Vendre sa Religion, c’est se gaspiller
Le monde est un marché. Tout le monde ici met son âme en vente tous les jours et est prêt à se contenter d’un prix d’une manière ou d’une autre. Certains s’en sortent avec le prix qu’ils ont reçu, tandis que d’autres en viennent à gaspiller. Mais, fait intéressant, personne ne considère le prix comme étant bon marché. Tout le monde est d’accord sur le prix. La vérité est que tout le monde paiera le prix qu’il est prêt à payer. «Il me semble que je n’ai pas agi assez chèrement». Lorsque vous ferez ce constat, il sera vraisemblablement trop tard pour vous.
Notre Seigneur a déterminé quel devait être notre prix sur le marché de la Dounia (la vie ou le monde d’ici-bas. N.d.T.), mais c’est la personne qui détermine la valeur du croyant en fonction de la volonté divine. Le croyant dépense ce qu’Allah lui a donné dans les domaines qu’Allah veut. Son alliance avec Allah l’exige.
Ceux qui vendent leurs alliances avec Allah à bas prix comme les avantages, le rang et le statut, même si le prix est certain, abaissent la valeur de leur âme aux valeurs du monde.
Personne ne connaît la valeur de celui qui ne connaît pas sa propre valeur. La plus grande punition qui puisse être donnée à une personne dans ce monde est de consentir et de se satisfaire de cette inutilité.
En effet, Allah ne pardonne pas et puni même ceux qui s’oublient eux-mêmes et leur alliance, oubliant ainsi leur propre âme. Chacun a son libre choix. Ici, chacun aura ce qu’il veut, et celui qui voudra pourra se vendre ou vendre ce qu’il veut à qui il veut.
Notre prix a été déterminé sous forme d’un passage raide et étroit (Aqaba) entre notre vie et nos biens contre le Paradis. En dehors de cela, tout prix convenu est du ressort de cette Dounia.
Dans ce monde, toutes les valeurs peuvent être estimées et sont limitées. C’est donc une perte et un gaspillage. Ceux qui se contentent de valeurs éphémères se sont gaspillés. Celui qui se gaspille a vendu son alliance avec Allah. Celui qui vend son alliance avec Allah a vendu sa religion au monde. Celui qui vend sa religion s’est gaspillé et s’est dépensé. Alors je dis :
NE VENDEZ PAS VOTRE RELIGION
« Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah ; [Allah] leur a fait alors oublier leurs propres personnes ; ceux-là sont les pervers. » (Al-Hashr – 59 : 19).
Vendre sa religion, c’est se punir en oubliant Allah et donc en s’oubliant soi-même. Ceux qui méritent cette punition ignorent souvent dans quel genre de tromperie ils se trouvent. La psychologie de cet achat est la passion et l’enthousiasme alors que le choix du mode de vie détermine la classe sociale, l’emplacement, le statut et la position économique.
Aqaba est un mot arabe signifiant passage raide et étroit. De nombreuses vallées portent ce nom dans la géographie arabe. Mais quand on parle d’Aqaba, on pense d’abord à la vallée proche des Djamarat, à trois kilomètres de La Mecque, où Satan est lapidé. C’est là où le Messager d’Allah (pbsl) reçut, au nom d’Allah, le serment de douze, puis de soixante-quinze habitants de Médine. Le serment qu’ils firent à Allah dans ce passage étroit entre deux montagnes possède une nature magnifique qui a déterminé le cadre de la relation de chaque croyant avec Allah jusqu’au Jour du Jugement, dans ce col escarpé appelé le monde. Le monde est notre Aqaba. Aqaba,c’est un marché où des vies et des biens sont en jeu.
Notre Seigneur nous a demandé nos vies et nos biens sur ce marché et nous a promis en retour le bonheur éternel. C’est en fait l’expression sur terre de la promesse que nous avons faite à notre Seigneur dans le «alastu bi rabbikum[1]».
En ce sens, Aqaba est la miniature sur terre de l’assemblée de l’alliance dans le monde des esprits. Parmi les plus beaux exemples donnés par la Plus Belle Personne, le contrat que nous avons passé avec notre Seigneur s’est incarné à Aqaba.
Le contrat passé entre Allah et les croyants à Aqaba a un contenu qui liera tous les croyants jusqu’au Jour des comptes. L’importance de ce contrat réside dans son appréciation de ce qu’est la mesure de la valeur. Ce qui peut être acheté et vendu sur le marché mondial et quel en est le prix est devenu clair à Aqaba. Ce jour-là, notre Seigneur, par l’intermédiaire du Messager d’Allah (pbsl), a pris des vies et des biens et promis la vie éternelle en retour. Maintenant, l’objet de l’achat et de la vente et son prix est clairement défini :
« Certes, Allah a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d’Allah : ils tuent, et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’Évangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu’Allah à son engagement ? Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez fait : Et c’est là le très grand succès. » (At-Tawba – 9 : 111).
La disposition qui émerge du «marché d’Aqaba» est que le seul bien de valeur dont dispose l’être humain est la vie éternelle. Toute vente faite pour un autre profit n’est en fait qu’une perte et gaspillage car la valeur sur le «marché d’Aqaba» est une mesure connue et prouvée.
Les croyants, en particulier les Ansar, qui étaient conscients de la promesse qu’ils avaient faite à Allah ce jour-là, nous ont montré la réalité de ce contrat avec leurs expériences. L’un d’eux, As’ad Ibn Zurâra r.a. déclara ce jour-là : « Ô Messager d’Allah ! Nous vous protégerons comme nous défendons, nous-mêmes, nos fils et nos femmes. Si nous rompons cette alliance, soyons des malheureux qui ont rompu l’alliance de Dieu ! Ô Messager d’Allah ! C’est notre serment d’allégeance envers vous ! Nous ne cherchons l’aide que d’Allah ! »
Cette promesse faite par une personne saine d’esprit qui sait ce qu’elle achète et pourquoi elle plaça le nom d’Allah sur l’alliance qu’Il avait fait avec les humains.
Abdullah ibn Rawâha r.a. , qui prit la parole après As’ad, souhaita que le Messager d’Allah (pbsl) lui stipulât les conditions qu’il mettait pour Allah et pour lui-même.
Sur ces entrefaites, le Bien-aimé Prophète (pbsl) répondit : « Ma condition pour mon Seigneur est que vous l’adoriez et ne lui associez rien. Ma condition pour moi est que vous me protégiez comme vous protégez vos vies et vos biens. »
Le lendemain, nos bienheureux Compagnons, qu’on appellera les Ansar, demandèrent quelle contrepartie il y aurait en retour de leurs actes.
Le Prophète (pbsl) leur dit : « Le Paradis ! »
Ils exprimèrent leur satisfaction en disant : « Quel commerce bénéfique ! Nous n’en reviendrons pas et nous ne voulons pas qu’il nous soit rendu ! »
La vie des Ansar, après cela, est la preuve qu’ils n’étaient pas revenus sur leurs promesses. Ce jour-là, un tiers de ceux qui tinrent la main du Prophète (pbsl) à Aqaba sacrifièrent leur vie dans le chemin d’Allah et devinrent martyrs.
En affichant un exemple d’abnégation jamais vu dans l’histoire de l’humanité, ils partagèrent toutes leurs richesses avec les Muhâjirîns mecquois qui vinrent dans leur ville. Ils ne vendirent pas pour un intérêt, une position, un avantage ou un prix mondains la promesse qu’ils avaient faite à Allah à Aqaba. Ils échangèrent leurs vies et leurs biens en échange du Paradis. Ils n’abaissèrent jamais leur valeur et firent toujours preuve de loyauté envers leur alliance avec leur Seigneur.
Les dernières volontés prononcées par l’un d’entre eux, Sa’d ibn Rabi t, lorsqu’il fut martyrisé à Ouhoud, sont une manifestation de cette loyauté qui fait trembler les cœurs. Cela se produisit après que les polythéistes qurayshites eurent quitté la place.
Yahia Ibn Sa’id r.a. relate :
« Quand le jour d’Ouhoud fut manifeste, l’Envoyé d’Allah (pbsl), s’adressant aux fidèles, dit : « Qui peut m’apporter des nouvelles de Sa’d Ibn Al-Rabi’ Al-Ansari ? »
Un homme dit en désignant un côté : « Moi, Envoyé d’Allah ! Je l’ai vu là-bas une fois! »
L’homme partit et se dirigea vers la direction indiquée. Il ne put pas voir Sa’d parmi les martyrs couchés dans la vallée, alors il cria :
« Sa’d, le Messager d’Allah m’a envoyé vers toi. »
Puis vint un gémissement de Sa’d r.a. qui lui demanda : « Que veux-tu » ?
L’homme répondit : « L’Envoyé d’Allah (pbsl) m’a chargé de lui apporter de tes nouvelles. »
Sa’d r.a. répliqua : « Retourne chez lui, transmets-lui mon salut, et dis-lui que j’ai reçu douze coups de lance qui pouvaient causer ma mort, mais j’ai été sauvé. Rapporte à tes concitoyens qu’ils ne seront jamais excusés auprès d’Allah, si l’Envoyé d’Allah (pbsl) est tué, et que l’un d’eux reste vivant. » (Mâlik, Al-Muwatta, Jihad, 41).
Le prix du commerce fait avec Allah est clair.
En termes modernes, les croyants ont
« acheté » et accepté de payer ce prix, c’est-à-dire que depuis l’époque du Prophète (pbsl), ils ont façonné leur vie en fonction de ce prix et n’ont consenti à aucun autre prix. Conscients qu’aucune chose périssable de ce monde ne peut avoir autant de valeur ils aspiraient à la chose impérissable et éternelle aux côtés d’Allah.
Préférant l’appel à la prière du Khorasan à celui de Médine des amis du Prophète (pbsl) voyagèrent de frontière en frontière pour le jihad et n’hésitèrent pas à donner leur vie pour l’amour d’Allah, de la religion, de la patrie et de la sainteté, pour tous les croyants.
Cela fut le cas jusqu’au temps de nos ancêtres qui nous ont transmis l’esprit d’Aqaba, c’est-à-dire l’interdiction de vendre le pacte avec Allah et Sa religion pour autre chose que son prix.
La situation n’est pas différente de nos jours. La religion est claire, le prix du marché est connu. Le commerce mondial est un marché où chacun s’offre et finit par se contenter d’un prix d’une manière ou d’une autre. Ici, tout le monde se met en vente tous les jours.
C’est ce que le Messager d’Allah (pbsl) a dit selon un récit d’Abû Mâlik Al-Ach’ari r.a. :
« … Tout homme fait, chaque matin, le commerce de son âme : il l’affranchit ou la conduit à sa perte. » (Muslim, Tahâra, l).
Celui qui est satisfait du prix montre ce qu’il a fait pour ce prix. C’est l’homme qui détermine le prix d’un croyant selon les valeurs déterminées par Allah. Il a déterminé dans ce cher «Aqaba» que le prix du Paradis était l’échange des biens et des vies. Tout autre prix convenu ne peut concerner que les biens de ce monde.
Chaque chose dans ce monde a un prix calculé et limité. C’est donc une perte et un gaspillage. Ceux qui se contentent des valeurs mortelles ont vendu leur alliance avec Allah et c’est vendre sa religion.
Et, en fait, Allah ne pardonne pas à ceux qui L’oublient Lui-même et Son alliance, en oubliant leurs propres âmes.
« Et ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Allah ; [Allah] leur a fait alors oublier leurs propres personnes ; ceux-là sont les pervers. » (Al-Hashr – 59 : 19).
Vendre la religion est certes punissable, car c’est oublier Allah et donc s’oublier soi-même. Ceux qui méritent cette punition ignorent la plupart du temps dans quel genre de tromperie ils se trouvent. Car les conditions psychologiques, sociologiques et matérielles de la vente de la religion, en tant que fictions déclenchées et préparées par une intention et une orientation, ne montrent pas cette tromperie comme telle. Tout le monde a un prix sur le marché mondial, et tout le monde a acheté sa position. La psychologie de cet achat est la passion et l’enthousiasme. Les choix de vie déterminent la position sociale et économique, le grade, le statut et la classe.
Vendre sa religion commence chez l’homme par une orientation psychologique. Tout d’abord, il y a un changement dans l’intention puis dans la considération… Dans chaque vente, il y a un processus de persuasion. Dans la vente de l’alliance de Dieu, il y a forcément une rationalisation mêlée de caprice. Ensuite, la considération des proches est recherchée. Ceux qui ne veulent pas être seuls à l’endroit qu’ils ont choisi trouveront leurs amis. C’est la socialisation. La socialisation condamne une personne à un mode de vie qui détermine aussi son économie dans le temps. Ceux qui vendent ainsi l’alliance de Dieu commencent à couler vers leur fin dans un style de vie, une pensée, un état moral qu’ils ont en fait acheté.
Les croyants qui achètent l’alliance de Dieu n’ont-ils pas la même expérience ?
Le processus n’est pas différent.
La différence réside dans l’humeur et le motif et avec qui nous choisissons d’être, et surtout, vers qui nous nous tournons parmi les vendeurs qui nous veulent.
Car tout ce qu’il veut lui est donné, et le chemin qu’il parcourt est facilité pour tous :
« Quiconque désire [la vie] immédiate Nous nous hâtons de donner ce que Nous voulons ; à qui Nous voulons. Puis, Nous lui assignons l’Enfer où il brûlera méprisé et repoussé. Et ceux qui cherchent l’au-delà et fournissent les efforts qui y mènent, tout en étant croyants… alors l’effort de ceux-là sera reconnu. Nous accordons abondamment à tous ; ceux-ci comme ceux-là, des dons de ton Seigneur. Et les dons de ton Seigneur ne sont refusés [à personne]. » (Al-Isrâ’ – 17 : 20).
Oui, la bonté de notre Seigneur n’est pas limitée ; Il donnera à chacun ce qu’il veut.
Qui voudra se vendre pourra se vendre et vendre ce qu’il veut.
Mais à qui ?
Contre quelle contrepartie ?
Et à quel prix sera-t-il satisfait ?
Ceux qui veulent être inébranlables dans l’alliance d’Allah, dans le fait de ne pas vendre la religion d’Allah, et donc choisir le prix le plus approprié pour leurs âmes, devraient être parmi les justes et les fidèles qui ont fait de cet objectif leur rêve. Ils devraient faire de l’effort de vivre en musulmans la priorité de tous leurs efforts. À défaut, il est bien connu que le marché est très mauvais.
[1]. Voir le verset 172 de la sourate Al-A’râf (7) :
… وَإِذْ أَخَذَ رَبُّكَ مِن بَنِي آدَمَ مِن ظُهُورِهِمْ ذُرِّيَّتَهُمْ وَأَشْهَدَهُمْ عَلَى أَنفُسِهِمْ أَلَسْتُ بِرَبِّكُمْ
« Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : «Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » […] » (N.d.T.)