Les Bénéfice du Pèlerinage
Le pèlerinage, un des cinq piliers de notre religion suprême, est une adoration vivante qui exprime la soumission exclusive à Allah Tout-Puissant, et qui nécessite des sacrifices tant financiers que physiques. C’est l’évènement social le plus vivant et le plus important au monde qui rassemble au même moment et au même endroit des millions de Musulmans de langues, de couleurs et de pays différents. Jusqu’à nos jours, aucune force politique et idéologique n’a été en mesure de produire un tel évènement qui perdure depuis des siècles et se renforce davantage. Ce magnifique acte d’adoration n’est qu’une manifestation de foi et de l’amour ardent envers Dieu L’Exalté. Le but principal des actes d’adoration, c’est d’obéir inconditionnellement aux ordres divins. Et beaucoup de sagesses et de bénédictions matérielles et spirituelles sont enfouies derrière le caractère obligatoire de ces actes d’adoration. Nous pouvons résumer certaines du pèlerinage comme suit :
Le pèlerinage n’est pas un voyage de courtoisie ; au contraire, c’est un voyage effectué physiquement et spirituellement vers une cité bénie et sûre où est né l’Islam, où se trouve la Kaaba, et où bon nombre de Prophètes, de compagnons et de grandes figures islamiques ont vécu et récité des prières. Le plus grand objectif d’un musulman est de pouvoir se rendre et visiter personnellement la Kaaba qui est un point vers lequel tous les croyants s’orientent au moins cinq fois par jour. Cette adoration, pleine d’émotions indescriptibles et de significations profondes, ne peut aucunement être comparée à une visite touristique ordinaire. D’ailleurs, si cela ne comportait aucun sens spirituel, personne ne prendrait la peine d’effectuer ce voyage pénible. Malgré la chaleur extrême, la promiscuité, les lourdes dépenses financières et des ennuis à supporter, seuls la foi et l’amour fervent d’Allah Tout-Puissant permettent d’effectuer ce voyage spirituel avec plaisir.
Le pèlerinage est un évènement de ressourcement et de satisfaction spirituelle : grâce à l’accomplissement digne du pèlerinage, le croyant accède à la maturité spirituelle, sa dévotion envers Dieu augmente de même que son affection et son enthousiasme religieux, ses sentiments se raffinent, son âme est purifiée, il retourne au bercail propre et immaculé tout comme un nouveau-né, et il continue sa vie avec le cœur constamment orné par les souvenirs d’adoration et de visites accomplies en Terre Sainte. En bref, tout comme indiqué dans le hadith chérif, le serviteur retourne du pèlerinage pur et sans péché : “tout comme au jour où sa mère l’a mis au monde”. En ce sens, le pèlerinage est synonyme de renaissance.
Le pèlerinage est un évènement culturel et éducatif qui élargit le tour d’horizon du Musulman. Ainsi, celui-ci comprend le monde qui l’entoure. Comme le dit le dicton « le voyage est la moitié de la science ». Le pèlerinage demeure donc le plus bénéfique des voyages car grâce au pèlerinage, les gens s’habituent à supporter les ennuis et épreuves, en passant par une éducation physique et spirituelle. Ils apprennent à se tenir prêts face aux situations extraordinaires. Une personne habituée au luxe et au confort abandonne immédiatement face aux difficultés et ne peut mener sa vie toute seule. Le pèlerinage, qui se fait sur différentes saisons, prépare les gens à des conditions différentes. Il en est de même pour l’acte d’adoration du jeûne.
Le pèlerinage est aussi un moyen de ressources commerciales : à l’occasion du pèlerinage, des échanges commerciaux à grande échelle se font entre les Musulmans, et les produits fabriqués par les pays musulmans y sont présentés. Durant la saison du pèlerinage, les produits des nations islamiques sont exposés et des foires sont organisées tout comme cela se faisait à La Mecque à l’époque de l’ignorance (bien que ce ne soit pas le cas aujourd’hui, le pèlerinage reste la meilleure opportunité pour divers échanges commerciaux. Et si cette opportunité n’est pas valorisée, c’est de la faute des musulmans). Bien que le pèlerinage ait pour objectif fondamental de mériter l’agrément divin, aucune loi religieuse interdit de profiter de cette aubaine pour faire des gains matériels si l’on ne se détourne pas de cet objectif. De plus, cela facilite l’enrichissement des pays musulmans et empêche le transfert du capital islamique aux étrangers.
Le pèlerinage est un acte d’adoration qui met à nu la fraternité islamique à l’échelle mondiale : le fait que des gens de races différentes venus de divers horizons se réunissent au même endroit, vêtus des mêmes tenues et animés par le même objectif dénote de l’amour, de l’unité et de la fraternité vivante. À l’occasion de la prière et surtout du pèlerinage, les hommes se retrouvent au même endroit et sous les mêmes conditions, munis du même accoutrement d’humilité, sans distinction de race, d’origine, de riche ou pauvre. Au pèlerinage se dessine un tableau similaire au grand rassemblement des créatures après leur résurrection. Lors de cet évènement, il n’est point question de la supériorité d’une nation par rapport à une autre, ni d’une quelconque créature par rapport à une autre.
Le pèlerinage est l’expression la plus vivante de l’unicité divine : le partage des mêmes sentiments, l’unité dans l’accomplissement du culte, l’appartenance à la même religion, la soumission à un Dieu unique, la circumambulation d’un point unique la Kaaba, la lecture du même Livre, l’obéissance au même Prophète r… Un chemin unique, une orientation unique, un but unique, une visée unique. Dans tout son ensemble, le pèlerinage marque “un spectacle d’unité, un spectacle d’union communautaire”. C’est une expression “d’union“ et non de “division”.
Le pèlerinage est une manifestation totale de paix et de sécurité : en effet, c’est un voyage qui est effectué vers une cité paisible et à une période paisible. Même à l’époque de l’ignorance, les mois d’accomplissement du pèlerinage étaient des mois de paix et de sécurité. La guerre était interdite pendant ces mois. Celui qui se réfugie dans la Kaaba, obtient l’immunité au point que même le noble compagnon Omar t a dit : « Même si le meurtrier de mon père se réfugiait dans la Kaaba, je ne le toucherais pas. » Cette sécurité ne se limite pas qu’aux personnes, elle s’étend aussi aux animaux et aux plantes. Dans cette citée bénie, la chasse, la menace des animaux et le coupage des plantes sont interdits. Ceci fait partie des interdictions de l’ihram[1].
Ce n’est pas une application théorique mais plutôt la pratique de la paix.
Le pèlerinage est le meilleur exemple au problème environnemental car dans un monde où les espèces animales et végétales sont incessamment détruites, il y a de grandes leçons écologistes à tirer dans le pèlerinage durant lequel il est interdit de chasser les animaux et de couper les plantes. Le compagnon Omar ibn Abdulaziz t a dit : “Il est pire pour une personne d’abattre un arbre en Terre Sainte que d’y transporter du vin”. L’expansion de cette méticulosité à l’échelle mondiale relève d’une grande importance pour l’environnement.
Le pèlerinage est le congrès annuel de tous les musulmans du monde : Ce congrès est organisé par Allah Tout-Puissant, et non par les rois ni les présidents. Par conséquent, chaque année, la participation est de plus en plus affluente et acharnée. Grâce au pèlerinage, les Musulmans trouvent l’opportunité de dialoguer dans le sens de la résolution de leurs problèmes politiques, militaires, économiques et culturels. À cette occasion, les scientifiques, intellectuels, politiciens et économistes se réunissent pour échanger des idées. Le Noble Prophète r avait annoncé et pris des décisions importantes concernant tout le monde à l’occasion du pèlerinage. À l’époque du khalifat, les problèmes et plaintes de la communauté avaient été prises en compte, et les solutions proposées pendant le déroulement du pèlerinage. Comme nous le savons, c’est le valeureux compagnon Oumar t qui le fut le pionnier à ce sujet.
Le pèlerinage est synonyme d’abondance et de profit du début à la fin. Lorsque Dieu L’Exalté demanda à Son intime Prophète Ibrahim u d’inviter les gens au pèlerinage, Il dit : “ Et fais aux gens une annonce pour le Hajj. Ils viendront vers toi, à pied, et aussi sur toute monture, venant de tout chemin éloigné, pour participer aux avantages qui leur ont été accordés et pour invoquer le nom d’Allah aux jours fixés, sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée, “Mangez-en vous-mêmes et faites-en manger le besogneux misérable. “[2]
Cela veut dire qu’effectuer le pèlerinage sans être conscient de ses bienfaits ne sera d’aucune utilité ni pour les personnes ni pour la communauté.
Alors est-ce qu’aujourd’hui on bénéficie vraiment des bienfaits matériels et spirituels du pèlerinage que nous essayons de détailler ?
Ou suffit-il seulement de nourrir l’intention pieuse d’accéder à ces objectifs nobles ?
Les Musulmans, bien qu’ils représentent une grande puissance sur le plan humain, économique, social et culturel, ne parviennent pas malheureusement à accéder à ces objectifs enfouis dans l’accomplissement digne du pèlerinage car, ils ne combinent pas leurs forces et n’agissent pas dans le cadre de programmes communs.
Plutôt que de renforcer leurs relations commerciales et culturelles entre eux, ils achètent et commercialisent les produits venant des pays étrangers notamment les calottes, les chapelets, les tapis de prière et autres.
Les Musulmans, qui se rassemblent autour de la Kaaba vers laquelle ils s’orientent au moins cinq fois par jour, ne parviennent pas à manifester la même unité partout dans le monde et à toutes les étapes de la vie. On peut aisément constater que même si les corps sont liés les uns aux autres, cela n’aura aucun sens aussi longtemps que les cœurs seront désunis.
Chaque pèlerin est un représentant de son pays et un ambassadeur chargé de transmettre les sentiments d’amour et salutations fraternelles de ses compatriotes aux pèlerins des autres pays. L’union des nations islamiques est rendue possible grâce à la rencontre et nouage des liens entre les peuples. Les relations étatiques ne peuvent être facilement établies si à la base il n’y a de contact, de connaissance et d’échanges amicaux entre les individus.
Nous conseillons aux candidats pèlerins d’accomplir leur pèlerinage conformément à ses objectifs nobles et de s’imprégner des significations profondes de chacune de ses étapes.
[1]. Ihram (إحرام) est un terme arabe lié au hajj : Durant toute la durée de son pèlerinage le pèlerin doit être en état d’ihram (Signification littérale : état de consécration rituelle ; sacralisation ; vêtement de pèlerinage) qui symbolise l’entrée dans l’univers sacré et pour cela, le pèlerin doit se soumettre à une purification physique complète (grandes ablutions) et à une certaine hygiène de vie.
[2]. Sourate al-Hajj (22), versets 27 et 28.