Les Assises Religieuses : L’Ecole Spirituelle des Saints
Abdullah Sert est né en 1948 à Kütahya-Tavşanlı. Il a terminé ses études primaires et secondaires à Tavşanlı et ses études secondaires au lycée Imam Hatip de Balıkesir. Il s’est inscrit à l’Institut Islamique Supérieur d’Istanbul en 1966. En 1970, il a rencontré les cercles d’études de feu Musa Topbaş et de feu Mahmud Sami Ramazanoğlu Efendi. Il est diplômé de l’Institut Islamique Supérieur d’Istanbul la même année. Tout en continuant ses fonctions de prédicateur central des affaires religieuses dans l’organisation d’Istanbul et d’enseignant des cours religieux dans l’Éducation Nationale, il a terminé ses études à la Faculté de Droit de l’Université d’Istanbul (en 1973) et a effectué son stage d’avocat. Il a été directeur à la direction des fondations d’Istanbul entre 1974 et 1978 et au dortoir des étudiants de l’enseignement supérieur Ilim Yayma Vakfi entre 1979 et 1980. Depuis 1980, il a rejoint la communauté de l’édition en tant que fondateur et directeur général d’Erkam Yayınları (les Éditions Erkam). Entre-temps, il a travaillé comme fondateur et membre du conseil d’administration de diverses organisations non gouvernementales. Depuis 1986, le magazine Altınoluk et d’autres magazines sont publiés par Erkam Publications. Il continue toujours ses services dans les ONG et la structure Erkam / Altınoluk qu’il a rejointes depuis 1980…
Si nous prêtons attention, nous comprendrons que les assises religieuses ne sont pas seulement une occasion de transfert de connaissances, mais aussi un moyen de rester cramponné aux sources principales que sont le Coran et la Tradition du Bien-aimé Prophète (pbsl) et de sceller les liens entre les cœurs. Si les cœurs parviennent à s’ouvrir, ils seront illuminés par les grâces divines à travers la bénédiction de la lignée noble qui remonte jusqu’au Messager d’Allah (pbsl). Une grâce spirituelle dont la source remonte jusqu’à la Mosquée bénie du Prophète et à l’époque des nobles Compagnons (r.a.) et des Ahl-u Suffa descend sur les assemblées religieuses.
Les assemblées religieuses, qui sont une tradition du Bien-aimé Prophète (pbsl) envoyé comme une miséricorde aux mondes, ont des bienfaits très notoires sur la communauté, en particulier la communauté islamique. Nûru’l-Huda[1] (pbsl) qui, de par la grâce divine, fut un prophète tendre et bienveillant envers sa communauté au point qu’il lui était très difficile de supporter toute peine qui la touchait, nous a toujours rappelé que la vraie vie est certes la vie de l’au-delà ; il a porté une attention particulière à l’éducation de ses Compagnons (r.a.) pour assurer à ces derniers, mais aussi à nous autres le salut éternel.
Que ce fut à Dar al-Arkam à La Mecque, à la Masjid an-Nabawi à Médine et à « la loge des Compagnons de Suffa », l’agenda principal du Noble Prophète (pbsl) était basé d’une part sur la propagation du message divin qui prend en compte la croyance en un Dieu unique, le bon caractère et les actes de vertu, et d’autre part sur l’enracinement au préalable des préceptes divins dans les cœurs des croyants et l’application digne de ceux-ci à travers la Tradition prophétique.
Face à l’amour profond et la miséricorde que le Messager d’Allah (pbsl) manifestait envers les Compagnons (r.a.), ces derniers considéraient les moments passés en sa présence comme la période la plus heureuse de leur vie ; durant les assises spirituelles présidées par le Prophète, ils l’écoutaient avec une telle concentration et intérêt comme si un oiseau s’était posé sur leur tête et qui s’envolerait à leur moindre mouvement.
S’il arrivait à quelques Compagnons (r.a.) de viser des intérêts mondains durant le jihâd et l’accomplissement du service dans le sentier divin, la Révélation divine ne manquait de descendre pour les avertir que « ce qui est meilleur aux yeux d’Allah » est certes le fait de demeurer toujours avec le Messager d’Allah, de faire la charité, d’implorer constamment le pardon de Dieu et de combattre dans Son sentier.
Selon le récit qui en est fait, lorsque Dihya al-Kalbi arriva à Médine avec une caravane commerciale de Damas, il n’était pas encore devenu musulman. À cette époque, il y avait la famine, la cherté de la vie et des difficultés de survie à Médine. Et la caravane qui arriva de Damas comportait du blé, de la farine, de l’huile d’olive et des matières similaires. Le Messager d’Allah (pbsl) était en pleine récitation du sermon du vendredi au moment où la caravane arriva à Médine. Lorsque ceux qui écoutaient le sermon réalisèrent cela, ils se levèrent et quittèrent la mosquée, de crainte d’être en retard et de ne pas pouvoir s’approvisionner. Il y avait 8 à 10 ou – selon une narration – seulement 40 personnes qui restèrent avec le Noble Prophète (pbsl). Ceci pour dire que le sermon récité par le Prophète, qui rappelle aux gens les réalités divines, a été abandonné pour des profits mondains. Suite à cet incident, ce verset coranique fut révélé : « Quand ils entrevoient quelque commerce ou quelque divertissement, ils s’y dispersent et te laissent debout. Dis : “Ce qui est auprès d’Allah est bien meilleur que le divertissement et le commerce, et Allah est le Meilleur des pourvoyeurs”[2]. » Ce verset condamnait donc ceux qui quittaient l’assemblée spirituelle du Prophète (pbsl), car aucune raison ne devait les pousser à un tel acte.
Jabir a rapporté que le Messager d’Allah (pbsl) a dit : « Je suis, par rapport à vous, comme un homme qui a allumé un feu où sauterelles et papillons se jettent, tandis qu’il tente de les en empêcher. C’est ainsi que je vous saisis par la ceinture afin de vous éviter de vous précipiter dans le Feu, cependant, vous vous échappez de ma main. »[3]
Dans le chapitre “Rûhu’l-Bayan” du Mathnawî, d’après le commentaire fait au sujet de ce verset susmentionné, cet avertissement général a été fait :
« N’accorde pas d’importance à ce qui te sépare de ton ami ! Car cela te causera un grand dommage. Même si cela t’apportera un profit à cent pour cent, n’y accorde pas d’importance ! Ô pauvre, n’abandonne pas le trésor pour l’or. Regarde combien de fois Allah a averti les Compagnons du Prophète à travers des paroles sévères ! En effet, durant l’année de la famine, lorsqu’ils ont entendu le tambour annonçant l’arrivée de la caravane, ils ont immédiatement tourné le dos au sermon et négligé la prière du vendredi. Ils ont agi ainsi, car ils ne voulaient pas que les autres achetassent moins cher les provisions et profitassent à leur détriment. Quant au Prophète (pbsl), il continua le sermon et accomplit finalement la prière du vendredi avec juste quelques pauvres. Allah a dit : “ Comment le tambour, le divertissement et le commerce ont-ils pu vous séparer du messager d’Allah ? Vous avez couru vers le blé en toute inconscience et laissé le Prophète debout. En abandonnant le Messager de Dieu (pbsl), vous avez semé des graines pourries au profit du blé. L’assise présidée par le Prophète (pbsl) est meilleure que la richesse et les jouissances mondaines. Regardez à qui vous avez tourné le dos ! Frottez-vous les yeux et regardez encore… Votre cupidité vous a empêché de comprendre que : “Je suis le Pourvoyeur, et le Meilleur des pourvoyeurs.” Vous vous êtes éloignés du Pourvoyeur de blé au profit du blé, quel acte odieux !” »
Notre Livre Suprême, le Coran, s’adresse aux croyants de tout âge à travers la personnalité des Compagnons. Compte tenu de leur foi et de leur compréhension limitée, les gens courent après leur subsistance pour des raisons différentes à des moments différents, tout en oubliant Celui qui la leur pourvoit ; ainsi donc, s’éloignent-ils des grandes réalités divines et de ce qui est meilleur aux yeux d’Allah. Aujourd’hui, suite à des remarques, il est rapporté qu’il y a des négligences même au sujet de la prière du vendredi ; il a été constaté que la plupart des musulmans n’ont pas d’engouement ni d’intérêt pour les cercles spirituels présidés par les saints, les assises et les assemblées religieuses qui représentent pourtant un héritage prophétique qui a été et qui sera légué de génération en génération jusqu’à la fin des temps.
En effet, les assemblées religieuses, qui représentent en quelque sorte des centres de formation scientifique et intellectuelle, sont une méthode d’éducation spirituelle qui, tout comme une bougie allumant une autre bougie, a commencé avec le Messager d’Allah (pbsl) et s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui, et qui permet au serviteur d’acquérir la sagesse et la maturité spirituelle au terme de son cheminement spirituel. C’est donc une méthode d’éducation dont la source demeure le Noble Messager d’Allah (pbsl). Et vu que leur source remonte jusqu’au Prophète, les assemblées religieuses constituent la méthode d’éducation principale parmi toutes les méthodes d’éducation soufies.
Allah Tout-Puissant se réjouit de voir Ses serviteurs se réunir et former une assemblée d’échanges spirituels autour de Ses paroles bénies et des enseignements nobles de Son Envoyé (pbsl). Il loue ces serviteurs aux anges qui sont proches de Lui. Ainsi donc, les personnes qui participent à ces assemblées ne manquent-elles pas de bénéficier des prières et de l’affection des anges qui sont auprès d’Allah l’Exalté.
Ceux qui assistent à de telles assemblées sont également proches du pardon divin. Car les anges de la miséricorde les entourent et les encerclent dans un anneau depuis la terre jusqu’au ciel, et les protègent de toute sorte de mal et de danger. Ils illuminent et réconfortent l’esprit et le cœur des serviteurs présents dans ces assemblées.[4]
Selon les mots de feu Musa Topbaş Efendi : « Les grands saints ont été éduqués et forgés à travers ces écoles spirituelles que sont les assemblées religieuses. Ces assemblées renforcent les liens d’amitié, de sincérité, d’amour et d’affection entre les croyants. Ceux qui ne participent pas à ces assemblées, peu importe combien ils accomplissent leur dhikr, ils ne pourront bénéficier de cet amour et affection réciproque. Les serviteurs vertueux doivent persévérer dans leur dhikr nocturne tout en ne négligeant pas de prendre part aux assises religieuses. Lorsqu’un serviteur, en plus d’accomplir dûment ses obligations religieuses, participe constamment aux assemblées spirituelles, il n’y aura pas dans son cœur une place pour l’amour de ce bas-monde ni même pour le bonheur céleste, mais seulement pour l’amour et l’agrément du Seigneur. Celui qui aime le Majestueux Créateur, deviendra sans nul doute un serviteur probe et digne, et sera du nombre des bien-guidés.[5]
Bref, si nous prêtons attention, nous comprendrons que les assises religieuses ne sont pas seulement une occasion de transfert de connaissances, mais aussi un moyen de rester cramponné aux sources principales que sont le Coran et la Tradition du Bien-aimé Prophète et de sceller les liens entre les cœurs. Si les cœurs parviennent à s’ouvrir, ils seront illuminés par les grâces divines à travers la bénédiction de la lignée noble qui remonte jusqu’au Messager d’Allah (pbsl). Une grâce spirituelle dont la source remonte jusqu’à la Mosquée bénie du Prophète et à l’époque des nobles Compagnons et des Ahl-u Suffa descend sur les assemblées religieuses.
Si tu aspires au salut dans les deux mondes, récite assidûment jour et nuit la Salât (la prière sur le Noble Prophète r).[6]
[1] Nûru’l Huda : L’un des noms du Prophète qui signifie “ Lumière de la Guidance”.
[2] Sourate al-Jumu’a, verset 11.
[3]Muslim.
[4] Osman Nûri Topbaş, Sohbet ve Âdabı, 18-19.
[5][5] Marifet Meclisleri, 369.
[6] Yûsuf Sami Efendi.