Les éléments nuisibles pour la vie communautaire

Mar 13, 2019 par

Prof. Dr. Ismail Lütfi Çakan

LA DÉPENDANCE À L’ALCOOL ET AUX STUPÉFIANTS

Une citation de Mehmet Âkif Ersoy enseigne : Le rôle du musulman, c’est d’interdire à son frère en Islam de commettre les actes blâmables.

Au nombre des séries de thèmes portant sur « les éléments nuisibles pour la vie communautaire » que nous traitons depuis des mois, poursuivons cette fois-ci avec celui de la « dépendance à l’alcool et aux stupéfiants ». À l’exception des ignorants ou des gens malintentionnés, personne ne peut contester leurs effets néfastes.

J’ai été touché, et je suis d’accord avec vous, quand vous dites qu’il faut une grande motivation pour traiter d’un thème dont tout le monde a déjà une large connaissance.

Je dois avouer que j’ai été moi-même dans une réticence prolongée mais la nécessité de traiter le sujet a largement envahi mon esprit d’où le choix de ce thème.

Avant toute chose, nous tenons à rappeler que l’alcool a été désigné par notre Seigneur l’Exalté comme étant « Une abomination, œuvre du diable » [1] et par notre Saint Prophète (pbsl) comme étant que « La mère de tous les vices. » [2].

Il suffit de jeter un regard pourvu lucide sur les lieux de dépravation, les publicités et industries commerciales aménagés dans le monde de l’alcool pour comprendre sans ambages ni détours que l’alcool représente vraiment le foyer et la mère de tous les actes de débauche auxquels le diable invite inlassablement les fils d’Adam (r.a).

Les constats actuels montrent l’étendue de la dangerosité et des dégâts de l’alcool et toutes sortes de substances enivrantes sur la morale et les relations humaines, compromettant ainsi la vie communautaire. D’autre part, l’historien Anglais A. Toynbee a déclaré que la civilisation islamique est supérieure à la civilisation occidentale au vu des trois aspects que sont la croyance en l’unicité de Dieu, la fraternité islamique qui transcende toute ethnicité et l’interdiction de l’alcool. De même, il a mis à nu son intention ardente de l’islamisation du monde occidentale.

Notre thème basé sur la vie communautaire doit sans nul doute son origine à ces constats d’A. Toynbee car la communauté du Prophète Mohammed (pbsl) est aujourd’hui victime d’ethnicité et nationalisme sur le plan social et victime aussi du fléau de l’alcool et stupéfiants sur le plan moral. [3]

Bien avant que les diffusions télévisuelles ne voient le jour, le ministre des douanes et régies fit cette déclaration, que je n’ai jamais pu oublier, à la radio nationale : « le développement d’une nation se mesure à la quantité d’alcool qu’elle consomme » ainsi, cette déclaration officielle relevait-elle de notre profonde duperie.

Le défunt Mehmet Âkif fait une très bonne approche de la réalité en ces termes : « Si chaque individu avait un minimum de sensibilité pour sa nation, il n’y aurait eu aucun ivrogne dans la nation ! » [4]

Maintenant nous constatons que des hommes d’Etat, au lieu d’apprécier l’absence des boissons alcoolisées lors des assemblées et cérémonies de réception officielles, déplorent amèrement ce fait comme s’il s’agissait d’un meurtre et, se permettent de dire que l’absence d’alcool lors de telles cérémonies est une oppression et manque de respect aux invités, une conduite incompatible au régime de laïcité en vigueur.

Les incidents vécus lors de la réception officielle de la Grande Assemblée Nationale de la Turquie du 1er Octobre 2016 corroborent les affirmations susdites.[5]

Nous signalons d’ailleurs que l’âge d’utilisation de la cigarette, alcool et stupéfiants a chuté jusqu’à l’école primaire et le taux d’utilisation à cet âge est en permanente croissance ; c’est une triste réalité sociale face à laquelle nous sommes malheureusement résignés.

À ce niveau de notre rédaction, évoquons les versets coraniques concernant l’interdiction formelle de l’alcool :

« Ô les croyants ! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’une abomination, œuvre du diable. Ecartez-vous en, afin que vous réussissiez.

Le diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’inimité et la haine, et vous détourner d’invoquer Allah et de la Salat. Allez-vous donc y mettre fin ?

Obéissez à Allah, obéissez au Messager, et prenez garde ! Si ensuite vous vous détournez… alors sachez qu’il n’incombe à Notre Messager que de transmettre le message clairement. » [6]

Les messages que nous retenons de ces versets susmentionnés sont les suivants :

Avec une approche graduelle et méthodique, le Coran commence à éduquer la communauté en soulignant que «la consommation de l’alcool est une sordidité, œuvre du diable » bien plus « une infamie, canaillerie ».

Ensuite, cette fraction « le diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’inimité et la haine, et vous détourner d’invoquer Allah et de la Salat. » démontre le caractère compromettant de l’alcool sur le tissu social.

Par la suite, le Coran nous enseigne à quel point l’alcool est à même de détourner les croyants de leurs fonctions fondamentales qui sont la prière et l’évocation de leur Seigneur ; il nous met à nu les conséquences néfastes de l’alcool sur notre propre personne en particulier puis sur la communauté toute entière.

Il poursuit en s’adressant aux pieux qui prendront garde de ces avertissements en disant « Allez-vous donc y mettre fini ?».

Le musulman doit au préalable se prémunir de la dépendance de toutes sortes de substances enivrantes à même de le conduire à la débauche afin d’assurer la conservation de son identité, sa santé physique et spirituelle, son dynamisme social et son bonheur dans la vie présente et céleste.

Le plus grand effet néfaste de l’alcool et stupéfiants réside dans le fait que ces substances conduisent leurs consommateurs à une addiction suite à laquelle même des efforts et dépenses incommensurables peuvent s’avérer insuffisants pour y remédier.

Quoi qu’il en soit, nous devons nous conformer à ces préceptes sinon, pour ce qui est du reste, nous sommes responsables de nos agissements comme le signale ce verset : « Obéissez à Allah, obéissez au Messager, et prenez garde ! Si ensuite vous vous détournez… alors sachez qu’il n’incombe à Notre Messager que de transmettre le message clairement. »[7]

En ce qui concerne les hadiths se rapportant au thème, nous citons :

Aïcha c rapporte que le Prophète (pbsl) a dit : « Toute boisson enivrante est illicite« .[8]

Il s’agit ici d’une précision générale et absolue concernant toutes sortes de substances enivrantes sans exception.

Selon Djaber bin Abdullah (r.a) le Prophète (pbsl) a dit : « Tout ce qui peut intoxiquer en grande quantité est interdit en petite quantité ».[9]

Les hadiths suivants nous montrent le caractère dangereux de l’alcool sur l’individu et la société :

-« L’alcool est la mère de tous les vices. » [10]

-« Eloignez-vous de l’alcool car c’est la mère de tous les vices. » [11]

-« Ecartez-vous en de l’alcool car il ouvre la porte à tous les actes de débauche. » [12]

Bien que l’alcool soit commercé aujourd’hui sous plusieurs appellations telles la bière, sirop d’orgeat, gnaule, vodka, champagne et autres, cela ne remet point en cause son caractère illicite.

D’ailleurs, le Messager r a ainsi attiré l’attention de sa communauté sur le sujet : « L’alcool sera vendu sous plusieurs appellations afin d’inciter une partie de ma communauté à sa consommation. » [13]

Tel que signalé dans le hadith, toutes les substances, quelques soient leurs appellations, susceptibles de faire perdre à l’homme sa mémoire même pour un laps de temps négligeable sont interdites de consommation.

Il n’y a pas d’autre remède pour une vie sociale saine, paisible, agréable et active que de se conformer à l’interdiction formelle islamique de l’alcool et substances enivrantes. Que les dirigeants des nations islamiques soient sur leurs gardes.

[1]        Saint Coran sourate La table servie – Al Maïda (5) verset90.

[2]        İbn Hibban, Sahih XII, 170; Darakutni, Sunan IV, 247.

[3]        Pendant une assemblée sur “le dialogue entre les religions”, il a été tenté de démontrer avec des affabulations que l’unicité serait pareil à la trinité du point de vue dogmatique. Cela montre que les ennemis de l’Islam veulent compromettre la notion de l’unicité en Islam tel que cité par Toynbee.

[4]        Safahat. s. 323.

[5]        L’exemple ici choisi vaut pour la Turquie mais il est transposable dans bon nombre d’autre pays.

[6]        Saint Coran sourate La table servie – Al Maïda (5) versets 90 à 92.

[7]        Saint Coran sourate La Table Servie – Al Maïda (5) verset 92

[8]        Al Boukhârî Eshribe 4, Wudû 71; Müslim, Eshribe 67-68, (2001); Al Muwatta, Eshribe 9, (2, 845);

Abou Dâvûd Eshribe 5 (3682); At Tirmidhî Eshribe 2, 3 (1864,1867); An Nasaï Eshribe 23 8 (298).

[9]        Abou Dâvûd 3681, At Tirmidhi: 1927, İbni Majah: 3393.

[10]       İbn Hibban, Sahih, XII, 170; Darakutni, Sunan IV, 247.

[11]Nesai, Eshribe, 44 (Rapporté comme étant la parole du compagnon Ousman.).

[12]İbn Mace, fiten 23; Beyhaki, Şuabü’l-iman V, 10, 11; Hakim, Müstedrek, IV, 162.

[13]Ahmed b. Hanbel, Müsned IV, 237; Beyhaki, es-Sünenü’l-kübra, VIII, 512, 513.

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