Le Sacrifice
Allah Tout-Puissant a certes soumis à nos ordres les animaux dépourvus d’intelligence et de l’obligation religieuse ; mais en réalité, c’est nous qui avons été créés pour être « sacrifiés ».
L’être humain, dans son essence et dans ses actes, a le choix entre ces deux réalités : se sacrifier à son Seigneur ou périr.
Nous ne pouvons en aucun cas transférer nos obligations aux bêtes d’immolation. C’est nous qui y sommes assujettis car c’est nous qui serons ressuscités pour être récompensés avec le paradis ou châtiés en enfer. C’est nous qui rendrons compte de chaque seconde de notre vie. C’est nous qui devons réfléchir à chaque acte que nous posons et à chaque endroit où nous nous rendons. C’est à nous que les Prophètes furent envoyés pour annoncer le message divin. C’est pour nous que les Livres saints furent révélés pour qu’on les apprenne et applique leurs enseignements. Entre le lever et le coucher du soleil, c’est nous qui sommes tenus d’accomplir la prière, d’observer le jeûne, de nous acquitter de la zakat, d’effectuer le pèlerinage, d’obéir aux parents, de travailler pour s’assurer une subsistance licite. C’est nous qui devons prêter attention à ce que nos yeux regardent, nos oreilles écoutent, notre langue profère, nos mains et pieds accomplissent. C’est nous qui sommes les serviteurs et c’est pour nous que ce bas-monde et tout ce qu’il contient ont été créés. Les anges nous enveloppent. C’est nous les responsables et les pécheurs. C’est nous qui nous marions, divorçons, jouissons des délices, voyageons, construisons des bâtiments, et accumulons les richesses. C’est nous qui forons la terre et perçons les montagnes pour construire des tunnels, cherchons des trésors sous les mers, fabriquons des satellites qui tournent autour de la terre. C’est nous qui marchons, nageons et volons en avion. C’est nous qui consommons les plantes et le bétail qui se nourrit de plantes. C’est nous qui assurons la garde du bétail et remplissons nos poches avec le commerce du bétail. C’est à nous la prairie et le bétail qui broute dans la prairie. C’est dans nos verres qu’on boit le lait des animaux et dans nos assiettes qu’on mange leur chair. Nous fabriquons des chaussures avec la peau des animaux et tricotons des tissus avec leur pelage. C’est à nous qu’appartiennent les biens et héritages. Et c’est encore nous qui lisons, écrivons et parlons.
Lors de la Fête de la Tabaski (La Fête du Sacrifice), c’est le bétail que nous immolons. Évidemment, Dieu L’Exalté nous enjoint le sacrifice. Une créature responsable de l’obligation religieuse à savoir l’être humain, et une autre innocente, la bête immolée. Lorsqu’on observe cette situation de l’extérieur, on voit qu’un croyant soumis à Allah Y immole pour Allah une bête créée par Allah Y.
Si on se limite à cette apparence, on ne pourra manquer d’être confronté à cette question « Pourquoi après le sacrifice de leur bête de la Tabaski, on n’observe pas un changement positif durable chez les croyants ? »
Entre le fait d’immoler une bête et ce qui est recherché à savoir être un croyant disposé à immoler une bête, il y a l’adoption d’une posture de soumission digne au Seigneur. Par exemple, on doit comprendre que le jour de la fête de la tabaski est un jour qui transcende le simple fait d’immoler une bête dans l’intention de récolter des récompenses. Mais nous devons aller beaucoup plus loin que ça. Nous devons réfléchir sur ce qui doit être essentiellement sacrifié :
Nous devons sacrifier notre esprit et le fruit de notre esprit à Allah Y. Nos corps, les membres de notre famille, nos biens, nos demeures doivent tous être disposés à être sacrifiés pour Dieu L’Auguste Créateur. Nous devons tous nous attendre à être sacrifiés.
Nous devons pouvoir maintenir les systèmes qui orientent notre vie et nous maintiennent sous leur autorité à un niveau auquel on pourra les sacrifier pour Dieu.
Nos âmes et tout ce que nous acquérons pour leur bien-être doivent être inscrites sur la liste des premières choses à sacrifier pour Allah Y.
Notre désir charnel et tout ce que nous dépensons pour sa satisfaction doivent être prêts au sacrifice.
Nos passions et ambitions représentent chacune pour nous un élément de sacrifice.
Telles sont les exigences de la foi. Et c’est là le secret du Tawhid, c’est-à-dire la croyance en un Dieu unique.
C’est ce que nous explique la loi de “Il n’y a de divinité en dehors de Dieu”.
Nous sommes tenus de satisfaire à ces obligations si nous nous disons croyants. C’est ce que nous enseigne le Saint Coran et ce qui a été observé dans la vie du Noble Prophète r. Telle était la pratique des compagnons y.
Ces prétextes furent établis pour nous empêcher de diviniser notre âme, pour nous purifier de l’idolâtrie et pour nous enseigner la soumission digne au Seigneur.
Tel est le vrai Islam. C’est ce qui fut demandé au glorieux Prophète Ibrahim u. Le sage Prophète Ismaël u en fut un parfait exemple.
Une bête de sacrifice, un égorgeur, un boucher, et c’est la fête de la tabaski.
Il est bien évident que cette injonction divine doit requérir des significations plus profondes. Ce sont les bêtes qui sont certes égorgées, mais c’est l’âme du croyant, son esprit, ses biens, sa notoriété et son système de vie qui doivent être en réalité sacrifiés pour Dieu. Il y a l’élément essentiel et ce que nous observons à l’œil nu.
Mais en fait il y a une réalité plus profonde enfouie derrière cet ordre divin.
Si nous ne nous acquittons pas dignement de cette injonction divine, d’autres éléments superflus seront mêlés à ce que nous devons essentiellement sacrifier au nom de notre Seigneur L’Exalté. Ainsi donc, nous serons malheureusement très loin de récolter les mérites escomptés.