messager d’Allah (pbsl) définit, par son engagement extrême, la transmission de toutes les qualités morales suffisantes qualifiées de « parachèvement des vertus morales ».

« L’homme immoral » n’est pas seulement celui qui trahit les principes d’une société quelconque, mais c’est celui qui ne supporte pas les préoccupations relatives à sa foi et à sa soumission (à Allah) ainsi que les brûlures morales qui vont même jusqu’à se répercuter sur son comportement.

Le Coran dit : « Et ne foule pas la terre avec orgueil: tu ne sauras jamais fendre la terre et tu ne pourras jamais atteindre la hauteur des montagnes ! » (Coran, Al-Isra, 17/37)

Un livre tel que le Coran, qui informe des mesures divines en tout temps et à tous, est un appel à s’abstenir de tout comportement destructeur tel que l’orgueil volontiers méprisable ; « l’orgueil » dans toute sa profondeur est relatif à l’incapacité de l’homme à se définir, c’est-à-dire en quoi l’orgueil peut-il être profitable à celui qui se définit comme « serviteur » ou à celui dont l’existence dépend de la grâce d’Allah ?

Le Coran appelle l’homme à fuir la médisance et informe que ce défaut est comparable au fait de manger la chair de son frère mort. Cela signifie que la médisance, aux yeux du Créateur, est vue comme un danger certain. Le Coran condamne tout geste à dominante ironique accompli envers l’homme. Dommage pour tous ceux qui agissent ainsi.

Le Coran voit le rejet de l’orphelin comme étant le « renoncement à la religion ».

Le Coran, quand il s’agit du bien agir, préconise toujours d’offrir les choses auxquelles on est le plus attachées, celles qu’on aime le plus.

Ces mesures citées dans la Coran se sont enveloppées dans la vie du Messager d’Allah (pbsl) comme « la chair sur l’os » ; consubstantiellement à « la moralité du Coran » et dans les domaines les plus détaillés des divers comportements, elles mettent en évidence « la traçabilité de la moralité muhammadienne » et « le système moral en islam » qui datent depuis des siècles.

Le comportement général décrit dans la personnalité bénie du Messager d’Allah (pbsl), ajouté au climat d’amour profond qui régnait au sein de sa famille, se prolonge jusqu’à cette dimension d’amour qui assure d’un sourire toute personne opportune : ne pas chuchoter quand une tierce personne est présente, se soutenir mutuellement, être informé si son voisin a faim, font partie des actes relevant de la moralité. Ne pas séparer les hommes selon la couleur de leur peau, ne pas se trahir les uns les autres relèvent de la moralité. Développer son amour, briser ses aversions et les anéantir, conseiller le bien, s’abstenir du mal relèvent de la moralité. Parler vrai, s’éloigner du mensonge, ne pas détruire le commerce de l’autre relèvent de la moralité. Ne pas déranger l’autre même par le regard, tenir compte du droit d’autrui relèvent de la moralité.

L’islam élève les hommes grâce à la personnalité aimable et bénie du Messager d’Allah (pbsl), ladite personnalité qu’il est à même de transférer aux autres musulmans.

Et l’islam, de ce point de vue, tresse la coque d’une société morale.

Le fait que notre Prophète (pbsl) a instauré une nouvelle société en lieu et place de celle nommée « Jahiliya » (l’Âge de l’ignorance) est une vérité historique.

Nous savons que toute personne qui s’introduit dans le cercle de l’islam est tenue, de par sa conviction religieuse, d’être fidèle aux devoirs d’obéissance qui lui incombe dans toute sa personnalité jusqu’à la limite que donne en partage toute relation humaine et, enfin, d’expérimenter un processus de reviviscence.

Certes nous trouvons des différences dans presque tous les domaines humains entre la société ignorante et celle de l’islam.

L’homme, lorsqu’il embrasse l’islam, vit une véritable révolution.

Père, mère, frère, enfant, femme, homme, voisin, esclave, maître, pouvoir, argent, biens, propriété… bref toute chose qui est en relation avec l’homme est redéfinie selon l’islam, selon le Livre d’Allah qui constitue sa source et selon les traits de personnalité de Muhammad Mustafa, Son cher Envoyé (pbsl).

L’immoralité est un caractère inacceptable en islam. L’immoralité est à la fois l’expression d’un « téléchargement » des comportements inhumains en style de vie et une insensibilité absolue face à toute mesure relevant de la moralité ; ces deux cas de figure n’ayant pas leur place dans la vie du musulman. Allah et Son Messager (pbsl) invitent l’homme à embrasser les mesures « qui le rendra vivant ».

Si le Coran descendait en ce moment même, il nous demanderait de nous tenir éloigner de toute chose immorale. Si, de nos jours, le Messager d’Allah (pbsl) lançait un appel au monde et aux sociétés, il orienterait son message vers la reviviscence (de la moralité) à travers sa mission de « parfaire les vertus morales ».

L’immoralité ne consiste pas seulement au dérapage en matière de sexualité.

Oui, le désordre dans le domaine de la sexualité est devenu le domaine où se joue une profonde crise morale pour toute la descendance humaine.

Mais, malheureusement, de nos jours, force est de constater qu’avec la notion d’« éthique» que nous utilisons par analogie, nous définissons « la spécificité de la moralité » dans tous les domaines de la vie et « l’immoralité » est définie comme étant une dérive dans ces domaines.

La moralité dans le monde politique, économique, commerciale, scientifique, du travail… chaque domaine possède ses critères en matière de moralité.

D’une part l’humanité vit une certaine stérilité dans les différents domaines de la moralité dans la mesure où les vertus morales perdent peu à peu leurs caractères spécifiques, et d’autre part, tout en prenant conscience de ce que cela peut lui engendrer, elle demande la juste orientation vers un point où l’orgueil est surmonté.

Le côté fascinant du travail (à accomplir) relève du fait que pendant que l’érosion de la moralité se creuse globalement et de plus en plus dans les sociétés islamiques, lesdites sociétés subissent cette dégradation de la moralité en dépit de la voie qu’a tracée Muhammad (pbsl), l’Envoyé d’Allah, le parfait modèle en la matière.

À la cadence que cause cette déficience, l’homme ne peut être un acteur central pour sortir les sociétés islamiques de cette crise universelle de la moralité.

Pourtant, nous vivons au fil des années des commémorations durant lesquelles le Messager d’Allah (pbsl) est célébré de manière plus vive. « Viens ô Muhammad, c’est le printemps » disons-nous en lui rendant hommage et en espérant lui ressembler dans notre vie, dans notre monde et au sein de notre époque.

En réalité, ce climat de profonde sensation est censé nous transmettre la moralité du Messager d’Allah (pbsl) et, par extension, les traits éminents de sa personnalité ; cela étant nécessaire pour nous assurer une base prospère.

Car nous disons sans cesse qu’il faut se hâter d’acquérir une telle moralité.

Cela ne doit pas se faire avec une mentalité « d’agent de marketing », en tournant notre visage vers les autres et en disant : « Le Messager d’Allah vivait comme cela. » Non, nous devrions au contraire agir en nous tournant vers notre propre conscience et en affirmant : « Ton prophète, ton leader, le Messager d’Allah vivait comme cela, et toi, quand donc te modèleras-tu à lui ? »

Il nous est donc nécessaire de réduire la différence entre la cohésion morale acquise par la première génération de l’islam telle que le Messager d’Allah (pbsl) la mit en place après l’Âge de l’ignorance et la morale de notre société. Nous devons nous interroger sur la différence de moralité entre notre propre individu et celle de la société, pour parvenir à une communauté telle que l’aurait voulue le Prophète (pbsl) et plaidable devant Allah le Jour du Jugement.

Notons que la laideur d’un paysage souillé se néantise à côté de la couleur blanche du lait.

À l’image de la précieuse, pure et honorable personnalité du Messager d’Allah (pbsl) et de la génération en or qu’il forma, en qualité d’hommes et de sociétés issus de ses œuvres de beauté, s’attarder là avec des paroles formulées à l’égard de cette communauté musulmane décevra sans conteste le Messager d’Allah (pbsl). Lorsqu’au Jour Dernier sa communauté sera présentée devant le Seigneur, celle-ci sera la cause de son chagrin, voire de sa détresse. Ce sera pour lui la difficulté de présenter des sociétés dites islamiques dont le fond aura été garni de taches noires et des personnes dont les mains, les pieds, le visage et les yeux auront traduit cet état…

Par conséquent, il est indispensable de tenir les mains du Messager d’Allah (pbsl) avec des mains saines, de le regarder dans les yeux avec des yeux propres, de nous lier à lui avec un cœur pur, de marcher avec lui vers l’au-delà sur cette voie parfaite.

 

1 La foi est déclarée dans Amentu en six bases ou principes : Croire en Allah ; croire en Ses anges ; croire en Ses livres ; croire aux prophètes et messagers ; croire au Jour Dernier ; croire au destin, qu’il soit favorable ou défavorable.

 

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