Témoignage d’Amina – 23 ans

Mar 12, 2019 par

« Fille ainée d’une famille de 7 enfants et issue d’une famille chrétienne, j’ai toujours eu foi en Dieu. Cependant, il m’avait toujours manqué « quelque chose » que je n’arrivais pas à expliquer, pour être « en phase » avec moi-même. A la maison, à part aller à l’église de temps à autre le dimanche, nous n’avions pas vraiment de culture « religieuse ». J’ai quelques souvenirs de certains cours de catéchisme que j’ai dû prendre durant une ou deux années, mais sans plus. Ma grand-mère maternelle en revanche est une fervente chrétienne. Je n’ai jamais vu quelqu’un avoir une foi aussi prononcée qu’elle dans le christianisme, et surtout, avec cette paix intérieure aussi immense ! Cela m’a toujours fasciné chez elle (Jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs).

C’est pour cette raison que j’ai lié des liens très forts avec elle. C’était en quelque sorte mon modèle, car j’ai toujours voulu avoir cette proximité avec Dieu que je n’arrivais pas à avoir, et qu’elle avait ; tout du moins à mes yeux à l’époque.

Durant plus de 12 ans, j’ai grandi à Aulnay Sous-bois (93) où, sincèrement, je crois que 90% de la population est de confession musulmane.

Je connaissais cette religion un peu grâce à mes copains et copines, mais sans plus.

Je précise que mon prénom de naissance (Amina) m’avait été attribué juste pour sa beauté, et non par conviction religieuse.

Je me rappelle encore à l’époque, vers l’âge de 9 ou 10 ans, où, pendant les fêtes de l’Aïd, pour faire comme les copines, je n’allais pas à l’école, je mettais mes plus beaux vêtements, et je demandais à mes parents de l’argent pour acheter des bonbons ; sans comprendre !

C’est à cette même période que j’ai décidé d’arrêter de manger du porc, car, d’après les copines, cette viande était impure.

De 14 à 17 ans, j’ai vécu une période assez floue (l’âge où l’on se cherche un peu).

Ce fut surtout l’année durant laquelle ma famille et moi avions dû déménager dans le 94 qui fut pour moi un gros traumatisme.  Ayant grandi avec les mêmes personnes durant des années, je ne connaissais rien d’autre à part Aulnay Sous-Bois.  Toute ma famille y habitait. Là-bas, malgré la pauvreté et les vieilles disputes, tout le monde se connaissait, il y avait toujours une bonne ambiance, cette fraternité…  La belle vie quoi !!  Donc, un grand changement radical !!

Quand j’ai eu 18 ans, l’année du lycée, mon côté garçon manqué commença à partir, pour laisser place à une jeune fille. Du jour au lendemain, je commençais à me féminiser, au grand étonnement de mon entourage.   Cependant, jamais avec vulgarité ou autres.   J’aimais beaucoup les vêtements, aller chez le coiffeur, etc.   Je me rappelle que tous les soirs je préparais ma tenue minutieusement pour le lendemain. Ce n’était pas pour plaire aux autres, mais pour me plaire à moi, car je renouais enfin avec ma féminité…

En bref, je prenais goût à la vie d’ici-bas.

Et malgré ça, j’avais toujours ce grand vide.

Quelque chose me manquait incroyablement : mon rapport avec Dieu.

Je me forçais (surtout mes parents me forçaient !) à aller à l’église ; cependant, je ne trouvais ni ma place ni les réponses aux questions que je me posais.  Les mêmes gens qui me saluaient pendant la messe me regardaient ensuite de travers dans la rue…  Je n’y comprenais rien !  J’avais pourtant tellement envie d’être proche de Dieu.

Pourquoi ma grand-mère y arrivait et pas moi ??!  De plus, trop de questions me trottaient dans la tête : qui est Dieu : le Père, le Fils, le Saint Esprit… ?  Je n’arrivais pas à comprendre cette histoire de « Trinité ».  Je me rapprochais de ma grand-mère pour qu’elle me fasse comprendre tout ça, mais rien à faire, blocage…  Malgré ça, j’avais tout de même la foi en Dieu…  Je lui adressais mes prières tous les soirs, peu importe les évènements.

Durant toutes les périodes de ma vie, j’ai toujours été très proche de mon cousin « S », qui comme moi se cherchait niveau religion. C’est un peu comme le grand frère que je n’avais jamais eu (même si en fin de compte, nos rapports étaient plutôt du style grande sœur à petit frère !). Il était souvent à la maison.

Pendant la période de mes 20-22ans :

Avec « S », on ne se voyait pratiquement plus, et ce du jour au lendemain.  Chacun faisait un petit peu sa vie.

Jusqu’au jour où, sur msn, j’appris qu’il avait embrassé l’Islam.  J’étais choquée !!!

Quoi ??  Lui qui aimait trop s’amuser, sortir, le rap, etc. lol ???  Pas possible !  Je me disais : « C’est une blague ?!?! »

Après une longue absence, lorsqu’il revint à la maison, il nous parlait souvent de l’Islam, du Prophète (paix d’Allah sur lui), du paradis, de l’enfer…  Il avait une façon de parler tellement sincère, un visage assagi, je ne le reconnaissais plus! On sentait qu’il était en paix avec lui-même.  J’en étais bouche-bée !

Ma sœur de 20 ans écoutait ses paroles, mais sans plus (elle me disait : « Méfie-toi du cousin ! », qui d’après elle devenait bizarre). J’achetais mes premiers livres sur l’Islam en cachette.

Je me rappelle d’un soir où, en l’écoutant, je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps tellement il ne disait que des vérités qui touchaient mon âme pour la première fois.

J’étais étonnée par la pureté et la douceur de ses propos. Car, cette religion, bien que je la respectais, avait une image fermée, où la femme avait un statut de soumise.

Allahou Akbar, c’est durant cette période que j’adhérais à l’Islam !  Je dis bien « adhérer » car j’approuvais tout simplement, mais sans plus.

Je ne pratiquais pas, ni la prière, ni rien.  Je savais que Dieu était Allah, et c’est tout.

« S » continua de nous parler de l’Islam et, malgré le manque d’argent mach’Allah, un jour, il nous ramena des tonnes de livres et le Saint Coran pour moi et ma sœur. Lui qui, je précise, ne m’avait jamais rien offert, même pas un bonbon !

Ce geste restera gravé dans ma mémoire.

Bizarrement, j’ai eu du mal à commencer à lire, car j’avais peur, … peur de la vérité. J’ai donc mis tout ça de coté en me disant : « Je lirai ça demain…Insh’Allah »…  Le demain a duré des mois des mois… Jusqu’à plus d’un an.

Étonnamment, c’est cette même sœur qui me disait de me méfier de ce cousin qui s’est converti avant moi en cachette, sans que je le sache ; Subhan Allah !!!!!

Elle commençait à se voiler petit à petit en cachette.  Et, étonnamment, plus elle se couvrait, plus je la voyais épanouie.  L’Islam nous a donc rapprochés moi et ma sœur.  Tout le monde était choqué, car elle était vraiment une « girly », comme on dit.  C’est là que les vrais ennuis ont commencé, notamment avec les parents. Ce n’est pas la religion qui les dérangeait, mais les « on dit » des gens, vu que chez les Africains (nous sommes d’origine congolaise), la réputation compte beaucoup.

Je me souviens de mon père qui en voyant ma sœur avec le hijab lui disait : « Ne t’inquiète pas, on va s’en sortir… » comme si l’Islam était une maladie….

Mais, la situation s’est empirée, les rapports avec eux n’étaient que conflictuel. Comme j’étais la plus grande, c’est à moi qu’il en voulait le plus.

J’avais trop mal au cœur car je lisais dans leurs yeux que je les avais trahis. J’entends encore mon père : « tu fais honte à la famille, tu me déçois !! pas de ça chez moi !!!  Gâche ta vie si tu veux, mais pas celle de tes frères… »

Grâce à Dieu, je savais que c’était un jihad.

Jusqu’au jour où mon père me téléphona en me demandant de passer à la maison et s’excusa sans pour autant approuver ma religion. Al hamdulillah !!!

L’année 2008 : La pire…….

Trop bizarre, j’avais des montées de foi, des baisses de foi. Je me plaisais dans l’Islam, mais j’accordais encore trop d’importance à la vie d’ici-bas.  En fait, j’avais tout le package qu’une fille de 22 ans rêve : mon propre appartement, un travail bien rémunéré, je partais souvent en vacances avec mes amis….

Mais plus je m’éloignais de la vérité, plus j’étais au plus mal. Je ne me comprenais plus, j’étais totalement perdue, ça ne pouvait plus durer.

Petit à petit, j’ai repris goût à l’apprentissage de notre magnifique religion, en m’entourant de sœur qui, mach’Allah, m’ont énormément apporté.

Ces sœurs que j’ai rencontrées lors de la première conférence du NMP (Nouveaux Musulmans de Paris) !! Mach’Allah, je voyais enfin ce qu’être musulmane voulait dire !!!  Loin de toutes ces images déformées que l’on veut nous faire croire ! Non ! Les Musulmans ne sont pas ceux qu’on veut nous faire croire, ce sont ceux qui détiennent la vérité de ce bas monde et espère la bonne nouvelle de la part de leur seigneur.

J’ai donc repris la lecture du Qor’an, la pratique de la prière, l’évocation de notre Seigneur et surtout (ce que je n’avais pas fait auparavant et qui est primordial) apprendre à connaître notre prophète Mohammed (PBSL, car Allah dit : « Il y a certes pour vous, dans l’Envoyé de Dieu, un parfait modèle pour qui désire Dieu et le jour dernier avec ferveur et se souvient ardemment de Dieu. » (Sourate 33, verset 21).

Grâce à tout ça, mon âme a enfin perçu la lumière qui s’était éteinte en moi.

J’ai donc, en ce mois de février 2009, fait ma shahada (témoignage de foi), loin des regards, dans les locaux de notre association, face à Cheikh Abdullah et deux témoins.

Personne ne l’a su, c’était MON petit secret….

Je n’oublierai jamais ce moment, ça y est, j’étais musulmane… pour de vrai…

Il restait un détail que je n’arrivais pas à accomplir jusqu’à récemment (début 2009): porter le voile.

Je savais que c’était obligatoire pour la femme musulmane, et donc important, mais j’avais du mal à me voir le porter toute une vie, me sentir belle avec, où même affronter les regards de mes proches.

La question trottait dans ma tête.

Mais plus ma foi augmentait, plus je sentais que je désobéissais à Allah (Glorifié soit-Il). Je n’arrivais plus à assumer… La principale question était :

« Quel est ton objectif final, plaire aux créatures ou au Créateur (Loué soit-Il) ??? »

La réponse était claire… Mais je n’arrivais pas à faire le pas.

Un jour, en sortant par forte pluie avec ma sœur, j’ai mis un voile, un de ses voiles, juste comme ça pour ne pas abimer ma coiffure bien entendu…

Mais une fois dans le métro, je n’arriverais jamais à l’expliquer, mais ce voile, je n’ai plus voulu l’enlever.

Mes larmes débordaient, comme si à ce moment-là je sentais que j’étais comme Dieu m’avait destiné, soumise à Lui.

Subhan Allah, Dieu m’a guidé dans la bonne voie.

Dorénavant, je porte le voile, tout en étant épanouie. Qui l’aurait cru ?!?

Le voile ne change pas une femme, elle la rend meilleure, et cela les gens ne le savent pas ! » La pudeur n’engendre que du bien » (Prophète Mohammad).

Pour ma part, je suis toujours la même de caractère, mais, et surtout, obéissante face à mon Créateur, et quel apaisement !!!

Al Hamdoullillah, je ne me suis jamais sentie aussi bien de ma vie étant maintenant sur le chemin de la voie droite.

ALLAH AKBAR, j’ai maintenant les réponses aux questions que je me posais.

Dorénavant, et jusqu’à ma mort inshAllah, mes mains, ma bouche, mes yeux… serviront au Nom d’Allah.

Je conseille à tous ceux qui veulent être dans le chemin de la vérité (et l’Islam EST le chemin de la vérité !) de ne jamais désespérer de la miséricorde d’Allah !

Le Prophète (pbsl) a dit :« Allah dit : Je suis tel que Mon serviteur M’estime et Je suis avec Lui lorsqu’il M’évoque. Ainsi, s’il M’évoque en son for intérieur, Je l’évoque en mon for intérieur ; et s’il M’évoque dans une assemblée, Je l’évoque dans une assemblée bien meilleure encore. S’il s’approche de moi d’un empan, Je M’approcherai de lui d’une coudée. S’il se rapproche de moi d’une coudée, Je M’approcherai de lui d’une brasse. S’il vient vers moi en marchant, Je viendrai vers lui en courant. »

Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Que la prière et bénédiction soient sur Son Messager, Mohammad, le dernier des prophètes ainsi que sa famille, Amin. »

 

Amina

 

[Source : http://nouveauxmusulmansdeparis.fr/ressources-recitsconversion.html – Avec leur aimable autorisation]

Articles liés

Tags

Partager

Exprimez-Vous