La crainte d’Allah

Mar 12, 2019 par

Commençons notre réflexion par un rappel :

La crainte étant pour certains un mot à consonance déplaisante, sachons qu’il n’est pas seulement attaché aux animaux féroces dont nous pourrions avoir peur ou ressentir un certain effroi à leur égard.

Il y a également des craintes qui ont pour origine l’amour. Bien que nous aimions Allah, nous pouvons quand même cultiver la crainte de « s’Il n’est pas satisfait de moi » ou bien de « s’Il n’accepte pas mes prières ».

Une personne qui affectionne l’objet de son amour et qui reçoit en retour sa bonté peut ressentir la crainte de perdre son intérêt et son affection à cause d’une faute commise. Ceci est également une sorte de crainte.

Lorsque le serviteur sait qu’il se considère comme dénué d’intérêt devant son Seigneur et coupable sur une chose, s’il veut se déconsidérer tout en comprenant qu’il n’a pas la force d’en parler au Seigneur, cela signifie également avoir la crainte d’Allah.

 

Nous devons uniquement Le craindre

 

Allah demande que nous L’aimions et que nous ayons de la crainte à Son égard.

Il a demandé cela aux peuples précédents ; par exemple, aux fils d’Israël, il donna le commandement suivant : « Craignez-Moi seulement. »

Tous les prophètes ont prié « en demandant Sa bénédiction tout en demeurant dans la crainte de Son châtiment ».

Les anges ont vis-à-vis d’Allah une crainte remplie de respect.

Pour cela, le Seigneur de l’univers demande aux croyants de Le craindre Lui et non pas les autres.

Il demande que nous L’invoquions par des supplications, avec une voix faible et craintive du matin jusqu’au soir.

Plus succinctement, Allah le Tout-Puissant demande à Ses serviteurs de reconnaître Sa puissance, de se comporter adéquatement, d’obéir à Ses ordres et de s’éloigner de ce qu’Il a interdit.

 

L’homme ne connaît pas tout à fait la valeur des choses

 

L’homme, malheureusement, en raison de son aveuglement moral et de son égoïsme, et cela malgré les diverses injonctions coraniques, ne voit pas que la force de son Seigneur est suffisante pour tout. En cela, il n’a pas conscience que le Seigneur, s’Il le voulait, pourrait le faire disparaitre en un instant ou lui faire subir toutes sortes de maux ; qu’Il va certainement accorder de grandes richesses à celui qui Le craint, comme par exemple au Jour du Jugement Dernier lorsque l’ombre d’Allah recouvrira sept catégories de personnes[1] et que le serviteur aura réfléchi à Sa puissance et à Son châtiment, ayant refusé (ici-bas) les avances d’une belle et célèbre femme en déclarant « Je crains Allah ».

Grâce à Sa miséricorde, Allah ne désire pas laisser Son serviteur s’effondrer dans le désespoir, mais préfère l’avertir, « lui tirer les oreilles » en quelque sorte, en lui rappelant que Moïse avait dit à son peuple : « Que vous arrive-t-il pour que vous n’acceptiez pas la grandeur d’Allah ? »

Il rappelle qu’Il a créé l’homme dans le but de lui faire passer plusieurs étapes, et, pour cette raison, il s’avère nécessaire qu’il Le reconnaisse et Le remercie.

Par exemple, si l’homme ne Le remercie pas et s’il est pris en plein cœur d’un orage en pleine mer, il se souvient soudainement du Seigneur dont il ne se rappelait pas auparavant, et, en se dirigeant vers lui, il Le supplie, et lorsque le danger est passé, il L’oublie tout aussitôt.

De fait, celui qui va à la rencontre de son Seigneur dans la crainte reçoit la bonne nouvelle du paradis et fait l’impossible pour retirer ceux qui sont tombés dans le marécage du péché.

 

Il y a ceux qui n’oublient jamais Allah

 

Il existe dans ce monde d’ici-bas des personnes bonnes et des personnes mauvaises. Il y a aussi celles qui n’oublient jamais Allah et qui ne coupent pas les liens avec Lui. Elles savent que ce qu’il y a de plus important dans ce monde, c’est de trouver le droit chemin et de marcher dans le sentier de la justice. En outre, elles ont très peur de perdre la foi et considèrent que la plus grande catastrophe est de se présenter devant Allah le Jour du Jugement sans la posséder. Et pour éviter cela, elles font l’invocation suivante :

« Notre Seigneur ! Après nous avoir mis sur le bon chemin, ne nous fait pas dévier de la vérité ! »

Ces personnes se disent encore : « Si je contredis mon Seigneur, je dois craindre Son châtiment le Jour du Jugement Dernier. »

Par conséquent, il n’est pas bon pour l’homme de se laisser aller dans l’indifférence et d’oublier que le Seigneur a la capacité de le châtier ; tout au contraire, en pensant à la dureté liée au châtiment divin et dans l’espoir de vivre avec optimisme, Allah l’avertit en ces termes : « Ô hommes ! Craignez votre Seigneur ! » Ou bien « Craignez-Moi seulement ! »

Quant à notre Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam), il a un jour déclaré : « Protégezvous de l’enfer, ne serait-ce qu’avec la moitié d’une datte. » Et en faisant l’invocation suivante : « Mon Seigneur ! Lorsque Tu rassembleras Tes serviteurs, protège-moi aussi de Ton châtiment », il invita sa communauté à craindre le châtiment divin et à user de vigilance.

 

Il ne faut pas faire confiance en sa propre foi

 

L’homme ne doit faire confiance aux prières qu’il a réalisées. C’est-à-dire que si Allah ne vient pas Lui-même à son secours, il ne peut être sauvé de l’enfer par le mérite de sa propre foi et de ses œuvres. Il en était de même pour le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa salam).

Comme ceci est la stricte vérité, il n’est donc pas intelligent de se croire affranchi lorsqu’on a accompli sa prière à moitié ou pour quelques œuvres de bien.

Ceux qui croient être en sécurité et qui ne se protègent pas du châtiment d’Allah sont en fait ceux qui ne Le connaissent pas comme il le faut. De telles personnes ne connaissant pas Ses prescriptions disparaîtront sans rien laisser.

Ou bien à l’instar de certaines personnes appartenant aux Gens du Livre (juifs et chrétiens) qui croiront être « les enfants d’Allah » et déclarant que « l’enfer va nous consumer qu’un certain laps de temps ».

De plus, lorsque le Prophète accomplissait la prière, lisait le Coran ou bien l’écoutait réciter par d’autres, il ne parvenait pas à retenir ses larmes et pleurait sans arrêt.

 

Il faut penser à l’effroi du Jour du Jugement Dernier

 

Dans le Coran, les scènes relatives au Jour du Jugement Dernier sont décrites de façon effrayante. Y penser ne peut que faire bondir d’effroi le cœur de l’homme. En témoigne ce verset coranique suffisant pour être dissuasif en ce qui concerne le châtiment divin :

« Quand viendra soudain le grand fracas ! Jour où l’homme atterré, fuira son frère, sa mère, son père, sa compagne et ses enfants. Chacun ayant assez, ce jour-là, de s’occuper de lui-même. » (Coran, Abasa 80/33-37)

De plus, le hadith subséquent apporte une idée de ce qui va être vécu d’horrible dans l’au-delà :

« Allah le Tout-Puissant parlera directement avec chaque personne, sans intermédiaire. À ce moment précis, l’homme regardera à droite et verra les bonnes œuvres qu’il avait envoyées dans l’au-delà ; il regardera ensuite à gauche et verra les mauvaises œuvres qu’il avait accomplies ici-bas ; enfin il regardera en face et y verra l’enfer. »

Rappelons-nous ici du commentaire de notre Prophète à ce sujet :

« Je vois ce que vous ne voyez pas, j’entends ce que vous n’entendez pas. Si vous saviez ce que je sais, vous ririez moins et pleurerez plus ; vous ne prendriez plus de plaisir au lit avec vos épouses et partiriez sur-le-champ hurlant et suppliant Allah. »

Il faut appréhender les comptes qu’il faudra rendre

 

Le Coran exige qu’un bon croyant réfléchisse de la façon suivante :

« En me révoltant contre mon Seigneur, je dois craindre Son châtiment le Jour du Jugement Dernier. »

« Celui qui n’aura pas subi de châtiment ce Jour-là aura bénéficié sans aucun doute de la miséricorde d’Allah. »

« Si Allah m’accorde une peine, Il sera le seul à m’en délivrer. »

« Il possède sur Ses sujets toute la puissance de faire ce qu’Il veut. »

En réfléchissant de la sorte, ce bon croyant s’exhorte lui-même :

Mon Seigneur ordonne : « Craignez-Moi et non les hommes. » Il désire donc qu’on Le craigne.

« La dévastation suscitée par Allah sera effroyable. »

« Le châtiment d’Allah est une chose dont il faut avoir peur. »

« La condamnation du Seigneur est particulièrement implacable et apporte beaucoup de maux. »

Les Compagnons avaient une crainte profonde d’Allah

Un jour, le Messager d’Allah (sallallahu ‘alayhi wa salam) dit à ses Compagnons :

 

« Si vous saviez ce que je sais, vous ririez moins et pleureriez plus. » Sur ce, les Compagnons se couvrirent le visage de leurs mains et commencèrent à pleurer à chaudes larmes.

Il n’est pas exact d’affirmer : « De toute façon j’irai au paradis et suis certain du châtiment d’Allah. » La parole de ‘Umar est à ce sujet pleine de sens :

Une voix parvint du ciel : « Ô hommes ! Vous entrerez tous au paradis, excepté un seul. Je crois que le seul homme dont il s’agit, c’est moi, et j’en ressens une crainte immense. »

‘Umar (qu’Allah l’agrée) avait une fois pensé à la difficulté liée au fait de rendre des comptes à Allah. Il prit un jour une brindille à même le sol et se dit en lui-même :

« Ah ! Si seulement je pouvais être comme cette brindille, si je n’étais pas venu au monde ; si ma mère ne m’avait pas enfanté, j’aurais été oublié. »

 

[1] En référence au fameux hadith : Le Prophète a dit : « Il y a sept catégories de personnes qu’Allah accueillera sous Son ombre au jour où il n’y aura aucune ombre sauf la Sienne : un dirigeant juste; un jeune qui a grandi dans l’adoration d’Allah, le Puissant et Majestueux ; un homme dont le cœur est attaché aux mosquées; deux personnes qui s’aiment pour Allah, qui se rencontrent pour Lui et qui se quittent sur le même sentiment; un homme qu’une femme de grande beauté et de statut social important appelle à elle et qui refuse en disant : « Je crains Allah »; une personne qui donne en charité si discrètement que sa main gauche ignore ce qu’a donné sa main droite; et une personne qui, dans la solitude, pense à Allah et se met à pleurer doucement. » (Rapporté par Abû Hurayra et recueilli dans le Sahih al-Bukharî et le Sahih Muslim)

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