Le désir de s’orienter vers Allah

Mar 15, 2019 par

Ahmet Taşgetiren

La dou’a est un appel.

C’est s’orienter vers Allah et L’implorer.

C’est l’imploration de toute chose.

C’est L’implorer tout en reconnaissant que toute chose vient de Lui.

C’est L’implorer tout en reconnaissant que la création de toute chose visible dans le monde est sortie du néant, et la vie qui y est manifeste à chaque instant reste à jamais les signes de Son pouvoir.

C’est implorer avec conviction que la moindre petite chose ne peut être réalisée sans Sa puissance.

Pour cette raison, c’est prendre conscience même de l’existence des toutes petites choses dans la vie de l’homme.

Prendre conscience de l’œil par exemple…

De sa formation… de la rétine, de la couche de réseau, de la lentille, des paupières, des larmes, du canal très mince situé entre le nez et les yeux, des cils et des sourcils, et le fait de prier pour le bon « fonctionnement » de chacun d’eux…

Si une telle différence était nécessaire : si tout cela n’avait pas été accordé à l’homme dans son ensemble, mais en contrepartie d’une demande…

De plus, de même que la vue ou la capacité de voir nécessite une science spécifique, ceci reste également une grâce à solliciter auprès du Tout-Puissant, le Créateur de l’œil chez l’homme…

Comment cela aurait-il donc été ?

Comment serait le fait de voir par après ?

Les couleurs, les lignes qui permettent le discernement des choses les unes à la suite des autres… les formes propres à chaque objet…

Autrement dit, le fait que le Créateur nous ait offert tout cela sans que nous ne Lui demandions nous abstient-il de nous tourner vers Lui ?

Observez la main, le pied…

Observez les doigts…

Leurs différentes structures…

Observez leur position dans le corps de l’homme…

Afin de pouvoir faire monter un seul escalier au robot Asimo[1], les scientifiques étaient obligés de travailler durant des années et de dépenser des milliards de dollars. Même dans les résultats recueillis, il n’était toujours pas question de faire disparaître cette image mécanique pourtant timide.

« L’homme – pour pouvoir solliciter les articulations qui relient ses doigts entre eux – dans quelle attitude de prière devrait-il se trouver ? » Nous est-il arrivé ne serait-ce qu’une seule fois, de nous poser réellement cette question ?

Que serait le fait d’entendre par après ?

Que doit-on dire de la forme de l’agencement qui assure le bon fonctionnement auditif de l’oreille ?

Si l’obtention de l’ouïe nécessitait l’accomplissement de dou’as, l’homme, que demanderait incessamment l’homme auprès du Créateur ?

Au cours du développement ultérieur des organes liés au toucher, à l’ouïe, au goût et à la vue, nous notons également celui du cerveau…

Cette matière à structure délicate finement tissée…

Le Créateur la chargea d’un miracle imperceptible pour la raison humaine…

Proportionnellement attachée à la raison, celle-ci reste incapable de discerner les secrets du cerveau dans ses vraies significations.

La force illimitée du Créateur nous a gracieusement libérés… et nous l’utilisons abondamment. Parfois nous l’utilisons en nous révoltant contre le Divin Pourvoyeur. Souvent, nous l’utilisons pour retirer les individus du chemin de Son honneur. Si toutefois un fil se détache, ou un clic capillaire s’obstrue, nous oublions même jusqu’à notre propre nom. Les imaginations du passé disparaissent, nos mains, nos pieds, nos lèvres sont en état de dysfonctionnement, le système de fonctionnement se réduisant à presque rien…

Si l’obligation nous incombait de demander en toute conscience, qu’aurions-nous demandé au Seigneur pour notre cerveau ? Avons-nous déjà réfléchi à cela ?

Nous nous servons également de cela de manière libre.

Parfois l’homme dit :

« Ô Seigneur ! Occupe-toi de ma raison ! »

Oui, c’est effectivement Lui qui a ce pouvoir infini… C’est Lui qui donne la raison, notamment la raison vaillante, et nous permet d’être une créature « pensante ».

Après un repas, notre Prophète (pbsl) fit la dou’a suivante : « La louange est à Allah qui nous a donné à manger et à boire, qui a fait de nous des musulmans et qui nous a créé une voie de délivrance. »

 

De ce hadith, mettons de côté la réflexion sur la signification des termes « manger » et « boire ». Afin de comprendre la « voie de délivrance », il faut s’adresser à l’homme qui vit dans l’exigüité. L’émersion ou la non-émersion de ce que nous mangeons et de ce que nous buvons…

Est-ce que, pour une telle chose, la louange formulée à l’égard d’Allah par Son Messager peut être estimée comme une dou’a inutile ?

Lorsque nous nous rapportons aux phases du manger et du boire, chaque chose qui touche au comportement de l’homme en général est dominée par une propriété miraculeuse qui conduit au détachement.

La langue, le goût, sa conception physique, son emplacement à l’intérieur de la bouche, la structure de la bouche, les dents, l’agencement des dents, la mâchoire, le palais, les lèvres, les fosses nasales…

Qu’Allah nous en protège ! N’est-il pas ahurissant de penser qu’un simple petit élément peut retenir des aliments dans notre gorge ?

Ou bien si les boissons que nous avalons prenaient le risque de sortir des narines en passant à travers la gorge…

Et si ne pouvions bénéficier de tout ceci uniquement lorsque nous le demandions…

Dans ce cas, nos mains seraient-elles détournées d’une condition propice à la dou’a ?

Pratiquement tous les moments de la vie de notre Prophète (pbsl) en furent émaillés.

En rentrant chez lui et en ressortant, en se chaussant et en se déchaussant, en s’habillant et en se déshabillant, en se couchant et en se levant, en mangeant et en buvant, en étant avec sa famille, durant la naissance, la mort, le commerce, l’administration de l’État, en situation de guerre… du plus petit événement jusqu’au plus grand, et durant toutes les étapes de sa vie, sa langue, sa main, son cœur étaient sans cesse orientées vers Allah et L’implorait…

Tout ceci est un état de conscience.

C’est la conscience de l’impossibilité de vivre sans Allah.

C’est la conscience de Son pouvoir illimité.

C’est la conscience de toute existence, de l’atome au cosmos, de la molécule à la sphère ; c’est la conscience du fait que tout être n’existe que par la volonté d’Allah et qu’Il maintient toute existence.

C’est la conscience que nulle chose ne peut être inspirée sans Lui.

C’est la conscience de sa faiblesse en tant qu’homme.

C’est la conscience que la grandeur n’appartient qu’à Allah.

Cela montre qu’avec la dou’a l’homme peut être digne de vertu.

C’est l’annonce de son engagement à se soumettre à Allah et d’une audace pure et simple à l’admission de la grande épreuve.

C’est prendre conscience que notre marche ne pourra fendiller la terre et que notre tête ne pourra se hausser jusqu’au ciel.

C’est l’annonce du fait qu’associer un être ou une chose à Allah est une anomalie évidente.

L’homme au cœur de la dou’a est celui qui perçoit la véritable propriété de l’existence.

Le recours au Tout-Puissant à partir de cette perception développera les sentiments de renoncement, la dou’a jaillira, les sentiments de reconnaissance se manifesteront, la recherche du bonheur se développera et le cœur s’orientera.

L’homme éloigné de la dou’a est celui qui ne perçoit nul secret propre à une seule existence dans l’univers, y compris sa propre existence.

Dans cet état de déraison se développent également les sentiments d’ingratitude, de frustration, de dénégation, les maladies du cœur apparaîtront, la révolte surgira…

Une vie au cœur de la dou’a est une vie qui permet de garder éternellement toute relation avec Allah.

C’est une vie fondée sur l’extrême désir de s’attacher à Lui tout en connaissant le fardeau insupportable qu’occasionnerait pour la descendance humaine le simple fait de se détacher de Lui.

Un homme au cœur de la dou’a est celui qui demeure permanemment dans l’effort de garder ouverts ses canaux de communication avec Allah.

L’homme éloigné de la dou’a est celui dont tous les canaux susceptibles de le conduire aux sublimités restent fermés.

Supplier en Allah, ouvrir à tout moment notre cœur aux canaux d’obéissance, demeurer en état de supplication à tout moment, rester orienté à tout moment vers Sa miséricorde, c’est vivre sans cesse dans l’attente des bienveillances divines.

Veuille notre Seigneur emplir notre langue de dou’as et notre cœur de prières. Amin

[1] Il a fallu une dizaine d’années et des dizaines de millions d’euros de recherche à Honda pour parvenir à créer Asimo, un robot capable de marcher sur ses deux pieds. Les humanoïdes sont fort complexes à réaliser, et de ce fait, extrêmement coûteux. Il se trouve que le centre de gravité du corps humain est situé au niveau de la ceinture et que la surface de contact au sol (la voûte plantaire) est de taille réduite. (Source Futura-Techno)

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