Lorsque vient la guidance
M. Yaşar Kandemir
Il y a des secrets que nous ne révélons à personne et que nous cachons au plus profond de notre cœur. Avez-vous déjà pensé à ce qui se produirait si nous entendions de la bouche de notre interlocuteur ce mystère, alors qu’on était certain que personne d’autre ne le savait ?
Nombreux sont ces chanceux qui cachèrent leurs affaires à notre Maître la Fierté des Mondes. Puis, profondément abasourdis lorsqu’il les eut informés de ces situations, ils embrassèrent l’Islam en prononçant la Parole d’attestation de foi (la Chahada). Dans la conversation d’aujourd’hui, nous nous envolerons, même si ce n’est qu’un rêve, vers cet âge des roses. Nous assisterons à quelques événements de conversion eurent lieu en présence du Messager d’Allah (r).
Accord secret
Umayr ibn Wahb était un polythéiste farouche qui a beaucoup tourmenté le Prophète (r) et les musulmans. On croyait qu’il était mort à cause de la grave blessure qu’il avait reçue lors de la bataille de Badr, mais il s’était rétabli à minuit et, s’échappant d’entre les morts, il rentra avec difficulté à La Mecque. Son fils fut fait prisonnier et emmené à Médine lors de cette bataille.
Avec le temps, les blessures d’Umayr avaient guéri, mais son adversité contre l’Islam s’était approfondie.
Un jour, alors qu’il était assis dans la région du Hijr en compagnie de son oncle Safwan ibn Umayya, il parla de leurs proches à Badr.
Umayr dit :
‒ Si je n’avais pas eu ces dettes et mes enfants, je serais monté à cheval et, parvenu à Médine, j’aurais tué Muhammad. De plus, le fait que mon fils se trouve prisonnier entre leurs mains, est aussi une bonne occasion pour que j’accomplisse cette tâche.
Safwan était un polythéiste très riche. En pensant aux proches qu’il a perdus à Badr, il ne cessait pas de dire :
‒ À quoi ça sert de vivre après eux ?
Ses paroles ravivèrent la vengeance qui brûlait dans le cœur d’Umayr. S’accrochant aux mains de son oncle, il déclara :
‒ Si tu tues Muhammad, je paierai toutes tes dettes. Tes enfants resteront avec les miens jusqu’à la mort et je prendrai soin d’eux comme d’une rose.
C’était ce que voulait Umayr. Il dit :
‒ Et bien qu’il en soit ainsi.
Et il les avertit :
‒ Mais gardez cette entente secrète et n’en parlez à personne.
Umayr aiguisa son épée et l’empoisonna. Il monta à cheval et se rendit à Médine.
Parvenu à Médine, il se tint à la porte de la Masjid an-Nabawi ‘Umar (r) était, quant à lui, en alarme :
‒ Voici Umayr, l’ennemi d’Allah. Il est définitivement venu ici pour faire quelque chose de mal.
Ce disant vint voir le Prophète (r) et lui expliqua la situation.
La Fierté des Univers (r) lui dit :
‒ Amenez-le-moi !
Alors ‘Umar (r) fit demi-tour et vint à Umayr.
Il attrapa l’épée d’Umayr par sa sangle et la plaça sur sa poitrine.
Puis il dit à un Ansar qui était là :
‒ Va auprès du Prophète ! Celui-ci n’est pas venu pour rien.
Il tenait fermement l’épée autour du cou d’Umayr.
Le Prophète (r) lui cria à nouveau :
‒ Laisse-le tranquille, ‘Umar ! Approche-toi, Umayr !
Il lui demanda alors pourquoi il était venu là.
Puis la conversation suivante eut lieu entre eux :
‒ Mon fils est prisonnier entre vos mains. Je suis venu ici pour que tu puisses lui rendre service et le laisser partir.
‒ Mais alors, que fait cette épée sur ton cou ? Ce n’est pas nécessaire ! À quoi pourrait-elle nous servir ? Dis-moi la vérité ! Pourquoi es-tu venu ici ?
‒ Je te l’ai dit, je suis venu te demander de me rendre mon fils.
‒ Si c’est ainsi, alors dis-moi ce qu’était l’accord que tu as conclu dans la région du Hijr avec Safwan ?
Umayr, qui était soudainement effrayé, commença à bégayer :
‒ De quoi avons-nous parlé avec Safwan ?
Notre Maître, le Messager d’Allah (r) lui dit :
‒ Vous avez évoqué les personnes jetées dans le puits de Badr. Ensuite, vous avez dit : « Sans ma dette et mes enfants, je serais allé tuer Muhammad. » Alors Safwan s’est engagé à payer ta dette et à prendre soin de tes enfants. Alors tu t’es levé et tu es venu, mais Allah ne permettra pas l’action que vous comptiez accomplir.
Pendant que la Fierté des Univers parlait, Umayr changea de couleur en couleur. Puis, en commençant à prononcer la Chahada, il dit :
‒ Seuls Safwan et moi avons parlé de ceci. Il n’y avait personne d’autre avec nous. Personne, à part Allah, ne peut te l’avoir révélé. Je comprends que tu es le Messager d’Allah. Louange à Allah qui m’a montré le bon chemin…
Umayr apprit l’Islam en peu de temps puis, avec la permission du Messager d’Allah (r). Il retourna à La Mecque et commença à y propager l’Islam.
Alors que son oncle Safwan, avec qui il avait conclu un accord, donnait implicitement de bonnes nouvelles aux polythéistes qurayshites en disant qu’ils entendraient bientôt parler d’un événement qui les choquerait. En fait, le pauvre Safwan fut choqué de voir un autre Umayr devant lui…
Cela m’a traversé l’esprit.
Kabbas, un des fis de Kinana, était un compagnon de longue date du Messager d’Allah (r).
Alors même que notre Prophète (r) avait vu le jour durant l’Année de l’Éléphant, Kabbas se souvenait que des éléphants venaient à La Mecque.
Il participa en l’an 15 de l’Hégire à la bataille de Yarmouk.,
Marwan, l’un des califes omeyyades, l’interrogea sur son âge :
‒ Est-ce que c’est toi qui es plus grand ou bien le Messager d’Allah ?
La réponse de Kabbas fut extrêmement élégante :
‒ Le Messager d’Allah est plus grand que moi, et je suis plus âgé que lui.
Il est dit qu’un jour, avant d’être honoré par l’Islam, Kabbas avait été invité à une nouvelle religion. Mais Kabbas se leva immédiatement et se rendit auprès du Prophète (r).
La Gloire des Univers (r) l’invita à s’asseoir et lui posa une question qui l’étonna :
‒ Vous dites que si les femmes de Quraysh se rassemblaient, elles chasseraient Muhammad et ses compagnons.
Kabbas, qui avait la chair de poule, lui répondit ceci :
‒ Par Celui qui t’a envoyé comme prophète, je jure que ma langue n’a pas prononcé une telle parole. Rien de tel n’est sorti de mes lèvres, et mes oreilles n’ont pas entendu une telle phrase. Ces mots ont juste traversé mon esprit. J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah et qu’Il n’a pas d’associé. Je veux affirmer avec certitude que Muhammad est le Messager d’Allah. La religion que tu as apportée est la vraie religion.
Quelles nouvelles des chameaux ?
En l’an 5 de l’Hégire, lors de l’expédition contre les Banu Mustaliq, de nombreux membres de cette tribu furent faits prisonniers. Parmi les captifs, le chef de la tribu, Haris b. Abû Dirar avait une belle fille, Berre, qu’il voulait sauver de la captivité. Pour cela, il emmena avec lui ses deux fils et suffisamment de chameaux, puis partit pour Médine. Lorsqu’ils arrivèrent dans la vallée de l’Agate, au sud-ouest de Médine, ils s’arrêtèrent pour faire une pause. Dans cette vallée verdoyante, célèbre pour ses sources, deux de ses chameaux étaient magnifiques. N’étant pas disposé à les donner en rançon, il décida de les cacher dans un lieu où il les récupérerait à son retour.
Arrivé à Médine, il se rendit auprès du Prophète avec ses fils et quelques membres de la tribu et dit :
‒ Ô Muhammad ! Vous avez fait prisonnière ma fille. J’ai apporté sa rançon. Rendez-la-moi.
Le Prophète (r) lui demanda :
‒ Quelles nouvelles as-tu des chameaux que tu as cachés dans la vallée d’Agate ? »
Haris fut stupéfait en entendant cela. Personne d’autre n’avait remarqué cet événement. Comment cet homme qui se disait prophète pouvait-il être au courant de cet événement ? Il était donc vraiment un prophète.
Haris se mit alors à prononcer la Chahada. Lui, ses deux fils et les membres de sa tribu embrassèrent l’Islam.
Mais, en fait, d’autres surprises l’attendaient. Sa fille avait également accepté l’Islam. Le Prophète (r) avait changé son nom en Juwayriya, et plus encore, cette femme heureuse devint l’épouse du Messager d’Allah (r).
Comment l’avait-il su ?
Ces merveilleux événements que nous avons mentionnés ont préoccupé certains esprits qui se posaient toujours la même question :
« Le Prophète connaît-il l’invisible ? »
La réponse à cette question est très courte et claire :
Personne ne connaît l’invisible, si ce n’est Allah.
Alors une deuxième question vient à l’esprit :
« Alors comment le Prophète a-t-il eu connaissance de ces fascinants évènements ? »
Il vaut mieux répondre à cette question en relatant un autre incident survenu dans la vie du Prophète (r).
D’après ce qui est rapporté dans le livre de Sira d’al-Meğâzî d’Ibn Ishaq, alors que le Prophète (r) se rendait à l’expédition de Tabuk avec ses compagnons, son chameau se perdit en chemin. Certains compagnons partirent aussitôt à sa recherche.
Un hypocrite nommé Zayd ibn al Lusayt, qui avait rejoint le groupe d’Ibn Hazm al-Ansari, apprit que le chameau du Prophète avait disparu et dit aussitôt :
‒ Il se dit prophète. Il donne des nouvelles du ciel et il ne sait pas où est son chameau. Qu’est-ce que cette situation ?
Tandis que Zayd ibn al Lusayt prétendait tout cela, Umara b. Hazm était avec notre Maître, le Messager d’Allah (r), qui dit :
‒ En fait, je ne sais seulement que ce qui m’est révélé par Allah. Allah Tout-Puissant vient de me révéler l’endroit où se trouve le chameau. Le chameau se trouve dans cette vallée, où son licou est resté coincé dans un arbre.
En entendant cela, quelques compagnons se précipitèrent pour aller chercher le chameau dans la situation décrite par le Prophète Muhammad (r) et le ramena.
Témoin de cet événement, Umara b. Hazm, en revenant de sa caravane, relata l’incident à ses amis qui lui dirent en lui montrant Zayd ibn al Lusayt :
‒ C’est ce qu’il a dit juste avant votre arrivée.
Emporté par une grande colère, Umara se releva et dit en agrippant le cou de Zayd :
‒ Il y avait dans ma caravane une calamité, mais je ne le savais pas. Va-t’en, ennemi d’Allah !
Et il le congédia en lui disant :
‒ À partir de maintenant, plus jamais tu te trouveras à mes côtés.