La Femme qui entretenait la Maison d’Allah
Yacouba Sawadogo
Près de Médine, la ville sainte du Prophète (pbsl), vivait une vieille femme dont le nom était Ummu Mihcen. De nature soignée et propre, cette dernière avait l’esprit et les idées aussi propres que sa personne.
Un jour, elle se dit à elle-même :
« Puisqu’Allah a nettoyé mon cœur de l’ignorance, moi aussi je vais me charger quotidiennement de l’entretien de Sa maison. »
Et elle décida de nettoyer quotidiennement la mosquée.
C’est ainsi qu’elle mit tout en œuvre pour entretenir la Sainte Mosquée du Prophète (pbsl) (Masdjid an-Nawawi), lieu où les musulmans faisaient leurs prières et où le Prophète (pbsl) tenait ses discours.
Elle était pauvre, mais ses sentiments étaient étincelants. Toutes les fois où elle nettoyait la Maison d’Allah, sa sérénité était telle qu’il semblât qu’elle nettoyait son propre cœur ; son bonheur et sa joie étaient absolus.
Le fait qu’Ummu Mihcen entretenait la mosquée avait reçu la faveur particulière du Prophète (pbsl). C’est pour cette raison qu’il avait beaucoup d’estime pour elle. Par ailleurs, il demandait souvent de ses nouvelles.
Un jour, Ummu Mihcen tomba malade. Pendant des jours, elle ne put ni nettoyer la mosquée du Prophète (pbsl), ni apercevoir son visage béni. Elle fut attristée de la situation et désirait guérir au plus vite pour reprendre ses fonctions, mais sa maladie le lui en empêchait. Chaque jour, elle pleurait de tristesse.
Le Prophète (pbsl), ne l’ayant pas aperçue depuis quelques jours, s’enquit de la chose auprès de ses voisins qui lui répondirent : « Elle est malade, ô Messager d’Allah. »
Immédiatement, le Prophète (pbsl) se dirigea vers la demeure d’Ummu Mihcen tandis que ceux qui l’avaient devancé lui dire : « Voici une bonne nouvelle qui te concerne, ô Ummu Mihcen, notre Prophète (pbsl) vient te rendre visite. »
Dès l’instant où elle apprit cette nouvelle, elle frémit de joie et ne sut que faire. Son cœur, pourtant lassé par la maladie, battait la chamade. Soudain, elle entendit une voix emplie de grâce : « Assalamu alaykum. » C’était le Prophète (pbsl).
Avec une voix fine et timide, Ummu Mihcen lui répondit : « Wa alaykum salam, ô Messager d’Allah ! »
La visite fut de courte durée, mais pour Ummu Mihcen la valeur de ce temps écoulé fut inestimable. En effet, le Messager d’Allah (pbsl) était venu la voir en personne et si la mort l’avait surprise à cet instant, elle n’aurait certes pas été affligée.
À partir de ce jour, le Prophète (pbsl) ne cessa jamais de s’enquérir de la santé d’Ummu Mihcen jusqu’au moment où il demanda à ses voisins :
« Dans le cas où Ummu Mihcen décède, ne l’enterrez pas sans m’avoir informé préalablement. »
Puis un soir, Ummu Mihcen rendit le dernier soupir, son âme purifiée.
Sans perdre de temps, ses voisins lui firent la toilette mortuaire, la placèrent dans un linceul et se dirigèrent chez le Prophète (pbsl). Mais il était tard et celui-ci s’était endormi après avoir effectué sa prière nocturne.
La situation était triste et ils se dirent les uns les autres :
- « C’était son destin. »
- « C’était une femme bien. »
- « À chaque fois qu’on la voyait, elle était en train de nettoyer la mosquée. »
- « Faut-il réveiller le Prophète ? »
- « Il ne serait pas juste de déranger le Prophète. »
- « Mais le Prophète avait demandé qu’on le prévienne. Ne commettons pas de faute sans que nous le sachions. »
- « Selon moi, il ne faut pas déranger le Prophète. »
Finalement, ils se décidèrent et transportèrent le corps de la défunte jusqu’à sa dernière demeure sans que le Prophète (pbsl) n’en soit informé.
Le lendemain matin, lorsque le Prophète (pbsl) demanda des nouvelles d’Ummu Mihcen, ils répondirent :
« Ô Messager d’Allah ! Elle est décédée. En réalité, nous l’avons lavée, mise dans un linceul et amenée chez vous pour que vous fassiez sur elle la prière funéraire. Nous nous sommes aperçus que vous dormiez et nous ne voulions pas vous déranger en vous réveillant.
En entendant cela, le Prophète (pbsl) fut très attristé parce qu’il voulait diriger personnellement la prière funéraire sur elle. Il dit aux voisins de la défunte :
« Dans ce cas, venez avec moi… »
Ils se dirigèrent tous vers le cimetière de Baqi (Djannatu’l baqi). Les voisins de la défunte montrèrent au Prophète (pbsl) l’emplacement de la tombe où Ummu Mihcen avait été enterrée. Ensemble, ils accomplirent la prière funéraire sur elle. Ils prièrent beaucoup pour elle puis se séparèrent.
C’est ainsi que le Prophète fut à ses côtés non seulement durant son vivant mais aussi lors de son décès. C’est la magnifique récompense qu’elle avait obtenue pour avoir entretenu la mosquée du Prophète (pbsl).
Quel bonheur pour Ummu Mihcen…