Le croyant doit être un ambassadeur du bien
Abdullah SERT
Abdullah Sert est né en 1948 à KütahyaTavşanlı. Il acheva ses études primaires et secondaires à Tavşanlı et ses études secondaires au lycée confessionnel Balıkesir İmam Hatip. En 1966, il intégra l’Institut islamique supé
La communauté islamique est une communauté bénie, comme le déclare le Coran. Elle demeure une communauté bénie compte tenu du fait que ses adeptes, tant sur le plan individuel que communautaire, luttent pour le salut de leurs propres âmes ainsi que celui des autres, et ordonnent le bien et interdisent le mal autour d’eux. Car, Dieu Tout-Puissant récompense pour les bonnes actions tout comme Il châtie pour les péchés.
Après avoir créé l’être humain en tant que plus noble des créatures, le plus grand cadeau de Dieu à l’humanité s’est traduit par l’envoi des prophètes en vue d’assurer son salut et son bonheur éternel. La caractéristique commune de tous les prophètes était de rappeler les ordres et interdits divins aux communautés qui se dépravaient au fur et à mesure qu’elles s’éloignaient de la vérité et des réalités divines.
Ces rappels ont toujours été dans un double sens : l’annonce de bonnes nouvelles et les avertissements contre le châtiment. Allah Tout-Puissant a cité cette parole au sujet de tous les prophètes : « Les gens formaient (à l’origine) une seule communauté (croyante). Puis, (après leurs divergences,) Allah envoya des prophètes comme annonciateurs et avertisseurs ; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité. »[1] ; tandis que particulièrement au sujet du Prophète Muhammad r, Il a dit : « Et c’est en toute vérité que Nous l’avons fait descendre (le Coran), et avec la vérité il est descendu, et Nous ne t’avons envoyé qu’en annonciateur et avertisseur. »[2]
Tout en mentionnant les qualités d’annonciateur et d’avertisseur du Messager d’Allah r, ce verset attire également l’attention sur une particularité du Saint Coran. En effet, tous les avertissements et bonnes nouvelles annoncés par l’Envoyé d’Allah sont les révélations du Seigneur Suprême qui a fait descendre ce Livre. Le Prophète r s’est donc acquitté de sa mission prophétique en transmettant toujours la révélation divine.
Allah, Exalté soit-Il, a ordonné à Son bien-aimé Prophète, dont le cœur s’affligeait de temps en temps par les paroles et les comportements indignes des personnes insensibles aux avertissements divins, de continuer à prêcher Sa parole et à réconforter les cœurs en lui révélant ceci : « Nous savons mieux ce qu’ils disent. Tu n’as pas pour mission d’exercer sur eux une contrainte. Rappelle donc, par le Coran celui qui craint Ma menace. »[3]
La communauté islamique est une communauté bénie, comme le déclare le Coran. Elle demeure une communauté bénie compte tenu du fait que ses adeptes, tant sur le plan individuel que communautaire, luttent pour le salut de leurs propres âmes ainsi que celui des autres, et ordonnent le bien et interdisent le mal autour d’eux. Car, Dieu Tout-Puissant récompense pour les bonnes actions tout comme Il châtie pour les péchés.
Notre Sublime Livre déclare que la différence entre les croyants et les hypocrites réside dans l’accomplissement des bonnes actions et l’éloignement des péchés :
« Les hypocrites, hommes et femmes, appartiennent les uns aux autres. Ils commandent le blâmable, interdisent le convenable, et replient leurs mains (d’avarice). »[4]
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable accomplissent la Salât, acquittent la Zakat et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage. »[5]
Les croyants doivent être les défenseurs du bien contre ceux qui veulent faire de l’accomplissement du mal et des péchés un mode de vie.
Tout au long de ses vingt-trois années d’apostolat prophétique, le Messager d’Allah r a étalé, à travers sa personnalité bénie, tous les beaux comportements en tant qu’exemple pour les membres de sa communauté et leur a ordonné de les mettre en pratique dans leur propre vie et aussi de les transmettre à tous. Notre Prophète r racontait comment les tribus du passé, pour avoir été insensibles aux divers maux qui avaient émergé dans leurs sociétés, ont mérité la malédiction divine et l’anéantissement en raison de la généralisation de ces maux. De ce fait, il avertissait sa communauté pour qu’elle ne tombe pas dans la même erreur.
Le Messager d’Allah r a d’abord raconté comme suit comment les enfants d’Israël ont commencé à se corrompre :
« Au début, lorsqu’ils voyaient quelqu’un commettre un péché, ils l’avertissaient ainsi :
« – Regarde, mon ami ! Crains Allah et arrête de faire ça ! Car ceci n’est pas permis ! » Plus tard, lorsqu’ils voyaient cette même personne récidiver dans le péché, ils ne l’avertissaient plus ; pire, ils lui tenaient compagnie, mangeaient et buvaient à ses côtés. C’est alors qu’Allah a rendu leurs cœurs identiques.
Pendant qu’il racontait cela, notre Prophète r était accoudé à une place. Il se redressa brusquement et termina sa parole ainsi :
« Vous aussi vous devez mutuellement vous enjoindre aux bonnes actions, vous interdire le mal et empêchez la cruauté de l’oppresseur, sinon Allah rendra vos cœurs identiques et vous maudira comme Il a maudit les enfants d’Israël. »[6]
La plupart du temps, le Messager d’Allah r, en tant que prophète de la miséricorde, a enseigné les décrets divins à l’humanité avec un style affable et miséricordieux ; mais de temps en temps, il n’a pas manqué d’avertir, de façon adéquate, ses Compagnons qu’il aimait beaucoup. Considérons quelques exemples :
Abû Hafs ‘Umar, le fils d’Abû Salama Abdullah ibn ‘Abd al-Asad, lui-même beau-fils du Messager d’Allah, a dit :
« J’ai grandi sous les auspices du Prophète. Quand je mangeais, ma main passait par tous les côtés de l’assiette. Lorsque le Messager d’Allah remarqua cela, il m’a dit :
« ‒ Mon enfant ! Prononce la basmala, puis mange toujours devant toi avec ta main droite ! » À partir de ce jour, j’ai toujours mangé comme il me l’avait ordonné. »[7]
Le Messager d’Allah r a averti ce petit garçon dans une langue qu’il pouvait comprendre, avec un style doux, compatissant et chaleureux. Cet enfant, qui a appréhendé cet avertissement comme un avertissement prophétique, a mis en pratique les conseils du Messager d’Allah tout au long de sa vie.
Le hadith nous rappelle également que les avertissements au sens islamique doivent d’abord commencer au sein de la famille. Les aînés de la famille ont des devoirs importants qui consistent à habituer leurs cadets à l’adoration, à corriger leurs erreurs, et à leur montrer le droit chemin en adoptant toujours un style bienveillant.
Notre Mère ‘Â’isha c parle d’un avertissement que le Prophète r lui avait formulé :
Le jour où j’ai séparé le canapé de ma maison avec un rideau comportant des images avait coïncidé avec le retour du Messager d’Allah d’une expédition. Quand il aperçut le rideau couvert d’images, son visage changea de couleur. Il le retira (aussitôt) puis me dit :
« –‘Â’isha ! Les gens qui souffriront le tourment le plus sévère le Jour du Jugement sont ceux qui comparent leurs œuvres à ce qu’Allah a créé. »[8]
Le Messager d’Allah r ne pouvait tolérer la moindre chose qui jette une ombre sur la croyance au Tawhid. Il ne pouvait pas supporter que le pilier le plus important de la religion soit sapé. Il n’a pas hésité à montrer son attitude intolérante à ce sujet même face à son épouse bien-aimée Â’isha c qu’il aimait tant. Comme nous l’enseignent d’autres récits, notre Mère Â’isha c a conçu le rideau imagé pour faire plaisir au Prophète r. Et elle s’attendait sûrement qu’il lui fasse de beaux compliments pour cela. Suite à l’avertissement du Prophète, elle s’était rendue compte que ce qu’elle a fait n’était pas convenable ; elle a donc coupé le rideau et en a fait un oreiller. Ainsi, puisque les images sur le tissu étaient déformées, le Messager d’Allah n’en a rien dit.[9]
Il est également important de rappeler cette narration de notre Mère Â’isha c dans laquelle le Prophète r a averti Usama ibn Zayd qu’il considérait au même titre que ses petits-enfants bien-aimés Hassan et Hussein :
La situation d’une femme de la tribu Mahzum qui avait volé bouleversa beaucoup les Qurayshites. Face à cela, ils se disaient entre eux :
« ‒ Qui peut intercéder auprès du Messager d’Allah au sujet de cette question ? » Certains dirent :
« Personne, hormis Usama Ibn Zayd, le bien-aimé du Messager d’Allah, n’oserait intercéder. »
Usama intercéda également auprès du Prophète r, tout comme cela lui avait été demandé.
Le Messager d’Allah r répondit à Usama :
« ‒ Intercèdes-tu pour empêcher l’application d’une des sentences imposées par Allah ? » Puis il se leva pour délivrer le discours suivant :
« ‒ Les peuples qui vous ont précédés, et qui ont été anéantis, privilégiaient les nobles aux dépens des gens ordinaires, quand il s’agissait de rendre justice, dans des crimes tel que le vol, les nobles étaient acquittés alors que les plus faibles de la société étaient promptement punis. Je jure par Allah que si Fâtima avait commis ce vol, je lui aurais également coupé la main ! »[10]
La responsabilité la plus importante de chaque membre de la communauté de Muhammad r consiste à enjoindre aux bonnes actions, à faire et à faire faire le bien, à empêcher, tant sur le plan individuel que communautaire, toutes sortes de péchés condamnés par le Livre Saint et la Sunna.
Ô Guide Suprême, par amour pour Ton bien-aimé,
Inscris-nous parmi les serviteurs distingués de sa communauté !
[1] Sourate Al-Baqara, verset 213.
[2] Sourate Al-Isrâ’, verset 105.
[3] Sourate Qâf, verset 45.
[4] Sourate At-Tawba, verset 67.
[5] Sourate At-Tawba, verset 71.
[6] Abû Dâwûd, Malâhim 17/4336.
[7] Al-Bukhârî, At’im, 2.
[8] Al-Bukhârî, Libas, 91.
[9] Riyâd as-Sâlihîn, C.IV, p.14.
[10] Al-Bukhârî, Anbiya, 54.