Paroles sublimes – Sagesses des Amis de Dieu

Mar 13, 2019 par

 

Osman Nuri Topbaş

MawlânâRûmî– que Dieu sanctifie son secret – nous révèle ceci :

« La majorité des hommes redoutent la mort physique alors qu’en vérité l’on devrait plutôt craindre la mort spirituelle de son cœur. »

 

L’homme appréhende généralement les catastrophes naturelles qui provoquent la mort de nombreuses personnes telles les tremblements de terre, les tsunamis, les guerres, les famines, les incendies. Fondamentalement, nous devons craindre et fuir les péchés parce qu’ils constituent des agents corrosifs pour notre cœur et globalement pour notre vie spirituelle. Il serait par conséquent plus judicieux de ressentir de la crainte, et ce dès maintenant, à propos des supplices infernaux que ces péchés nous feront subir dans la tombe et sur la Balance au Jour dernier.

À la suite de chaque péché commis, une tache noire vient se placer sur le cœur. Et quand le cœur est intégralement couvert et noirci par les taches du péché, il est alors endommagé, il perd toute sensibilité et devient incapable de distinguer le bien du mal, le juste de l’injuste, la vérité du mensonge. Quiconque possède un tel cœur est capable de commettre les délits les plus perturbants sans éprouver la moindre angoisse dans sa conscience. Bien que vivant, il est néanmoins similaire à un cadavre car son cœur n’est plus sensible au péché. Mais le cas le plus tragique, c’est de posséder un cœur spirituellement mort et de ne pas être en mesure d’y remédier.

Wahb ibn Munabbih – que Dieu soit satisfait de lui – a dit :

« Que les hommes sont parfois bizarres ! Ils pleurent ceux qui sont morts et ne pleurent sur ceux qui sont vivants mais dont le cœur est mort. Et pourtant, le véritable malheur, c’est bien quand les cœurs sont morts. »

 

En effet, un cœur mort est semblable à un bateau sans gouvernail et sans destination fixe en plein milieu de l’océan. Un tel bateau ne manquera pas de chavirer en cas de catastrophe étant donné qu’il vogue vers une destination inconnue.

Ces paroles prononcées par ‘Umar ibn Abdulaziz – que Dieu soit satisfait de lui – définissent clairement cette réalité :

« Les actes illicites sont comme le feu. Seuls ceux qui ont le cœur mort accourent vers lui. S’ils avaient possédé un cœur vivant, ils auraient ressenti la douleur et se seraient éloignés de l’illicite. »

 

Quant à Abdullah ibn Mas’ûd – que Dieu soit satisfait de lui – il précise ainsi la différence entre un cœur mort et un cœur vivant :

« Certes le croyant voit ses péchés comme s’il était assis sous une montagne craignant qu’elle ne tombe sur lui et certes le pervers voit ses péchés comme une mouche qui passe vers son nez et alors il fait comme cela (faisant un geste de la main au-dessus de son nez)[1]. » (Al-Bukhârî, Da’wât, 4; Muslim, Tawba, 3).

 

Ceux qui disposent d’un cœur spirituellement malsain s’attristent profondément lorsqu’ils subissent des dommages dans leurs affaires mondaines et cherchent mille et une solutions pour ne plus jamais les endurer. En revanche, ils ne s’angoissent jamais à propos d’une situation à même de compromettre leur bonheur éternel. Par exemple, quand ils sont en proie à une maladie, ils recherchent immédiatement un médecin, des traitements, des médicaments, en bref toutes sortes de précautions. Qu’il est certes malheureux de voir ces derniers ne pas faire montre de la même sensibilité lorsqu’ils se retrouvent face à des situations qui endommagent leur âme et globalement leur vie spirituelle. Plongés dans l’ivresse de cette insouciance, ils ne pourront aucunement éviter la perte de leur âme. Cette perte se fera sentir dans tous leurs agissements. En guise d’illustration, ils consentiront à faire tous les efforts et sacrifices possibles pour obtenir des diplômes qui leur permettront d’assurer un avenir radieux à leurs enfants ; mais lorsqu’il est question de la réussite spirituelle et du bonheur éternel de leurs enfants, ils tergiversent et ne manifestent aucun zèle à cet égard. Et pourtant le bien le plus précieux dans cette vie, c’est bien celui de la “soumission totale et inconditionnée à Dieu le Loué” et de la “connaissance de l’Auguste Créateur”.

Un jour, un homme rendit visite à l’un des amis de Dieu, en l’occurrence Sâmi Efendi– que Dieu sanctifie son secret. Il était venu solliciter les bénédictions de l’homme pieux et lui faire connaître aussi ses neveux. Il fit son entrée, et en faisant un baisemain au saint, dit :

« Ô maître ! Mes neveux que voici ont effectué leurs études en Amérique et sont à présent ingénieurs. Nous sollicitons donc (pour cela) vos bénédictions. »

Sâmi Efendi fit un sourire significatif et répondit :

« Bien que pauvre, je suis diplômé de Dâru’l-Funûn[2]. Toutefois, la plus excellente connaissance, c’est la connaissance du Divin. »

 

Fadl ibn ‘Abbas – que Dieu soit satisfait de lui – avoue ceci :

 

« Sincèrement, je suis dépassé lorsque je considère les hommes. En fait, quand je perds un enfant, ceux-ci viennent par milliers me présenter leurs condoléances. Par contre, quand je ne parviens pas à accomplir en communauté une prière prescrite, personne ne vient me consoler ou me faire montre de sa consternation. Par Dieu ! Quand je n’assiste pas à une prière en communauté, cela est pour moi plus calamiteux que la perte d’un enfant pieux et savant ayant atteint l’âge adulte. »

Abû-l Hasan al-Kharaqânî – que Dieu soit satisfait de lui – désire quant à lui attirer l’attention sur notre état d’insouciance face à nos dommages spirituels :

« Admettons qu’un tison de feu jaillit du four et commence à brûler ton vêtement, tu vas te dépêcher pour l’éteindre (n’est-ce pas ?). Eh bien, comment peux-tu donc laisser un quelconque feu éteindre ta foi, (un feu) comme l’orgueil, l’hypocrisie ou la jalousie, et s’installer dans ton cœur ? »

En résumé, pour les rapprochés de Dieu, ce que l’être humain doit préalablement craindre, ce sont les dommages spirituels susceptibles de favoriser sa perte éternelle dans l’au-delà.

MawlânâRûmî atteste que :

« La mort physique constitue un présent pour les pieux. En réalité, quel dommage pourrait causer une paire de ciseaux à une pierre solide ? »

La mort est pour le serviteur pieux une apothéose, un moyen de rencontrer “l’Auguste Ami”. Cette expression, “chab-i-arûs”, qu’emploie Mawlânâ Rûmî signifie littéralement “nuit de noces”. Par conséquent, la mort est pour les amoureux du Divin la séparation de ce monde d’ici-bas (c.-à-d. un monde aventureux) au profit d’un retour agréable vers le Divin. Dans son fameux Mesnevi, Mawlânâ Rûmî détaille largement et à titre d’exemple la mort du valeureux compagnon Bilâl – que Dieu soit satisfait de lui – qui fut amoureux fou de Dieu et de Son Messager (pbsl). Alors que son épouse était en sanglots, Bilâl rendit son âme en toute quiétude avec l’engouement et la nostalgie de rencontrer son Créateur ainsi que le Prophète en personne (pbsl).

De même, notre mère ‘A’ishâ – que Dieu soit satisfait d’elle – relate ainsi l’émotion intense que vécut son père Abû Bakr lors de ses derniers instants :

« Je me rendis auprès de mon père alors qu’il vivait ses derniers instants. Celui-ci me demanda :

― Quel jour le Messager de Dieu est-il décédé ?

― Un lundi, répondis-je.

―Quel jour sommes-nous aujourd’hui ?

― Lundi

― Quel jour sommes-nous aujourd’hui ? demanda-t-il une nouvelle fois.

― Lundi, répondis-je.

―J’espère rendre l’âme entre cet instant ou pendant la nuit, dit-il alors.

Puis il ajouta ceci :

― Si je rends l’âme durant la soirée, ne retardez pas mon enterrement jusqu’au matin ! Car, pour moi, le meilleur des jours et des nuits est celui durant lequel on est plus proche du Messager de Dieu (pbsl)[3]. »

Pour ceux qui redoutent le jour où ils rencontreront l’ange Azrâil, la mort est un moment d’effroi inimaginable, alors que pour les serviteurs de Dieu à la foi inébranlable, dont le cœur est embelli par l’amour divin et la vie est emplie d’une soumission loyale, la mort est un instant agréable qui lui permettra d’aller à la rencontre de son Bien-Aimé. Le véritable amoureux est celui qui, nostalgique, éprouve le plaisir de rencontrer son Bien-Aimé. Quant à celui qui proclame hypocritement son amour à l’égard de son Créateur, il tentera en vain de s’enfuir aussi loin que possible. L’analogie avec le fils d’Israël que le Noble Coran décrit est tout à fait édifiante :

« Dis : « Ô vous qui pratiquez le judaïsme ! Si vous prétendez être les seuls alliés de Dieu à l’exclusion des autres hommes, souhaitez donc la mort, si vous êtes sincères ! Mais jamais ils ne la souhaiteront, à cause des injustices qu’ils ont commises. Dieu connaît bien les agresseurs[4]. »

 

Eu égard à cela, nous comprenons qu’il ne s’agit pas ici de croyants pieux mais de gens vicieux qui ont compromis leur bonheur éternel en gaspillant leur existence dans l’insouciance et le faux et qui, en outre, souffriront bel et bien les affres de la mort. Celle-ci sera légère pour tout croyant au cœur empli de la lumière de la foi. D’ailleurs, toute âme goûte à la mort après que la durée de vie parvient à son terme. Toutefois, même s’il arriverait que l’existence de toute personne au cœur mort soit prorogée, elle serait en vérité similaire à un cadavre enfoui. L’évènement suivant nous apporte quelques enseignements bénéfiques à ce sujet :

« Un jour, l’un des rapprochés de Dieu, Nadjmaddîn-i Kubrâ, participa avec ses disciples aux funérailles d’un serviteur pieux. Alors qu’il était en train de prononcer l’oraison funèbre, il esquissa un sourire. Ses disciples furent alors très surpris de le voir sourire à un tel moment et le questionnèrent ensuite à ce sujet. Au début, Najdmaddîn ne désira pas donner d’explication, mais devant l’insistance de ses disciples, il finit par affirmer :

« Le cœur de l’imam qui a délivré son sermon était insouciant alors que celui de la dépouille installée dans la tombe étaitméditatif. Je fus donc étonné qu’un homme au cœur inattentif pût délivrer un sermon face à une dépouille au cœur éveillé. »

En vérité, la mort d’un croyant pieux qui a éduqué son âme et purifié son cœur correspond à sa naissance dans le monde du séjour perpétuel. Le corps en vie de tout homme distrait et privé d’éducation spirituelle n’est d’aucun profit pour son âme alors que ce qui est bénéfique pour tout serviteur de Dieu, c’est l’âme purifiée. C’est pour ce motif que l’Imam Ghazalî a pu dire :

« Perfectionne tes qualités et embellis ton âme, car ce n’est pas ton physique mais plutôt ton âme qui fait de toi un homme. »

 

MawlânâRûmîaffirme quant à lui que :

« L’ami de la rose est celui qui la plante. »

En effet, de même que la rose accède en maturité et en beauté en tissant des liens d’amitié avec celui qui la plante, en passant des moments agréables avec ce dernier pour mériter son attention – c’est-à-dire en se soumettant à lui dans le but d’acquérir le mérite d’une belle apparence et d’une odeur suave – il en est de même pour l’être humain quand il se soumet à son Créateur, tolère et patiente face à toutes les épreuves qu’Il lui fait subir. Son âme alors se purifie et il finira par atteindre de hauts degrés spirituels. C’est pour cette raison que les serviteurs les plus proches et les plus aimés de Dieux sont ceux qui subissent les plus dures épreuves et qui se résignent face à cela.

Belle est l’interprétation qu’en donne Asa’d Erbilî :

« Dans le chemin de l’amour, on ne craint pas les épines du rosier. Je cueille sur chaque épine des centaines de bourgeons ! «

« Je prends plaisir à gambader dans le jardin de l’ascétisme. Si je me confectionne un oreiller d’épines, je vois en songe la rose ! »

Quant à Mawlânâ Rûmî :

« Le sot est celui qui, bien qu’apprenant et assistant à la mort des autres, ne médite pas sur sa propre mort. »

Quand l’âme est souillée, elle se révolte contre la fugacité de ce monde. Et c’est pour cette raison que tout homme prisonnier de son âme aspire à l’immortalité. Il désire demeurer dans la vie d’ici-bas de façon permanente. Il abhorre méditer sur la mort et s’angoisse face à toute chose évoquant l’au-delà. C’est ainsi qu’il s’avise à fuir la mort et le Jour dernier. Il pense qu’en agissant de la sorte, il pourra mener une existence mondaine qui ne débouchera jamais sur la vie céleste. Pour ce drôle d’insouciant, la mort ne concerne que les autres. Même si tout au long de son existence il assiste à non nombre de funérailles, il ne s’imagine pas un seul instant dans la tombe. Face à la mort, il s’invente toujours un faux prétexte pour ne pas se sentir concerné. En fait, il ne comprend pas la sagesse qui se cache derrière la mort et n’en tire point de leçons. Ceci est un signe qui montre qu’un tel homme porte un cœur mort, bien qu’il soit lui-même vivant.

À l’époque de l’ignorance (jahiliya), les idolâtres vinrent un jour auprès du Messager de Dieu (pbsl) et lui dirent qu’ils l’acceptaient comme Prophète de Dieu et qu’ils étaient prêts à le suivre. En contrepartie, il devra renoncer à ses messages portant sur le rappel de la vie outre-tombe, bannir toute notion d’illicite et laisser cours à l’adoration des idoles.

Leur posture évoque de nos jours ceux qui s’angoissent à l’’idée d’une vie future après la mort et qui souhaitent une mener une existence démesurée et non-fondée sur un quelconque principe divin. Par exemple, lorsqu’on bâtit une mosquée dans un quartier habité par des personnes qui se tiennent loin du rappel divin, le coût des maisons jouxtant la mosquée chute. La raison en est que les prières mortuaires effectuées dans cette mosquée rappellent aux insouciants la réalité de la mort et que ces derniers ne peuvent mener aisément leur existence dépourvue de toute pensée tournée vers les comptes à rendre au Jour ultime.

Un autre exemple vint corroborer ce propos :

Lorsque le verset coranique « Toute âme goûtera la mort…[5] » fut inscrit sur la porte de ZincirlikuyuKabristani[6], quelques personnes se plaignirent : “Cette inscription nous éprouve et nous déprime, dirent-ils, veuillez l’enlever !”

Aujourd’hui, toutes les éditions et publicités de mode réalisées par les systèmes matérialistes, libéraux et capitalistes nous imposent un monde et un mode de vie niant l’au-delà. Si l’homme se laisse emporter par cette réalité fallacieuse tandis qu’à chaque seconde il se rapproche de la mort, il ne pourra assister qu’à sa ruine éternelle au Jour dernier. Le fait est que penser être libre tout en niant l’existence du monde futur, c’est faire preuve de grande stupidité. D’ailleurs, nous n’avons jamais appris qu’un homme avait pu échapper à la mort et empêcher ainsi son retour vers son Créateur. Au contraire, le Jour du jugement se présentera pour chaque créature, tel qu’il est stipulé dans le verset coranique suivant :

« L’homme, ce jour-là, dira : “Où fuir?”[7] »

 

Et dans un autre verset, il est mentionné qu’en ce Jour l’homme n’aura d’autre refuge que son Créateur :

« Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour vous de Sa part, un avertisseur explicite[8]. »

 

 

MawlânâRûmî nous enseigne ceci :

« Si tu possèdes des yeux qui reconnaissent leur Seigneur, tu te verras dans la pleine présence de ton Seigneur dans les deux mondes. »

« Dieu est permanemment avec nous ; et pourtant, nous Lui posons la question : “Ou es-Tu Seigneur ?” Bien que nous soyons sur la terre de Dieu, nous posons continuellement cette question comme si nous avions perdu la tête : “Où est Dieu ?” »

Pour les cœurs spirituellement vifs et contemplatifs, toute chose rappelle Dieu l’Exalté. Et aux yeux des pieux serviteurs, toute créature est un indice de la Puissance divine. L’ordre divin qui meut harmonieusement toute chose dans l’univers constitue une preuve patente de la Force infinie de Dieu, démontre que la création du monde n’est pas le fruit du hasard et que rien n’a été créé en vain. Le fascinant ornement de l’univers, les plantes, les animaux, les êtres humains, les diverses espèces depuis les cellules jusqu’aux électrons (protons et neutrons) contenus dans les atomes, représentent tous les accessoires d’une vitrine qui reflète la Beauté sublime et la Grandeur incommensurable de Dieu.

De ce fait, selon les véritables croyants connaisseurs du Divin, il est franchement impossible de nier l’Existence et l’Unicité de Dieu. C’est pour cela qu’il a été dit : « Dieu l’Exalté est tellement Apparent (en tout temps et en tout lieu à travers Ses signes) qu’Il demeure invisible à cause de l’intensité de Son Apparence. »

Selon les Connaissants en Dieu, notre nature humaine n’ayant pas été conçue pour percevoir l’intensité de l’Apparence divine, nous sommes donc incapables de voir Dieu. Par exemple, si quelqu’un se trouve à l’intérieur d’une maison dans laquelle on allume une ampoule de cinq mille volts, ses yeux seraient incapables de voir à cause de cette intensité électrique. Par conséquent, nul ne peut voir un Être dont la Lumière reflète une infinie intensité.

En observant de jour un paysage au printemps, on remarque la verdure et les différentes couleurs de ce paysage ; toutefois, on ne pourrait percevoir la lumière qui assure l’observation de ces diverses couleurs. Et pourtant celles-ci peuvent être vues grâce à l’impact de la lumière. En fait, c’est parce que cette lumière se manifeste de façon très intense qu’elle ne peut être perçue par l’individu. Une nouvelle fois à titre d’exemple, prenons le cas de l’air. Comme nous le savons, personne ne peut vivre sans air ; en revanche, nul ne peut voir l’air qui souffle autour de lui. Nous le ressentons seulement lorsque nous le respirons. Et bien que nous ne voyons pas l’air, nous admettons tous ceci : « On ne saurait vivre sans air ! » L’existence de toute créature n’est rendue possible que par son apport.

Ceci dit, Dieu étant l’Être au-delà de toute vision et perception, Il demeure Le Plus Apparent et Le Plus Caché. Pour être plus précis, Il est Invisible de par Son Essence et Apparent de par Ses signes. C’est dans la sagesse de nous éprouver que Dieu l’Exalté a établi un voile entre Lui et nous Ses serviteurs. N’eût été cette invisibilité, la foi en Dieu aurait été une contrainte et perdrait ainsi sa véritable valeur parce que le principe fondamental de la foi, c’est la croyance en l’invisible. Ce voile sera levé au Jour dernier et nul ne sera en mesure de nier l’Existence divine. Toutefois, cette attestation de l’Existence de Dieu ne sera en ce Jour d’aucun profit.

Le Saint Coran vante ainsi les croyants :

« … Ceux qui croient à l’invisible…[9] »

 

En vérité, face à toutes ces réalités évoquées, les doués de sagesse ne manqueront pas d’admettre que chaque créature représente un indice de la Puissance et de la Grandeur infinies de Dieu. Par contre, concernant les insouciants au cœur aveuglé, l’univers et ses composantes, la nature et ses phénomènes ne sont que le fruit du hasard ? Comme dit le poète : « Il y a des poissons dans l’océan mais ceux-ci ignorent que l’océan existe… » Ceci pour enseigner qu’il y a des hommes qui jouissent des bienfaits de la nature et ignorent qu’il existe un Créateur à cela. Adhérant aux réalités mensongères que Satan et leur âme leur murmurent à l’oreille, ces derniers sont esclaves de leurs propres instincts. Leur stupidité est si énorme qu’ils considèrent leur misère comme du bonheur. Selon NecipFâzıl, ils tentent de s’envoler sans avoir à l’esprit le ciel. Bien qu’ils jouissent des grâces et bienfaits incommensurables de leur Seigneur, ils mènent une vie d’insouciance et nient Son autorité suprême et absolue. Bien que créé dans la forme la plus parfaite, lorsque l’être humain observe l’univers sans science et contemplation tels des poissons qui nagent sans réaliser l’existence de l’océan, il devient la pire des créatures : et quel égarement effroyable !

 

Junayd al-Baghdadî nous enseigne ceci :

« Mieux vaut pour certains ne pas voir que voir, car ils ne tirent aucune leçon de ce qu’ils voient. »

Ceux qui ne méditent pas sur les beautés et autres signes patents répandus dans l’univers et qui n’attribuent pas à l’Artiste son Art ont les yeux du cœur atteints de cécité. C’est ce que nous confirme le Sublime Coran :

« Que ne parcourent-ils la Terre pour acquérir des cœurs aptes à comprendre et des oreilles aptes à entendre ? En vérité, ce ne sont pas les yeux qui se trouvent atteints de cécité, mais ce sont les cœurs qui battent dans les poitrines qui s’aveuglent[10]. »

Ce qui fait mérite à l’homme son titre honorifique de “meilleure des créatures”, c’est sa sagesse inhérente qui lui permet de contempler les cieux et la terre et d’en tirer les leçons conséquentes. C’est aussi son aptitude à accéder à la connaissance divine par le biais de la profonde méditation sur les merveilles de l’Art divin exposées dans le Coran, l’univers et sa propre personne.

Fasse Dieu que nous soyons du nombre de Ses pieux serviteurs qui observons avec l’œil du cœur les diverses sagesses et autres secrets divins épandus dans l’univers. Amin !

[1] Al-Bukhârî, Da’wwât, 4; Muslim,Tawba 3.

[2] Mot équivalent au français « Polytechnique ».

[3] Ahmed, I, 8.

[4] Sourate Al-Jumu’a, 62 : 6-7.

[5]Sourate Al-Ankabût, 29 : 57.

[6]Nom d’une localité dans la ville d’Istanbul, Turquie.

[7]Sourate al-Qiyâma, 75 : 10.

[8] Sourate Adh-Dhâriyât, 51 : 50.

[9]Sourate Al-Baqara, 2 : 3.

[10] Sourate Al-Hajj, 22 : 46.

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