Le centre de vie dans la société islamique
Mustafa Eren
A l’époque du prophète (pbsl) il était éminent de voir que toute sorte d’activités sociales se centraient dans les masdjid et qu’à ce titre les fonctions du masdjid étaient extrêmement étendues. Comme ces fonctions formaient un ensemble et étaient liées entre elles nous allons essayer de les analyser par catégorie.
- Les fonctions d’Etat
L’islam de nature forme un ensemble indivisible avec la religion et la gouvernance. Tous les deux domaines partagent la même personne (imam) et se joignent dans le même bâtiment (masdjid).
Selon cette logique de séparation des pouvoirs développée depuis quelques siècles, les fonctions de l’Etat , même si elles sont formées de législatif, d’exécutif et de judiciaire, au début ,dans l’Etat Islamique il était question de l’union des pouvoirs et en plus de ces trois il y avait également les fonctions de finance et de contrôle. En outre la survie de la religion, ainsi que l’appel aux non musulmans faisaient également partis des fonctions de l’état. Mais dans cette partie nous parlerons de ces trois fonctions et nous réserverons les autres dans la partie suivante.
- aa) Le pouvoirs législatif (Tachri)
Le coran, première source de l’islam, a été révélé de temps en temps dans la mosquée, et les versets y étaient également détaillés par le prophète. A ce sujet, l’événement sur le changement de la Qibla dans la mosquée, surtout son déclenchement en pleine prière, reste un exemple illustratif. Alors qu’ils étaient tous dans l’impasse, le verset révélé à ce moment –ci (Baqara II./144) constitua un guide et d’indicateur pour le prophète (psl) et son jamaat(sa communauté) qui immédiatement se sont tournés vers la Kaaba . Le messager d’Allah dans ses prêches mettait de l’ordre dans la vie sociale de sa communauté.
Ab) le pouvoir exécutif (exécution)
L’administration de l’état Islamique autour des principes de justesse, à savoir les négociations politiques et les débats de d’exercice se font en générale dans les masdjid. Celles-ci étaient des centres des activités politiques et religieuses.
Le bay’at qui est un processus d’élection et de serment d’allégeance propre à l’islam a connu son application dans la masdjid. Hz Abou bakr prononça la houtba et en conséquence des vœux de fidélité lui furent adressés, à ce titre il prit la tête de l’administration. Le Beya’t fut également réalisé de la même manière à l’époque de Hz Omar et Osman. Le Conseil de guerre siégeait dans la masdjid ; des décisions y étaient prises et publiées. Le fait que les masdjid soient le centre de culte et de l’administration des affaires publiques a entrainé les responsables musulmans à faire construire immédiatement des masdjid dans les endroits qu’ils conquéraient. Pendant le règne des Omeyyades les débats et les décisions sur les importants sujets se faisaient dans les masdjids.
Ac) le pouvoir judiciaire
(Sad XXXVIII/26) ce verset révélé alors qu’il était toujours à la Mecque, avait formé le noyau de l’organisation judiciaire de l’islam. Mais l’arrangement légal et étatique du mécanisme judiciaire des désaccords était possible qu’avec l’autorité d’un état puissant et alors que à la Mecque l’islam n’avait pas encore connu une dimension étatique structuré. Le Prophète formait les cadres et les personnelles. L’hégire a été à l’origine de l’instauration de l’état islamique avec toute son organisation administrative.
Notre prophète (psl) réglait au masdjid la majorité des procès qui lui parviennent. Kasani Mergina Tarablusi et Ibn Maj Houlefa Rachid tâchaient de noter les procès ayant déroulés au sein de la masdjid et tenu en leur présence.
- B) les adorations
Les masdjid présentent également d’importantes fonctions du point de vue de la nature d’endroit de pratique cultuelle qu’elles portent. Le mot « masjid » dans le dictionnaire exprime le nom de place ou est « effectué le soudjoud ». Le mot dans le coran a été utilisé pour exprimer particulièrement le masdjid Harem (el-Masjid Haram[1]).
Dans le récit d’Ashab-i Kahf est dit masjid un mausolée sacrée.
Masdjid dans le sens étymologique est un temple de tout le monde, musulman ou non musulman; traditionnellement c’est le nom donné au temple des musulmans. Le regroupement des grandes masses humaines (vendredi et jours de fête) est dit « jami » ,et « mousalla » pour les places ouvertes.
Durant les dix derniers jours de Ramadan le Messager d’Allah faisant l’itiqaf au masdjid (retrait spirituel). C’est une pratique religieuse dont sa pratique à la mosquée est conseillée pour les hommes. Vu que le prophète n’a jamais fait cette pratique dans aucun endroit en dehors de la mosquée, cela est bien entendu un signe attestant que l’itiqaf comme pratique religieuse n’est pas à réaliser à la maison.
Les lectures de coran et les invocations (dhikr) réalisées dans les masdjid sont des plus belles adorations.
- c) les aides sociales
Le soutien mutuel et la solidarité des fidèles se passent dans la masdjid ; une partie des zakat et des sadakaq y sont stockés spécialement dans des coffres appelées « Beytulmal »
Par la suite, des magasins furent établis autour des jamis ; et ceux-ci sont attribués gratuitement aux pauvres ouvriers afin qu’ils ajustent leur situation économique en s’occupant des arts.
Aux alentours d’une masdjid qu’avait fait construire Ibn Tolun au Cair (Egypte) additionnellement il y avait d’hôpital de pharmacie. Le toubib y consultait les malades les jours de vendredi. De même, aux alentours d’une masdjid construite par les dirigeants de l’Etat Turc on pouvait également voir de cure thermale, d’asile d’aliénés et de soupe populaire. En outre des aides de vivres y étaient également faites.
- d) fonction de Guide religieux et éducationnels
La propagation des infos de l’actualité faisait parti des fonctions de masdjid. Une fois, le messager d’Allah a récité le houtba du matin jusqu’au soir et à cette occasion a donné l’information de tout ce qui se passera jusqu’au jour de l’apocalypse.
- e) le mariage
Le prophète (pls) a contracté le mariage de sa fille Fatima avec Hz Ali à la masdjid, et à cet effet invita le peuple par l’intermédiaire de Bilal ; il a fait la lecture de la houtba en étant tout debout quant la masdjid de son extérieur à son intérieur débordait des compagnons. De même, il abrogeait également le mariage à titre exceptionnel au masdjid par voie de « Lian »
- f) La fête
Les célébrations de fêtes se faisaient également au masdjid.
- g) la prison
A l’époque de notre prophète et des quatre califats, il n’ya pas eu de maisons de prisons spéciales et à ce tire la masdjid était également utilisée à cette fin. En effet le prophète avait attaché au mur Sumame b. Usal un coupable de crime, et avait également gardé à vu Sufine bt Hatem ,membre de la tribut Tay dans la madjid dans une chambre propre aux femme .
- h) lieu d’accueil des visiteurs
Quant une femme devint musulmane, elle était hébergée dans un pavillon à l’intérieur de la masdjid et c’est ainsi que ça se passait également avec la communauté Ukl lorsqu’elle devenait musulmane pour la première fois. Au sein de la masdjid étaient organisés des festins ; des poèmes étaient récités dans le cadre islamique ainsi que des activités de causeries laïques et des compétitions littéraires.
Aussi, que ce soit ceux ne disposant pas d’endroit à abriter ou ceux qui en ont, il était permis à tout le monde de siester dans la masdjid. Et d’ailleurs, il ne se posait aucun problème que les sans abris restent dans la plus part des temps au masdjid.
- Les travaux éducationnels :
A coté de la masdjid il y avait de souffa à état traditionnel ou les élèves célibataires y apprenaient le coran, à lire et à écrire et aussi des enseignements de la tradition du prophète ; voire que cela avait pris une potentielle universitaire.
Le souffa est un endroit sous forme de terrasse et de muraille dont le haut est couvert et les cotés ouverts. Ce fut un coin de regroupement de plusieurs mouvements de migration faite des divers coins de l’Arabie à la Médine pour des raisons religieuses ; en un mot c’était un coin des refugiés. Ces derniers y abritaient, et ils s’occupaient avec l’éducation coranique et des adorations pendant les nuits et suivaient le prophète comme une ombre pendant la journée, et c’est ainsi qu’ils menaient leur vie. Pour éviter d’être tombé dans des états de parasitisme, ils travaillaient à disposer le minimum de besoins qui garantira leur vie. Les combattants de la foi qui attendent de l’ordre pour ces guerres collectives dont l’inspiration et le savoir proviennent du prophète, furent des enseignants formés pour envoyer à enseigner l’islam.
Pendant que les Muhajir(immigrés) s’occupaient du commerce et les Ensar de l’agriculture, les riches également venaient en aide au ashab-i Souffa qui seulement ne s’intéressaient qu’au savoir et aux adorations, le prophète faisaient personnellement préparer leur repas. Des noms tels que Ebu Hureyre, İbn Mes’ud, ibn Omer, Bilal, Hanzele, Ebu Zeri, Suheyb, Selman, Sa’d b. Ebi Vakkas sont des noms connus de la communauté souffa. Ces élus souvent sont au nombre de quatre cent, et ceux qui se mariaient hors de la communauté (souffa) restaient obligatoirement hors cadre.
En effet, le verset (Bakara II/273) qui explique les devoirs et les modes de vie des anges déclare que ces derniers ne désirent pas le bonheur chez qui que ce soit en cas de besoins.
Encore dans le même sens, il est sans inconvénient de concevoir que dans les masdjid construites à Médine par la suite et dont le nombre était 10 au temps du prophète, des enseignements ont été faits.
Par la suite, en plus de contours de Basra, Kufe et de Damas, lors de la fondation de la ville de Médine Achab Souffa a joué un rôle très important.
Depuis l’avènement de l’islam le modèle Temple –école a continué en général jusqu’à la période des Omeyyades et des Abbassides, et bien que les établissements d’enseignement fussent dans de bâtiments différents cela s’est également poursuit jusqu’aux siècles suivants.
Dans les masdjid ou les activités éducationnelles sont intensives il était régulier de constaté une présence de bibliothèques mais en aucun cas cela était conçu comme une pratique obligatoirement requise.
La masdjid qui répond tous les besoins de la vie au moyen de toutes les unités et de tous les centres de service était presque comme une cité d’annexe (koulliyya). Seul le chef de l’état ou les gouverneurs avaient droit de présider cette cité. La personne à la tête était désignée par le chef de l’Etat selon son niveau spirituel.
Le prophète n’a pas eu à construire des bâtiments séparés pour la réalisation de toutes ses activités, il avait tous centralisé dans la masdjid. De là, on aperçoit qu’il a voulu expliquer à sa communauté que la religion et les mondes forment un ensemble inséparable.
Des changements et évolutions dans les fonctions
- Dans le domaine administratif et judiciaire
Hz. Omar avait fait construire un bâtiment de nom de « Rahabe » ou « Batiha » juste à coté de la masdjid. Les historiens parlent régulièrement du palais de justice (Darul-kaza) fait à l’époque de Hz. Osman. Le calife Omeyyade, afin de contrôler les procès à Muawiya, a fait construire un bâtiment. Comme c’est le système de l’union des pouvoirs qui dominait dans l’état à cette époque, la gestion des travaux administratifs au sein de ces bâtiments était également inévitable.
Pendant que la majorité des Hanafites et des malikites disent qu’il n’ya aucun inconvénient dans l’emploi de masdjid comme salon de tribunal, les chafistes eux partagent le point de vue que les femmes en état de menstruation et les idolâtres ne peuvent pas rentrer à l’intérieur de la masdjid ; donc il est anormal d’en utiliser comme de salle de tribunal.
C’est d’ailleurs pour cette raison que Omar b. Abdulaziz avait interdit de faire des masdjid des endroits de jugement.
- Dans l’exécution des peines :
Le prophète (psl) avait emprisonné les prisonniers de guerres d’origine juives dans la maison de la fille de Harris et non pas dans la masdjid. Des lors Hz. Omar eut l’idée de d’acheter une maison à la Mecque qui sera utilisée comme prison. En effet, le calife Hz. Ali fut celui qui fit construire le premier bâtiment de prison. Il fit bâtir le bâtiment de nom Nafi et comme cela n’a pas été solide et ne répondait pas au besoin il fit bâtir par la suite un bâtiment raffiné appelé « Mahis »
- Dans le domaine de l’éducation
Déjà à l’époque du prophète la souffa commença à devenir insuffisant pour l’éducation. Afin d’éviter la promiscuité que cela pouvait occasionner le prophète fonda dans les divers quartiers de Médine de très nombre de medersa répondant le tire d’école préparatoire. De même il venait une fois par semaine à la masdjid Kuba et surveillait l’enseignement.
Depuis l’avènement de l’islam le nombre de taleb (élève) se multiplia, les communautés qu’il forma également empêchèrent les pratiques collectives des adorations dans les masdjid. A cet effet, certains masdjid furent transformées en de medersa et souvent également des bâtiments de medersa furent construits à part.
Le centre al-Ezhar fondé au temps des fatimiyya, sauf les prières de vendredi était totalement utilisé pour les travaux éducationnels. De plus, la suivie des leçons dans les medersas était plus pratique que dans les masdjid. Quant Nurreddin avait conquis le Halep, il transforma la masdjid al-Sarrajin en medersa et y ajouta des logements supplémentaires.
Il est rapporté que la première medersa dans les villes respectives de Bagdad, Nisapour, Belh, Mossoul, Herat, Merv furent fondées par Nizamul-Mulk et de ce fait portaient le nom des Medersa de Nizamiye.
Depuis la période de bonheur les masdjid se sont développées en proportion inverse avec ses fonctions matérielles et cela a fait que de nos jours elles sont en état ou elles ne peuvent plus assurer l’unité qui puisse poursuivre son fonction traditionnelle. Le regroupement en jamaat se fait désormais dans des quartiers divers en dehors de masdjid.
[1] (II/139,144,145,187,192,214,V/3, VIII/34,IX/7,19,28,XVII/1,XVII/25,27)