Pourquoi sommes-nous fatigués?

Mar 13, 2019 par

Mehtap Bahar

À un moment ou un autre de notre vie, nous avons peut-être côtoyé des lieux où des hommes et des femmes travaillent isolés les uns des autres. D’ailleurs, à notre époque, il y a peu d’endroits où des hommes et des femmes travaillent séparément. Vous avez peut-être été témoins de dialogues établis entre des hommes et des femmes qui étaient présents dans de tels lieux. Si vous avez été attentifs, des paroles fort sympathiques, fort courtoises, sans censure, ont pu être prononcées, mais également des plaisanteries formulées de façon incompatible avec l’âge et le poste occupé. Mais le plus affligeant dans l’histoire, c’est de connaître réellement la façon dont agissent certaines personnes.

Ainsi, nous nous apercevons que la plupart des femmes qui travaillent se surestiment par l’idée de « travailler pour gagner de l’argent». Ce qui en d’autres termes signifie : « Je suis une femme indépendante, porteuse d’une parole dans la société et qui compte sur elle-même ».

Si les femmes qui font tant d’efforts pour recevoir les éloges de leur employeur déployaient les mêmes efforts pour gagner l’approbation de leurs maris, leur foyer serait aussi harmonieux qu’une rose peut l’être. Idem pour les maris, s’ils faisaient montre à leurs épouses ne serait-ce qu’un quart de la courtoisie et de la gentillesse qu’ils montrent envers leurs collègues femmes, ils bénéficieraient de plus d’amour et de respect de la part de leurs épouses.

Nos épouses qui s’abstiennent des choses illicites (haram), voire qui choisissent de rester à la maison par crainte de tomber dans le haram, et qui en conséquence préservent leur esprit des péchés en se comportant conformément aux principes de notre religion tout comme elles se sont elles-mêmes protégées en prenant garde à leur voile et leurs actes d’adoration, ne méritent-elles pas plus d’attention et de compliments ?

Avez-vous déjà jeté un coup d’œil sur les publicités insérées dans les pages « ressources humaines » des journaux ? Vous constateriez que c’est toujours du personnel féminin « lisse de forme » que l’on recherche… Pourquoi préfère-t-on embaucher du personnel féminin alors qu’il y a tant d’hommes qualifiés dont beaucoup sont au chômage et qui sont susceptibles d’apporter quotidiennement de quoi subvenir aux besoins essentiels du foyer.

Viennent alors à l’esprit des hommes des pensées telles que : « Il y a quelque chose d’ambiguë dans ce travail, n’est-ce pas là une façon de rendre les femmes plus visibles dans l’espace public ? » La destruction de la famille est le plus grand préjudice porté à une société… une volonté est établie pour dégénérer la femme, c’est-à-dire la mère qui assure le fondement et l’unité de la famille.

Et apparemment cela est en voie de réussite. Les femmes ont commencé à se masculiniser et les hommes à se féminiser… les rôles ont changé. Pendant que le père, chômeur de son état, s’occupe des enfants à la maison, l’obligation pour la femme de travailler trouve sa justification mais lui apporte un autre fardeau : celui de sa famille.

Imaginons maintenant la scène suivante :

À un jeune homme désirant se marier, sa mère lui demande :

Quel genre de fille désires-tu épouser ?

Peu importe, répond-il, mais si elle travaille à l’extérieur, comment pourrai-je m’occuper des charges inhérentes au foyer ? Si elle travaille à l’extérieur, avec nos salaires on sera en mesure de régler toutes nos factures… et de nous acheter toutes sortes de vêtements.

C’est très bien mon fils, rétorque la mère.

Ils trouvèrent une fille répondant à ces critères, puis discutèrent fiançailles, mariage et lune de miel. Le temps passant, la couleur des paroles commença à changer :

C’est bien dommage pour toi ! Ne disais-tu pas que tu allais m’aider pour les tâches ménagères ? Que la vie serait commune ? Maintenant, dès que je rentre du travail, je dois faire la vaisselle, ranger la maison. J’en ai assez désormais. Toi, tu es fatigué, et moi ne suis-je pas fatiguée aussi ? Et si moi aussi, dès que je rentre, je prenais la télécommande et m’installais devant la télévision, nous resterions tous deux affamés.

Bien sûr que tu le ferais, rétorque le jeune homme, n’es-tu pas une femme ? Est-ce à moi de préparer le repas, de faire le repassage ? Tu parles trop, fais-vite à manger, je meurs de faim !

Tandis que les gens qui suivent les discussions de l’extérieur pensent peut-être que tout rentrerait dans l’ordre si ce couple avait un enfant, en réalité, cette situation ambiguë prendrait beaucoup plus d’ampleur avec la présence d’un enfant. « Qui s’occuperait de l’enfant, entendrait-on dire, ma mère est malade…. alors que la tienne le gâte de trop, ce qui finira par gâter sa moralité. Le mieux serait de rechercher une crèche et de l’y placer. »

Suite à de longues recherches et des conseils d’amis, ils trouvent une crèche dans laquelle ils placent l’enfant, mais les pensées de la mère vont constamment vers l’enfant : « Qu’a-t-il bien pu faire durant la journée ? Qu’a-t-il mangé ? A-t-il eu de la fièvre ?… Toutes ces questions, ces réflexions sont autant de soucis qui la rongent silencieusement ; mais plus qu’une souffrance morale incommensurable, un sentiment de culpabilité la ronge au plus profond d’elle-même. En réalité, ce qui se passe, c’est que le salaire de la femme va à la crèche et le peu qui reste assure ses besoins privés tels que les produits de beauté qu’elle utilise quotidiennement. Mais pourquoi souffre-t-elle à ce point ?

Se réveiller tôt le matin, se préparer, prendre soin de l’enfant, surtout le réveiller en plein sommeil à une heure où le foyer est baigné d’une chaleur sereine alors qu’on est prêt à passer toute la journée au travail tout en se préoccupant de ce que l’on va manger le soir venu, de la santé de l’enfant ou bien de ce qu’on aura à offrir à l’invité. La journée de travail une fois terminée, lorsqu’elle revient à la maison, le tempo continue, le repas est rapidement préparé et avalé avec la même rapidité, et d’ici que les préparatifs pour le repas du lendemain s’achèvent, il ne reste plus de temps pour s’occuper de l’enfant parce qu’il est déjà tard. Ce petit qui vous attend, tout concentré qu’il est et désireux que vous vous occupiez de lui, et qui finit par s’endormir malgré tout. Voilà, à ce rythme et avec le temps, vous remarquerez que la vie passe et que l’enfant a grandi sans que vous vous en rendiez compte ; vous ne disposez plus de votre beauté première, ni d’une santé parfaite, ni assez de force pour faire face aux problèmes.

Le couple a travaillé pendant des années, mais rien n’est resté au creux de leurs mains. Et même si l’on suppose qu’il soit en train de rembourser le crédit de la maison, le temps passe néanmoins, et en attendant de parvenir à la sérénité une fois leur dette remboursée, une autre vient s’ajouter pour d’autres raisons telles que le mariage des enfants.

« Voilà, n’avions-nous pas affirmé que si nous travaillerions tous deux nous vivrons mieux ? Nous avons toujours eu des difficultés et voilà que notre existence parvient à son terme, voilà que nous allons rendre des comptes alors que nous avons peiné pour vivre aisément ici-bas ; l’occasion ne s’est même pas présentée pour que nous fassions les préparatifs nécessaires en vue du séjour éternel. De plus, nous avons tout dépensé et il ne nous reste rien dans les mains. Pour qui ? Pour quelle raison avons-nous vécu ? Qu’avons-nous laissé derrière nous ? Nous n’avons jamais été négligent dans nos versements, mais en revanche insouciants en matière de foi et de religion. Nous avons envoyé notre enfant à l’étranger pour qu’il étudie sans lui avoir transmis les rudiments de la religion. Et là-bas, ce fut catastrophique. Le Jour du Jugement, il nous tiendra rigueur de ne pas l’avoir envoyé dans une médersa afin qu’il en ait connaissance. Il se tiendra à nos côtés et nous demandera pourquoi nous ne l’avons jamais empêché de commettre des péchés et pourquoi nous ne lui avons jamais enseigné la religion.

Et bien, voulons-nous par le travail nous égarer jusqu’à ce point ? Renoncer à la vie future qui est éternelle aux dépens d’un monde qui ne dure que trois jours, cela est-il raisonnable ?

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