De la compétition en vue du Paradis

Mar 13, 2019 par Editeur

 

Ali Rıza Temel

 

La vie est une compétition. En général, cette compétition se fait dans le sens du bien et du mal : Dis : « chacun agit selon sa méthode, alors que votre Seigneur connaît mieux qui suit la meilleure voie. » (Coran, al-Isra, 17/84)

 

Il y a des gens qui trouvent beau le laid et laid le beau. Ceux qui font des compétitions dans le mal et la laideur pensent avoir fait du bien et du beau. Pour ce fait, la détermination du beau et du laid ou du bien et du mal ne peut pas être laissée seulement au goût et à la raison de l’homme. Le goût consistant et le bon sens ne peuvent être formés que par l’éducation que confère la Révélation.

 

Il y a des femmes qui se dénudent de toute beauté spirituelle en revêtant une autre prétendue beauté qui est celle de leur corps ; ce genre de comportement n’a rien qui évoque une quelconque beauté, mais ce fait reflète plutôt une compétition dans un cercle voué à la laideur. La beauté permanente n’est pas celle du corps mais de l’âme. Comme Mawlana Rumî l’a dit, par extension au-delà du corps, le parfum doit être aussi utilisé pour assaisonner l’âme. Le corps, dans tous les cas, finira par pourrir et se transformer en poussière. Il ne reste plus rien des corps de ces héros nationaux et de ces miss univers élues que l’on tente à chaque fois d’immortaliser par des images ou des tableaux… Si l’en est ainsi, il est donc nécessaire de faire en sorte de participer à la compétition visant à enjoliver les choses éternelles. « Les biens et les enfants sont l’ornement de la vie de ce monde. Cependant, les bonnes œuvres qui persistent ont auprès de ton Seigneur une meilleure récompense et [suscitent] une belle espérance. » (Coran, al-Kahf, 18/46)

 

En règle générale, les jeux et les sports sont sujets à compétition. À la fin de ses compétitions, des valeurs matérielles et symboliques sont acquises en qualité de récompenses. La valeur de la récompense est proportionnelle au niveau de la compétition. Ces types de compétitions ne consistent la plupart du temps qu’en des « compétitions d’ordre conflictuel ».

 

Les compétitions dont les sujets et les récompenses sont à même de conserver toute leur préciosité sont celles qui sont utiles à l’individu et à la société, comme les domaines littéraires, technologiques et du savoir en général. Le résultat de certaines compétitions peut laisser des traces indélébiles. Par exemple, l’issue d’un match de football ne consiste qu’à créer une émotion instantanée, tandis que le savoir est une découverte pérenne et la littérature fait vivre pendant des siècles l’utilité d’une œuvre.

 

A la question de savoir dans quel domaine il nous est nécessaire de concourir, notre Seigneur le Très-Haut indique ceci : « A chacun une orientation vers laquelle il se tourne. Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. » (Coran, al-Baqara, 2/148)

 

Notre Prophète (pbsl) nous a également montré que la rivalité dans l’acquisition du savoir et la contribution financière en matière de bienfaisance est une compétition que nous devons hautement désirer.

 

Dans toute compétition, la plus grande des récompenses à acquérir, c’est avant tout la satisfaction d’Allah, puis vient le Paradis et la grâce d’Allah conséquemment à cette satisfaction : « Hâtez-vous vers un pardon de votre Seigneur ainsi qu’un Paradis aussi large que le ciel et la terre, préparé pour ceux qui ont cru en Allah et en Ses Messagers. Telle est la grâce d’Allah qu’Il donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l’énorme grâce. » (Coran, al-Hadid, 57/21) « Les bons seront dans [un jardin] de délice, sur les divans, ils regardent. Tu reconnaîtras sur leurs visages, l’éclat de la félicité. On leur sert à boire un nectar pur, cacheté, laissant un arrière-goût de musc. Que ceux qui la convoitent entrent en compétition [pour l’acquérir] » (Coran, al-Mutaffifune, 83/22-26)

 

Celui qui n’est pas en passe de gagner le bonheur éternel, c’est-à-dire le Paradis, cela revient à dire qu’il ne gagnera rien. En cause les gains temporels qui ont une fin car tout ce qui est limité s’épuise. Le plus important c’est de pouvoir éterniser ce qui est temporel. ‘Issa (Jésus, sur lui la paix) a dit : « Vendez ce que vous possédez, et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les cieux, où le voleur n’approche point, et où la teigne ne détruit point. » (Luc, 12/33)

Le Paradis est éternel. Là-bas ni crainte ni souci. Beaucoup de versets coraniques décrivent le Paradis, mais ces descriptions sont orientées pour former dans notre imagination un tableau représentatif tout relatif. En effet, il n’est guère possible de percevoir la réalité par les mesures que propose le monde d’ici-bas. Le Paradis, selon une expression de notre Prophète (pbsl), dispose d’un éclat (ou d’une beauté) que personne n’a jamais vu, n’a jamais entendu ni perçu avec sa raison. Comme le Paradis est indéfinissable, il ne peut être descriptif que par rapport à ce que nous percevons.

Selon les descriptions stipulées dans le Coran et les hadiths, la vie dans le Paradis comporte les points principaux suivants :

1. Le confort et la beauté éternels.
2. La paix et la sécurité permanentes.
3. La sainteté et le force de l’âme et du corps.
4. La satisfaction spirituelle.
5. La contemplation d’Allah.
6. L’éternité.

En entrant au Paradis, tous les croyants seront accueillis par les anges qui s’adresseront à eux en ces termes : « (…) Salut à vous ! Vous avez été bons : entrez donc, pour y demeurer éternellement. » (Coran, az-Zumar, 39/73)

Là, les croyants entreront au Paradis, aussi éclatants que les étoiles ou la pleine lune. Là, ils mangeront et boiront ce qu’ils désireront, sans crainte de perte d’ablution, car côté digestion ils ne souffriront d’aucun inconvénient. Et comme le Paradis ne sera pas un lieu où l’on ressent la fatigue, il n’y aura nul besoin de dormir. Les élus du Paradis seront toujours en bonne santé, ne tomberont jamais malades et vivront éternellement. Leur jeunesse et leur dynamisme ne s’épuiseront jamais. Ils accéderont facilement à toutes les choses que désirait leur ego. Ils verront également tout ce qu’ils désiraient voir. Il n’y aura dans leurs cœurs aucun sentiment de jalousie ni de haine. Tenus éloignés de toute chose pouvant leur causer de la crainte et de l’angoisse, ils vivront toujours dans la joie.

Selon les goûts de chacun, les plaisirs se réaliseront là-bas dans le sens idéal. Il y aura, pour les croyants, des épouses purifiées sans défaut d’âme. Le pinacle de toute beauté et de toute perfection sera atteint. En plus de toutes ces beautés, ils verront leur Seigneur qu’ils adoraient sans Le voir. Ce bonheur couvrira toutes les grâces.

Il est par conséquent nécessaire de concourir et de remporter sa propre compétition pour parvenir à la plus haute récompense, vers tout ce qui est éternel comme la grâce d’Allah et le Paradis. L’échec enregistré dans les autres compétitions peut être rattrapé, l’équipe qui perd un match peut décrocher une victoire au cours du suivant, et même si elle n’en gagne aucun, aucun malheur n’arrivera (à cause de cela). En revanche, refuser de participer à la compétition consistant à se soumettre à Allah ou ne pas la prendre au sérieux, ou du moins ne pas accorder d’importance à la récompense finale et se consoler en n’étant que des spectateurs visuels, est, selon l’expression coranique, « une déception criante ». Une pareille calamité, telle que se priver de récompense et se donner finalement à l’Enfer, n’est-ce pas quelque chose d’inimaginable ?

Le croyant marche sur la voie qui mène au Paradis. Il participe aux compétitions qui le préservent de l’Enfer et qui le font rapprocher du Paradis afin qu’il obtienne la récompense éternelle promise par la grâce d’Allah. Qu’elle est belle cette expression tout à fait appropriée de Mawlana Rumî : « Marche tout droit vers celui qui peut te donner le pied. » Ce chemin se nomme « sirat al-mustaqim » (le chemin de droiture) et la fin de ce chemin conduit à la satisfaction d’Allah, mène au Paradis, l’éternelle demeure du bonheur. Que notre Seigneur nous garde tous dans ce chemin.