De la pratique respectueuse en matière d’adoration
Zahide Topçu
Le Coran est l’un des plus grands bienfaits qu’Allah le Très-Haut a accordés aux musulmans. Il nous a en effet été envoyé afin que nous puissions nous en servir pour coordonner notre vie au monde et accéder au bonheur de l’au-delà.
C’est pour cette raison que nos ainés vénéraient le Coran et rendaient hommage aux hafiz, c’est-à-dire à ceux qui l’avaient mémorisé entièrement. Selon un récit rapporté par notre mère Râbia, notre maître spirituel, le sage et regretté Mahmud Sâmî Ramazanoğlu accordait à son époque beaucoup plus de valeur aux hafiz. Pendant les mois bénis du Ramadan, quand un hafiz se présentait pour diriger la prière communautaire, tous se levaient pour l’accueillir. Souvent même ils allaient jusqu’à lui baiser la main.
Certes il n’est pas facile d’acquérir cette qualité de devenir un hafiz, méritant qu’on lui embrasse les mains. Un hafiz n’est pas seulement celui qui a mémorisé entièrement le Coran, mais c’est aussi celui qui se doit de mettre en pratique ce qu’il connaît, devenant par conséquent un « Coran vivant ». Tous les hafiz al-Qur’an sont donc dignes qu’on leur baise les mains.
Lors des sohbets (prêches religieuses), notre maître Mahmud Sâmî accordait un rang éminent aux personnes qui récitaient le Coran ; et pendant la récitation il écoutait avec une modestie et une méditation profonde. De la même manière et dans la conservation de ces valeurs, notre maître, le regretté Mûsâ Topbaş s’ouvrit aussi avec toute l’attention, la déférence et la compassion requises. La récitation du Coran se faisait doucement, mot après mot. Lors des rencontres religieuses, la récitation de deux pages du Coran suffisait, et chaque verset, il le méditait profondément et pleurait même très souvent (ainsi que ceux qui y assistaient). Leurs moments de rencontre avec le Coran se répétaient chaque jour. Par ailleurs il est à noter que même si les actes d’adoration s’avèrent peu nombreux, les pratiques continuelles restent en revanche acceptables. Cependant il n’est guère acceptable de lire trois sections du Coran en une seule fois et ne rien lire ensuite durant trois mois.
Notre maître à tous, Musa Topbaş, disait :
« Lire ne serait-ce que deux pages du Coran de façon consciencieuse est tout à fait bénéfique et rend à l’homme le gain qui lui est nécessaire. »
Alors qu’il était tombé malade et qu’il souffrait profondément des yeux, et malgré son état, jamais il ne cessa d’interrompre son lien avec le Coran, l’écoutant à l’aide d’une cassette environ une demi-heure par jour.
De même on doit se rappeler que le Coran n’est pas un livre révélé pour qu’il ne soit récité qu’aux défunts. Nous devons tirer de ce livre toutes les normes de notre vie : comment doit-on adorer, comment doit-on travailler, que doit-on manger et qu’est-ce qu’on ne doit pas toucher, comment doit-on faire nos achats, comment doit-on entrer chez soi ? Tout cela nous devons l’apprendre du Coran et des hadiths.
On dit que « pratiquer les actes cultuels à caractère obligatoire (fard) en se préservant des actes illicites conduit le serviteur au Paradis. Mais pratiquer les premiers avec soin le conduit à Allah ».
Nous avons remarqué aussi cela chez nos ainés. Ces derniers n’accomplissaient pas leurs adorations à la va-vite pour se libérer. Leurs ablutions, leurs jeûnes, leur manière de lire le Coran et de donner la zakat, leurs grands et petits pèlerinages, les sacrifices qu’ils effectuaient lors de l’Aïd al-Adha (ou Tabaski), en somme, en matière de comportement et d’adoration, ils ont toujours fait montre de respect et de compassion dans leur engagement à servir Allah. Personnellement, je ne les ai jamais vus accomplir une adoration malgré eux. À notre connaissance également, ce qui leur donnait cette position, c’est sans doute cette sensibilité et attention qu’ils avaient envers les interdits et les recommandations d’Allah. Lorsque les chemins qui conduisent à Allah sont ouverts et que les souffles des créatures sont déterminés… tout le monde peut atteindre Allah à travers un chemin légitime propre à sa propre image. Certains en se faisant initiateurs dans le service et la bienfaisance, d’autres dans le dhikrullah (le rappel d’Allah) et la salawat (invocation des bénédictions sur le Prophète), d’autres également dans les actes d’adoration et la distribution de vivres… mais chacun doit accomplir son œuvre en tenant compte obligatoirement du consentement d’Allah… toute œuvre ou toute adoration d’une personne qui n’a pas surmonté son ego commencera à se transformer en une lourdeur spirituelle, qu’Allah nous en préserve !
Toute bienfaisance effectuée et toute vertu accomplie conduisent à la sérénité de toute personne consciente, grâce à Allah. Quiconque est détenteur de sentiments d’amour-propre, exclut les choses mondaines, effectue tout service pour l’amour d’Allah et se présente tel qu’il est dans sa spiritualité, toutes les rues en pente deviendront planes, les ennemis disparaîtront et les amis augmenteront. Que le Seigneur nous place aussi parmi de tels serviteurs pieux.
Amin.