Les conditions pour obtenir de l’espoir
Cafer Durmuş
Il est dit dans le verset 53 de la sourate Az-Zumar (39):
« Dis : « O Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux. »
Nous pouvons expliquer le sens du verset comme suit :
« Ô mes serviteurs qui avez été extravagants avec votre âme et qui avez commis des péchés ! Ne perdez pas espoir dans la miséricorde d’Allah, ne désespérez pas qu’Il vous pardonne. Certes, s’Il le veut, Allah pardonnera les péchés de Ses serviteurs qui évitent le polythéisme et ils n’en seront pas tenus responsables. Le Détenteur de la générosité vous pardonnera. Tant que vous ne perdez pas espoir en Sa miséricorde infinie, repentez-vous et cherchez refuge dans Son pardon en Lui revenant repentant. »
Selon les exégètes, ce verset a été révélé pour une communauté qui craignait que s’ils devenaient musulmans, leurs péchés majeurs antérieurs tels que le polythéisme, les meurtres injustes, l’adultère, l’inimitié envers le Prophète (r) et les combats contre lui ne leur seraient pas pardonnés. Ceci à un tel point que notre Prophète (r) fut heureux de la révélation de ce verset et que ses Compagnons (y) y virent l’annonce du pardon total de leurs péchés. À cette occasion, il fut révélé que la porte du repentir est toujours ouverte à ceux qui ont perdu une partie de leurs temps en commettant des erreurs et de la rébellion.
D’après ce qui est mentionné dans le Rûhu’l-Beyân, notre Prophète Bien-aimé (r) a déclaré ce qui suit à propos du verset qui constitue notre sujet :
« Pour rien au monde, je n’échangerais ce verset contre ce monde et ce qu’il contient ! »
En d’autres termes, je ne souhaite pas posséder le monde et tout ce qu’il contient en échange de ce verset. Parce qu’Allah Tout-Puissant a promis à Ses serviteurs qui dépassaient leurs limites de pardonner tous leurs péchés et qu’Il leur a interdit de désespérer de Son abondante miséricorde.
Cependant, ce verset ne déclare pas que tous les péchés (de tous) seront pardonnés, mais que seuls les péchés de ceux à qui Allah souhaite pardonner seront pardonnés. C’est pour cela que le commandement relatif à la repentance mentionné dans ces versets, qui donne la nouvelle que les rebelles seraient punis en premier, ne contredit pas l’exigence de sincérité dans les actes et la menace de punition.
Allah Tout-Puissant ne pardonne le polythéisme qu’à ceux qui se repentent et s’en détournent. Il pardonne les autres péchés mineurs et majeurs avec repentance ou bien sans repentance pour qui Il le souhaite. Autrement, cela ne veut pas dire qu’Il pardonne à tous les pécheurs.
Selon une narration, un jour, Ibn Mas’ud (t) entra dans la mosquée alors que le prêcheur évoquait le feu de l’Enfer, les chaînes et les fers.
Ibn Mas’ud (t) se leva et lui dit : « Pourquoi désespérez-vous ainsi les gens ? »
Puis, après cela, il demanda s’il avait mentionné le verset qui dit :
Dis : « Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah… »
Ici, nous voudrions d’abord souligner que le fait que le verset ait été révélé pour une raison précise n’empêche pas que le jugement soit général. En fait, il est indiqué dans presque tous les tafsirs que quiconque dépasse les limites en commettant des péchés sera inclus dans le champ de la miséricorde et du pardon annoncé dans ce verset. Ce verset du Saint Coran est celui qui inspire le plus d’espoir aux gens.
À cet égard, Allah Tout-Puissant déclare ici l’étendue de la miséricorde divine et le caractère infini du pardon pour toutes les personnes qui entrent dans le cercle de l’Islam.
Quand on considère les versets suivants, on voit que deux conditions importantes sont mentionnées pour ne pas désespérer de la miséricorde de Dieu.
La première consiste à retourner au Seigneur avant que le châtiment n’arrive, à s’abandonner complètement à Lui, à L’adorer en observant Ses commandements et en évitant Ses interdictions. C’est être conscient, qu’à défaut, il ne trouvera pas d’aide.
La seconde, c’est de suivre les plus belles paroles (les règles du Coran) avant que les tentations ne surviennent. Cela signifie appliquer les problèmes brièvement mentionnés ici en suivant la Sunna.
Ceux qui ne respectent pas ces deux conditions fondamentales en se laissant emporter par l’orgueil et l’arrogance n’entrent pas dans le cercle de la foi.
Ce sont ceux qui insistent pour nager dans le marais du péché, qui ne cherchent pas à se réfugier à la porte du repentir. Ceux-là ne pourront pas bénéficier de la miséricorde divine qui se reflète dans le verset que nous tentons d’expliquer présentement.
Leur situation exemplaire est d’ailleurs décrite dans les versets suivants. Il y est dit qu’ils diront le Jour du Jugement dernier : « Malheur à moi pour ma désobéissance excessive à Allah ! » En effet, je faisais partie de ceux qui se moquaient (Az-Zumar,56). » On rapporte aussi qu’ils se repentiront : « Si j’avais eu l’opportunité de revenir une fois pour pouvoir faire partie des pieux ! (Az-Zumar, 57). »
Cependant, ce jour-là, leurs prières de remords ne seront pas appréciées et il leur sera dit : « Nos signes vous étaient parvenus, mais vous les avez reniés, vous avez été arrogants et vous étiez parmi les mécréants (Az-Zumar, 59). » Et : « Allah guide ceux qui ont de la piété vers le salut. Aucun mal ne les touchera. Et ils ne seront pas tristes… (Az-Zumar,61). »
En résumé, les conditions pour espérer sont courtes et concises, le chemin qui mène à la miséricorde divine est droit et lisse. Il y a donc de nombreuses raisons d’espérer parce qu’il n’y a pas d’autres obstacles que ceux créés par l’âme. Les portes sont ouvertes jusqu’au dernier moment, celui où le repentir ne sera pas accepté. Il nous est possible de tenir bon, de marcher, de chercher refuge.
LIS ET RÉFLÉCHIS : LA GUÉRISON DES MALADIES DU COEUR
Dans le verset 17 de la sourate Al-Qamar (54) il est dit :
« En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu’un pour réfléchir? »
Et le verset 82 de la sourate Al-Isrâ (17) donne cette bonne nouvelle :
« Nous faisons descendre du Coran, ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants… »
Nous savons que le Saint Coran est la plus grande bénédiction qui offre aux gens la possibilité de communiquer avec Allah. C’est le dhikr qui ouvre la porte à la contemplation. C’est la clé du bonheur des deux mondes. Lire et écouter la Parole divine avec sincérité et contempler ses pages est un acte d’adoration. Parce que la récitation guérit les maladies spirituelles telles que l’orgueil, l’arrogance et l’hypocrisie. Et cela active les canaux qui s’ouvrent profondément dans le cœur. Elle ouvre le cœur à la proximité spirituelle du Créateur Tout-Puissant.
En effet, le verset 152 de la sourate Al-Baqara (2) enseigne :
« Souvenez-vous de Moi donc, Je vous récompenserai. » [1]
Ce verset est considéré comme le signal de la tranquillité que l’on obtient en se souvenant de Sa présence.
Selon ce qui est évoqué dans le tafsir, la plus grande maladie du cœur est d’être privé de ce rappel (dhikr) pour ne pas s’en être soucié, comme il est dit dans le verset 67 de la sourate At-Tawba (9) :
« Ils ont oublié Allah, et alors Il les a oubliés… »
Dans ce cas, il ne faut pas négliger l’alimentation du cœur afin que les maladies intérieures ne puissent pas l’envahir. Ne laissez pas le tempérament se corrompre en oubliant Allah, et ne laissez pas la douceur et la paix du cœur se transformer en dureté et en rigidité. Ne laissez pas l’humilité se transformer en arrogance, la docilité en désaccord, l’unité en séparation, l’amour en inimitié.
Si la cause principale des maladies cardiaques est le manque de dhikr et de gratitude, un traitement peut-il être possible sans un diagnostic précis ?
Quelqu’un qui ne connaît pas son problème peut-il chercher son remède au bon endroit ?
[1] Sous-entendu (comme l’indiquent d’autres exégètes) : Je vous aurais présent à l’esprit. (N.d.T.)