Vendre sa Religion pour un monde futile
Dieu Lui-Même nous indique qui ils sont :
أُوْلَئِكَ الَّذِينَ اشْتَرُوُاْ الضَّلاَلَةَ بِالْهُدَى فَمَا رَبِحَت تِّجَارَتُهُمْ وَمَا كَانُواْ مُهْتَدِينَ
« Ce sont eux qui ont troqué le droit chemin contre l’égarement. Eh bien, leur négoce n’a point profité. Et ils ne sont pas sur la bonne voie. »[1]
Et il est ainsi mentionné dans un hadith :
« Empressez-vous d’œuvrer avant que ne survienne une épreuve comme un morceau de nuit noire durant laquelle l’homme sera croyant le matin et mécréant le soir ou il sera croyant le soir et mécréant le matin. Il va vendre sa religion pour quelques biens mondains. »[2]
Le mot commerce est mentionné dans huit versets coraniques et à neuf reprises avec des significations à la fois positives et négatives.
Les revenus des polythéistes mecquois, qui étaient basés sur le commerce, constituaient une partie importante de leur vie. Pour eux, le commerce devait être rentable.
Et c’est sur le sujet auquel ils prêtent le plus d’attention qu’Allah Tout-Puissant déclare :
« Leur négoce n’a pas profité. Ils ont fait un marché de dupes. »
D’ailleurs, si on troque le droit chemin, on ne récoltera rien d’autre que la perversion.
Tout comme le commerce dans ce bas-monde est basé sur le profit, il en est de même concernant le commerce pour l’au-delà.
Le profit du commerce mondain est calculé sur les marchandises et le profit du commerce pour l’au-delà est ainsi déterminé dans les versets 10 à 13 de la sourate Saff :
يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا هَلْ أَدُلُّكُمْ عَلَى تِجَارَةٍ تُنجِيكُم مِّنْ عَذَابٍ أَلِيمٍ تُؤْمِنُونَ بِاللَّهِ وَرَسُولِهِ وَتُجَاهِدُونَ فِي سَبِيلِ اللَّهِ بِأَمْوَالِكُمْ وَأَنفُسِكُمْ ذَلِكُمْ خَيْرٌ لَّكُمْ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ يَغْفِرْ لَكُمْ ذُنُوبَكُمْ وَيُدْخِلْكُمْ جَنَّاتٍ تَجْرِي مِن تَحْتِهَا الْأَنْهَارُ وَمَسَاكِنَ طَيِّبَةً فِي جَنَّاتِ عَدْنٍ ذَلِكَ الْفَوْزُ الْعَظِيمُ وَأُخْرَى تُحِبُّونَهَا نَصْرٌ مِّنَ اللَّهِ وَفَتْحٌ قَرِيبٌ وَبَشِّرِ الْمُؤْمِنِينَ
« Ô vous qui avez cru ! Vous indiquerai-je un commerce qui vous sauvera d’un châtiment douloureux ? Vous croyez en Allah et en Son messager et vous combattez avec vos biens et vos personnes dans le chemin d’Allah, et cela vous est bien meilleur, si vous saviez ! Il vous pardonnera vos péchés et vous fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et dans des demeures agréables dans les jardins d’Eden. Voilà l’énorme succès et Il vous accordera d’autres choses encore que vous aimez bien : un secours [venant] d’Allah et une victoire prochaine. Et annonce la bonne nouvelle aux croyants. »
Point de tromperie, d’escroquerie ou de ruse dans le marché avec Allah I pour l’au-delà. Dans ce commerce, Allah prend à Son serviteur ses biens, son âme et ce qu’il a de plus précieux. Et le serviteur, quant à lui, admet tout cela avec consentement et soumet son sort à l’appréciation et à la volonté d’Allah Tout-Puissant.
D’ailleurs, Dieu nous informe dans le verset 111 de la sourate “At-Tawba” qu’Il a acheté des croyants, leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis.
D’autre part, il y a ceux qui ont été égarés du droit chemin et éloignés de la vérité par les délices et jouissances trompeuses de cette vie mondaine. Ces derniers ont préféré se cramponner à ce bas-monde, tout en se laissant aller à la perversion, à la débauche en semant le désordre sur terre. En troquant le droit chemin, ils ont ruiné leur bonheur céleste, et n’ont pas manqué de périr dans l’égarement.
Tel que mentionné dans le hadith charif, ils ont vendu leur religion pour quelques biens mondains. Il n’y a rien de plus avilissant pour l’homme que le fait de vendre sa religion.
D’ailleurs, lorsqu’on posa cette question à l’Imam Malik : “Qui est l’individu abject ?” Il répondit : “C’est celui qui assure sa subsistance en vendant sa religion.”
Et on lui demanda à nouveau : “Qui sont les plus abjects parmi les abjects ?”
Il répliqua : “Ce sont ceux qui ont sacrifié leur religion pour construire le bas-monde de quelqu’un d’autre.”
Le nombre de cette catégorie de personnes augmentera avec l’évolution du temps.
En effet, le Noble Prophète (pbsl) nous a avertis que les tentations se multiplieront à l’approche de la fin du monde[3]. Et ces tentations similaires aux morceaux de nuit noire coulent sur nous.
Afin d’expliquer qu’une période viendrait pendant laquelle les gens perdaient leur foi du soir au matin et du matin au soir, le Prophète (pbsl) a dit qu’ils vendraient leur religion pour une simple chose mondaine.
En effet, selon Abû Hurayra r.a. , il a dit :
بَادِرُوا بِالأَعْمَالِ فِتَنًا كَقِطَعِ اللَّيْلِ الْمُظْلِمِ يُصْبِحُ الرَّجُلُ مُؤْمِنًا وَيُمْسِي كَافِرًا أَوْ يُمْسِي مُؤْمِنًا وَيُصْبِحُ كَافِرًا يَبِيعُ دِينَهُ بِعَرَضٍ مِنَ الدُّنْيَا
« Hâtez-vous d’accomplir des bonnes œuvres, car il viendra des périodes de troubles et de tentations telles des parties d’une nuit sombre. L’homme s’y trouve croyant le matin et mécréant le soir, ou croyant le soir et mécréant le matin. Il vendra sa religion pour les biens éphémères de ce bas-monde ! »[4]
Lorsque nous parlons de jouissance mondaine, il est question de tout bienfait octroyé à l’être humain et qui est à même de compromettre son salut dans l’au-delà, à savoir les biens, la richesse, la gloire, les enfants, etc.[5]
En fait, ces jouissances constituent un danger pour la foi de celui qui préfère cette vie terrestre à Dieu. Et pourtant, la dignité du Musulman, consiste à pouvoir tout sacrifier pour la cause de sa religion. En d’autres termes, c’est entreprendre des affaires au profit de sa religion. Le Musulman ne doit jamais faire de sa religion et de sa foi une source de revenus. Il ne doit jamais troquer sa croyance.
Satan éprouve une inimitié féroce envers les humains. Il vise à détruire la foi des gens et à les égarer coûte que coûte du droit chemin. Concernant ceux qu’il ne peut directement égarer, il essaie de les induire en erreur à travers toutes sortes de ruses. Le moyen le plus efficace pour lui résister est d’entreprendre des affaires avec Allah I. Le commerce avec Dieu est une transaction qui ne connaît aucune perte, aucune récession et aucune ruine. En effet, dans ce commerce, la religion n’est pas une marchandise à vendre, mais plutôt une valeur pour laquelle tout est sacrifié. Par conséquent, il ne peut se résumer à aucune perte.
Allah nous définit ainsi la nature de ce commerce dans le verset qui suit :
إِنَّ الَّذِينَ يَتْلُونَ كِتَابَ اللَّهِ وَأَقَامُوا الصَّلَاةَ وَأَنفَقُوا مِمَّا رَزَقْنَاهُمْ سِرًّا وَعَلَانِيَةً يَرْجُونَ تِجَارَةً لَّن تَبُورَ
« Ceux qui récitent le Livre d’Allah, accomplissent la Salat, et dépensent, en secret et en public de ce que Nous leur avons attribué, espèrent ainsi faire un commerce qui ne périra jamais. »[6]
Selon cette notification divine, les serviteurs qui entreprennent le commerce de la félicité céleste sont :
a) Ceux qui lisent le Saint Coran,
b) Ceux qui accomplissent dûment leurs prières,
c) Ceux qui, qui selon les circonstances, dépensent discrètement ou ouvertement dans le sentier de Dieu.
Tels sont les bienheureux Musulmans.
Ils ont réussi à gagner des profits mondains et célestes, car lorsqu’ils cherchaient leurs subsistances, ils n’ont pas manqué de s’acquitter dignement de leurs obligations religieuses et d’assurer leur salut dans la vie future.
En résumé, deux sortes de commerce existent : le premier avec Dieu et l’autre avec le monde. Et le choix nous appartient : soit nous optons pour le négoce au profit infini, soit pour le négoce au profit éphémère.
Peu importe la durée de la vie terrestre, elle demeure courte[7] et court à sa fin.
Quant à l’au-delà, c’est le lieu de la vie éternelle et de l’immortalité.
Alors quelle perte énorme que de sacrifier une vie éternelle au profit d’une vie insignifiante et éphémère !
Que notre Seigneur fasse de tous les membres de la communauté de Muhammad, des bienheureux Musulmans qui font avec Lui le commerce éternellement rentable…
Amin !
[1]. Sourate Al-Baqara (2), verset 16.
[2]. Muslim, Iman, 186; At-Tirmidhî, Fitan, 30.
[3]. Commentaire du traducteur : À ce sujet, on peut rappeler le hadith suivant : « L’heure n’aura pas lieu avant que des tribus de ma communauté ne rejoignent les associateurs et que les idoles soient adorées. Et il y aura certes dans ma communauté trente imposteurs qui prétendront tous être des prophètes, mais je suis le dernier des prophètes. Pas de prophète après moi. » (At-Tirmidhî, Fitan [33], 2219).
[4]. Sahih Muslim, Iman, 51, Hadith 118.
[5]. Voir sur le sujet, les versets 46 de la Sourate Al-Kahf (18), 15 de la Sourate At-Taghabun (64) etc.
[6]. Sourate Fâṭir (35), verset 29.
[7]. À titre de comparaison, le verset 47 de la sourate Al-Ḥajj (22) nous donne cette indication : « …un jour auprès de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez. » Par conséquent, l’humain qui vit cent ans sur terre (et c’est une grande espérance de vie) n’aura vécu que 10% d’un jour auprès d’Allah (I). À méditer… (N.d.T).