Le pires des pires

Mar 13, 2019 par

Neslihan Nur Türk

Rends grâce et ne te lamente pas sur ton sort, car le mot « Louange au Seigneur » (Al Hamdulillah) te fera mériter plus de bienfaits.

Un homme, depuis qu’il avait acquis la faculté de parler et de raisonner, se plaignait sans cesse de son état car il était venu au monde avec un frère siamois.

Evidemment que ce n’est pas une chose aisée que de vivre dans une telle situation dans la mesure où vous ne pouvez même pas aller aux toilettes tout seul, vous ne pouvez pas vous déplacer et même vous étendre librement afin de dormir car vous supportez le poids d’une autre personne liée à vous par une partie du corps.

Tel était donc son état. Il devait transporter son frère pendant un laps de temps en supportant son poids et son frère siamois devait en faire autant aussi pour un moment.

Lorsque celui des deux frères qui se plaignait constamment en venait à se plaindre, l’autre l’avertissait et l’enjoignait à la patience en lui disant qu’il y a certains qui traversent une épreuve encore pire que la leur.

Mais le plaignant récidivait en s’exclamant toujours : « Eh bien ! Est-il possible qu’il y ait une situation pire que la nôtre ? »

Un jour, celui qui faisait montre de patience parmi les frères siamois rendit l’âme.

Dès lors, le plaignant d’entre eux fut dans l’obligation de supporter le poids de son frère mort et il comprit alors dans sa nouvelle épreuve la notion du pire des pires.

Ce récit très connu relate une des plus âpres épreuves qu’un homme peut vivre. Chacun d’entre nous peut avoir dans sa vie des épreuves plus légères ou plus rudes.

Le plus important réside dans le fait de ne pas encourir un tourment plus pénible en nous plaignant de ce que nous vivons car telle est la règle :

« Et lorsque votre Seigneur proclama : « Si vous êtes reconnaissants, très certainement J’augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible. »[1]

Les grâces de celui qui est reconnaissant augmentent et au même moment, les douleurs de celui qui se lamente s’amplifient.

Dans ce cas, il faut absolument s’habituer à être reconnaissant pour le minimum de ce dont nous disposons et voici quelques exemples concrets pour plus d’éclaircissement :

  • Supposons que vous soyez l’imam (guide) d’une mosquée et que pour l’accomplissement des cinq prières canoniques il n’y ait pas plus de cinq fidèles qui se rendent dans votre mosquée. Face à une telle situation, il serait bienséant de dire : « Ô Seigneur ! Je te remercie pour ce groupe de cinq fidèles. Au cas où ces cinq fidèles ne seraient pas venus, qu’en serait-il ? »

Quel effet positif aura le fait de prononcer une telle phrase ?

Avec de telles pensées positives les muscles du visage reflèteront les sentiments positifs de l’imam qui voyant tout du bon côté n’observera que les beautés et ne se lamentera point.

De ce fait le visage de l’imam réfléchira une énergie positive sur la communauté, ou dans le moindre des cas, le nombre des fidèles ne chutera pas.

Il est probable que cette particularité de l’imam suscite l’attention et l’intérêt dans son entourage et que cette attention pourrait être la cause de l’accroissement de la fréquentation de la mosquée. Ainsi donc la pensée positive de l’imam aboutira à un résultat positif.

  • Supposons que vous soyez un musulman qui effectue seulement la prière du midi (Dhor). Il serait bienséant de dire : « Ô Seigneur ! Je t’en suis reconnaissant pour m’avoir facilité l’accomplissement de chaque prière du midi. Et si je n’effectuais pas non plus la prière du midi ?

Cette parole vous renforcera dans l’accomplissement continuel de la prière du midi et le remerciement formulé au Seigneur pourrait l’amener, selon Sa volonté à vous rendre facile l’accomplissement des cinq prières canoniques.

Alors que si vous proférez de telles paroles : « Quel genre de musulman suis-je ? Malheur à moi ! Car je n’effectue que la prière du midi. » vous aurez nié ou sous-estimé cette grâce qui vous facilite l’accomplissement de la prière du midi et sans aucun doute, vous risquerez alors par la suite de perdre cette grâce et en arriver à délaisser cette prière.

  • Supposons que vous êtes un enseignant qui a dans sa classe un élève récalcitrant et indocile. Devant cette situation il vous faut dire : « Mon Dieu ! Je te remercie car grâce à cet élève, je pourrai améliorer ma pédagogie et aussi certains de mes péchés seront pardonnés si je m’arme de patience face à cette épreuve. Louange à Toi car il aurait pu y avoir plus d’élèves indociles dans ma classe. » Après avoir accepté cette épreuve et en œuvrant dans l’optique d’y remédier, vous pourrez développer votre pédagogie en réglant vos imperfections et cela vous permettra d’acquérir encore plus d’expérience dans votre profession. En imaginant que vous auriez pu être face à cinq ou dix élèves de conduite reprochable et qu’il eut été encore plus difficile pour vous d’y remédier, vous serez soulagés face à cette épreuve et cela vous renforcera davantage dans l’exercice de votre emploi. Cette posture positive vous aidera à atteindre un résultat positif.
  • Supposons que vous soyez une femme dont le mari alcoolique vous bat lorsqu’il rentre à la maison ivre. Mais votre mari, une fois qu’il retrouve ses esprits, éprouve de la honte pour ses agissements et implore votre pardon en vous présentant ses excuses.

Il serait bienséant que vous disiez : « Ô Seigneur ! Lorsque mon homme est dans l’ivresse il s’adonne à des pratiques inconscientes mais il sollicite ma clémence lorsqu’il revient de son état d’ivresse. Qu’en serait-il, au cas où il commettait ses actes blâmables en état de pleine conscience ? »

Evidemment qu’il y a des personnes qui entreprennent des actions abominables pendant leur état de conscience, qui trompent consciemment leur femme et d’autres qui mettent la vie de leur femme en danger et ceci est le pire des pires.

Y a-t-il un remède plus efficace que le fait de voir le bon côté de l’épreuve qu’on traverse, puis de remercier son Seigneur en s’armant de patience et de persévérance afin qu’Il augmente sur nous Ses Bienfaits ?

  • Supposons que vous soyez endettés au point de consentir à contracter un prêt avec intérêt.

Face à cette situation il vous faudra formuler cette invocation : « Seigneur ! Je me suis causé du tort à moi-même en transgressant une de Tes limites sacrées car j’ai été financièrement éprouvé. Mais quoi qu’il en soit, je suis en bonne santé et j’ai un bon travail. J’ai décidé de solder mes dettes et de subvenir à mes besoins dans la mesure de mes capacités aussi longtemps que Tu me feras vivre.  Et je Te remercie de m’avoir permis de nourrir cette noble intention. »

En proférant de telles paroles, vous serez renforcé car au-delà du fait d’être endetté vous auriez pu être dépourvu de votre santé, vous retrouver sans emploi et il eut été possible que cette épreuve coïncide avec les derniers instants de votre vie et le temps ne vous aurait pas permis de réparer vos torts.

  • Supposons que vous ayez forniqué.

Bien évidemment que la fornication est un très grand péché mais il vous sierras de dire : “ Seigneur ! Je te rends grâce car, il se peut que j’aie commis ce péché avec plaisir et que je m’y habitue ou que cela devienne mon métier. Je te remercie de m’avoir épargné d’en commettre pire. »

Ainsi même si vous ne diminuerez pas le degré d’abomination de votre action vous éviterez de sombrer dans le désespoir.

  • Supposons que vous ayez un fils addictif aux stupéfiants qui traverse une crise et que vous le voyiez mourir à petit feu.

Il vous serait séant de dire : « Ô Seigneur ! Nous te remercions d’avoir notre fils à nos côtés pendant qu’il traverse cette atroce difficulté parce qu’en plus d’être addictif aux drogues il aurait pu se retrouver dans un endroit qu’on ignorerait et qu’ainsi nous n’aurions trouvé aucune opportunité pour l’aider à s’en sortir. Nous aurions aussi pu être résignés ne sachant pas comment surmonter cette épreuve. Qu’en serait-il alors ?  »

  • Au bout du compte, il peut arriver que nous soyons victimes d’un accident ou que certaines épreuves soient à même de compromettre notre bien-être.

Il faut toutefois se rappeler que quelques soient les pires épreuves que nous traversons nous pouvons respirer l’air ambiant.

Ceux qui méditent un temps soit peu lorsqu’ils traversent une crise, saurons se soulager en imaginant qu’ils auraient pu vivre encore pire.

Rendre grâce pour toute adversité à laquelle nous sommes confrontés est moyen efficace pour ne pas encourir le pire des pires.

Nous pourrions citer encore plus d’exemples mais, l’élément le plus fondamental demeure que Le Musulman ne doit pas, ni se laisser emporter par le désespoir suite à une épreuve ou une faute commise, ni désespérer de la Miséricorde de son Seigneur.

Si le croyant a une âme mature et qu’il réalise que dans tout ce qu’il traverse il y a un bienfait, il connaîtra le soulagement dans les deux mondes.

Il ne faut donc pas se plaindre sans cesse de son état car ce serait ainsi se causer du tort, mais il faut plutôt louer et rendre grâce au Seigneur pour qu’Il nous abonde de Ses Largesses.

Puisse-t-il nous le rendre facile ! Amin !

[1]        Saint Coran Sourate Abraham – Ibrahim (14) verset 7 (Ajout du Traducteur)

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