L’Islam et l’usure (riba)

Mar 13, 2019 par

Mohamed Roussel

Pour illustrer l’aspect crucial de la prohibition de l’usure (riba) et avant de détailler le sujet, il est bon de citer les versets coraniques et les paroles de notre bien aimé et béni Prophète Muhammad (pbsl) qui démontre l’infamie liée à la pratique de l’usure. Le Noble Coran indique :

« Ceux qui mangent [pratiquent] de l’intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu’ils disent : « Le commerce est tout à fait comme l’intérêt » alors qu’Allah a rendu licite le commerce, et illicite l’intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant ; et son affaire dépend d’Allah. Mais quiconque récidive… alors les voilà, les gens du Feu ! Ils y demeureront éternellement.

Allah anéantit l’intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. Et Allah n’aime pas le mécréant pécheur[1]. »

À propos de ces versets, Ibn Kathir رَحْمَتَ الله عَلَيْهِ indique dans son Tafsir :

« Après avoir parlé de la distribution des biens dans la voie de Dieu, ainsi que des aumônes et de l’aumône légale que les croyants doivent payer, Dieu s’attaque aux usuriers qui usurpent illégalement les biens d’autrui.

Il nous apprend comment ils seront au moment où ils quitteront leurs tombes au Jour de la Résurrection et du Jugement dernier. Il dit à cet égard : ils ne se lèveront de leurs tombes que comme un épileptique.

Cela parce qu’ils légitiment l’usure et l’assimilent à une vente et disent en effet : de même que l’on peut vendre à vingt livres une marchandise qui n’en coûte que dix, on peut aussi donner dix livres à quelqu’un qui en a besoin, à condition qu’il en rende vingt dans un délai d’un an.

Dieu le Très-Haut dit d’annuler les profits de l’usure, non seulement de s’abstenir à bénir les biens de celui qui la pratique, mais aussi de favoriser plutôt le laminage des biens impliqués dans cette pratique, de telle sorte que personne n’en tire profit.

Dieu dit aussi qu’Il multiplie la récompense de ceux qui font l’aumône, et augmente les biens dont elle a été tirée.

Dieu châtiera les usuriers au Jour du Jugement dernier. Il a de l’aversion pour les incrédules qui persistent à méconnaître les faveurs de Dieu et les biens qu’Il leur a accordés, puisqu’ils n’en distribuent pas dans la voie de Dieu.

C’est ainsi qu’Il ordonne Ses prérogatives dans le Noble Coran :

« Ô les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants.

Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés[2]. »

« Ô les croyants ! Ne pratiquez pas l’usure en multipliant démesurément votre capital. Et craignez Allah afin que vous réussissiez[3]. »

« Et à cause de ce qu’ils prennent des intérêts usuraires – qui leur étaient pourtant interdits – et parce qu’ils mangent illégalement les biens des gens. À ceux d’entre eux qui sont mécréants, Nous avons préparé un châtiment douloureux[4]. »

Les sentences sont édifiantes et terrifiantes pour ceux qui négligent ces ordres.

Voici maintenant ce que notre bien aimé Prophète Muhammad (pbsl) a déclaré :

Une drachme provenant de l’usure et dépensé sciemment par l’homme pour sa nourriture est plus abominable que trente-six adultères commis[5]. »

« Il y a 73 façons de pratiquer l’usure, la moins exécrable équivaut à commettre l’adultère avec sa mère et la plus monstrueuse est de diffamer un Musulman[6]. »

Quelle abomination n’est-ce pas ?

Et quelle sentence divine sera prononcée à leur encontre ?

Les déclarations prophétiques sont claires et terrifiantes à ce point.

D’après Abû Saïd Al Khoudri (r.a), le Messager d’Allah (pbsl) a dit :

« Lorsqu’on me prit vers l’ascension au septième ciel, j’ai entendu au-dessus de ma tête du tonnerre et de la foudre, et j’y ai vu des hommes avec de gros ventres qui les débordaient et à l’intérieur desquels on pouvait voir des vipères et des scorpions. J’ai demandé à Djibril qui ils étaient, et il me répondit que c’étaient ceux qui avaient profité de l’usufruit du prêt à intérêts[7]. »

Et dans une autre version, Djibril (as) répondit :

« Ce sont ceux qui consommaient les intérêts de leurs prêts. Ils se réveilleront comme celui que le diable a foudroyé. »[8]

Abderrahmane Ibn Abdallah Ibn Massoud رَحْمَتَ الله عَلَيْهِ a rapporté de son père : « Lorsque la fornication et le prêt à intérêts apparaissent dans une localité, Allah ordonne sa destruction[9]. »

Le Messager d’Allah (pbsl) a dit :

« Chaque fois que l’usure apparaît chez un peuple, la folie se répand en son sein. Chaque fois que la fornication devient un comportement courant, la mort s’y propage ([10]) et chaque fois qu’il fraude dans les poids et mesures, Allah le prive de la pluie[11]. »

Dans un long hadith, le Prophète (pbsl) a dit :

« Celui qui mange le fruit de l’usure sera châtié, dès sa mort et ce jusqu’au Jour du Jugement : Il devra nager dans la rivière rouge qui est comme du sang. On lui fera avaler de la pierre, qui est en fait l’argent illicite qu’il a amassé durant sa vie et qui lui deviendra alors une souffrance. Et on lui fera également avaler des pierres de feu, comme il a avalé durant sa vie tout ce qui était interdit[12]. »

Ce sera son châtiment dans le monde intermédiaire (al-Barzakh), et il sera accompagné par la damnation divine.

À ce sujet, on a rapporté que le Prophète (pbsl) a dit :

« Il y aura quatre types d’individus à qui Allah aura tout à fait le droit de refuser l’entrée au Paradis et de ne pas leur faire goûter Ses délices, sauf s’ils se repentent auparavant :

– Un alcoolique invétéré,

– Celui qui s’adonne à l’usure et en mange l’usufruit,

– Le tuteur de l’orphelin qui dilapide l’argent de son protégé,

– Et celui qui rejette ses parents et leur désobéit. »

Ayoub Sakhtayani a commenté : « Ils croyaient tromper Allah, comme s’ils trompaient un petit enfant, alors qu’il aurait mieux valu, pour eux, de commettre l’interdit sans détours. »

Cette remarque est à rapprocher des versets 14 à 16 de la sourate Al-Baqara :

« Quand ils rencontrent ceux qui ont cru, ils disent : « Nous croyons » ; mais quand ils se trouvent seuls avec leurs diables, ils disent : « Nous sommes avec vous ; en effet, nous ne faisions que nous moquer (d’eux), c’est Allah qui Se moque d’eux et les endurcira dans leur révolte et prolongera sans fin leur égarement. Ce sont eux qui ont troqué le droit chemin contre l’égarement. Eh bien, leur négoce n’a point profité. Et ils ne sont pas sur la bonne voie. »

Voilà qui est clairement établi donc.

Et comment se manifeste l’usure selon les enseignements prophétiques ?

Voici un exemple :

D’après ‘Abû Saïd Al-Khoudri (r.a), l’Envoyé d’Allah (pbsl) a dit :

« Ne vendez l’or contre l’or qu’égalité à égalité et que l’un de vous n’en donne pas plus que l’autre. Ne vendez l’argent contre l’argent qu’égalité à égalité et que l’un de vous n’en donne pas plus que l’autre. Ne vendez aucun de ces (métaux précieux) non présents contre un objet présent[13]. »

Et pour ceux qui pensent que pratiquer l’interdit puis faire œuvre de bien avec l’argent illicite puisse être agréé par Dieu, notre saint Prophète (pbsl) a ainsi tranché :

D’après Abû Hurayra (r.a), l’Envoyé d’Allah (pbsl) a dit :

« Toute aumône faite d’un argent licite -et Allah n’accepte que le licite-, tombera dans la main droite du Miséricordieux. Même si elle était une datte, celle-ci augmenterait au creux de la main du Miséricordieux jusqu’à ce qu’elle devienne plus grande encore qu’une montagne, tel qu’un poulain ou un chamelon ne grandissent[14]. »

Allah n’accepte que le licite…Tout commentaire est superflu.

Et pour clore le chapitre, il est bon de rappeler que ce qui est enjoint au croyant de s’imprégner du plus grand esprit fraternel et la meilleure façon de s’y soustraire est l’entraide et la générosité entre les croyants comme suit :

Anas ibn Mâlik (r.a) a dit :

« Quand les Muhâjirûn, venus de La Mecque, arrivèrent à Médine, ils ne possédaient rien, tandis que les ‘Ansâr avaient des terres et des palmeraies. Chaque année, les ‘Ansâr partagèrent chaque année avec eux la moitié des fruits de leurs biens, comme salaire de leur travail. La mère de Anas Ibn Mâlik (r.a), surnommée ‘Umm Sulaym (r.a), était également la mère de `Abdoullah Ibn ‘Abî Talha (r.a), celui-ci et Anas (r.a) étaient donc des frères utérins. La mère de Anas (r.a), ayant donné les fruits d’un palmier à l’Envoyé de Dieu (pbsl), celui-ci les donna à son tour à son affranchie, ‘Umm ‘Ayman (r.a), la mère d’Usâma Ibn Zayd (r.a). »

D’après Ibn Chihâb (r.a), Anas ibn Mâlik t’a raconté que le Prophète (pbsl), après avoir terminé le combat mené contre les gens de Khaybar, rentra à Médine. Alors les Muhâjirûn rendirent aux Ansâr leurs dons et le Prophète (pbsl) rendit à la mère de ‘Anas (r.a) les fruits de son palmier qu’elle lui avait donnés. Enfin l’Envoyé d’Allah (pbsl) donna à ‘Umm ‘Ayman (r.a), à la place (des fruits) de ces palmiers, des fruits de son propre clos (de Médine) [15].

Ceci clairement établi, on peut donc conclure le chapitre comme on l’avait commencé par le rappel d’un verset clé :

« Allah anéantit l’intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. »

Pour illustrer la véracité des prédictions précédentes, il est donc bon de se replonger dans l’histoire ayant suivi la révélation et notamment au temps de l’Empire ottoman.

La question qui se pose est de chercher à comprendre comment un Empire aussi puissant que l’Empire ottoman, qui couvrit pratiquement la moitié du monde proche des frontières de l’Inde jusqu’en Espagne, a pu se désintégrer et quelles manœuvres ont dû accomplir les non-musulmans pour y parvenir ?

La réponse[16] est édifiante :

En 1859 (après 500 ans de sultanat et 30 ans seulement après cette lettre), le Sultan de l’époque, devant l’endettement considérable de l’Empire, lança un emprunt public.

Et quelle fut la première décision concernant cet emprunt ?

L’INTRODUCTION OFFICIELLE de l’INTÉRÊT dans la constitution ottomane pour attirer les fonds des prêteurs.

En effet, l’acte de reconnaissance de l’emprunt que j’avais vu dans les années 2000 au musée de la photographie du Parc Gülhane d’Eminönü à Istanbul est ainsi rédigé :

1861 : BON D’OBLIGATION EMPRUNT DE L’EMPIRE OTTOMAN
4ee mission emprunts 1859 : Dette publique de l’Empire ottoman

Valeur : 100 Méjidiès d’or de 100 Piastres

Intérêt Annuel      : P.600 (600 Piastres)

Intérêt Semestriel : P.300 (300 Piastres)

Payable du 1/13 mai et du 1/13 novembre de chaque année

Ô vous les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants.

Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés[17]. »

Et que se produisit-il ?

En moins de 50 ans, ce fut la décadence de l’emprise ottomane. Et en 1923 (70 ans après l’introduction du Riba dans la constitution ottomane), le Sultanat fut aboli et la République turque proclamée.

Quelle sentence divine rapprocher de cette « exécution » ?

Ô vous qui croyez ! Si vous faites triompher (la cause d’) Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas.

Et quant à ceux qui ont mécru, il y aura un malheur pour eux, et Il rendra leurs œuvres vaines.

C’est parce qu’ils ont de la répulsion pour ce qu’Allah a fait descendre. Il a rendu donc vaines leurs œuvres.

N’ont-ils pas parcouru la terre pour voir ce qu’il est advenu de leurs prédécesseurs ? Allah les a détruits. Pareilles fins sont réservées aux mécréants.

C’est qu’Allah est vraiment le Protecteur de ceux qui ont cru ; tandis que les mécréants n’ont pas de protecteur[18]. »

Oui, tant que les sultans ottomans se conformèrent dans les grandes lignes aux signes divins, ils furent conquérants et leurs territoires de domination s’étendirent des frontières de l’Inde jusqu’en Espagne. Puis, après pour avoir délaissé ces enseignements, Allah a tenu Sa promesse et a fait descendre un malheur sur eux, ce qui eut pour conséquence l’abolition du Sultanat.

Cette situation illustre parfaitement ce verset coranique :

« Et obéissez à ALLAH et au Messager afin qu’il vous soit fait miséricorde[19]. »

Après cela, chaque esprit doté de raison doit en venir à la seule conclusion logique : Aucun esprit, même éclairé, n’aurait pu prévoir un tel évènement plus de 1000 avant qu’il ne se produise.

Alors, chers frères, remémorons-nous bien l’appel divin :

« Ô vous les croyants ! Craignez Allah ; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants. »

[1] Saint Coran, sourate Al-Baqara (2), versets 275 et 276.

[2] Saint Coran, sourate Al-Baqara (2), verset 278 et 279.

[3] Saint Coran, sourate Al-Imrân (3), verset 130.

[4] Saint Coran, sourate An-Nisâ (4), verset 161.

[5] Rapporté par Ahmed – Source : La voie du Musulman, Abou Bakr Jaber el Djazairi.

[6] Rapporté par Hakim – Source La voie du Musulman, Abou Bakr Jaber el Djazairi.

[7] Rapporté par Ahmad dans un long récit et en résumé par Ibn Maja, d’après Abû Hurayra.

[8] Rapporté par Ibn Kathir qui s’est référé à Al Baïhaqi, Ibn Abi Hatim et Ibn Djarir.

[9] Rapporté par Abou Ya ‘la, et dans une autre version rapportée par al Hakim d’après Ibn ‘Abbas.

[10] La mort se propagera par des maladies destructrices qui apparaîtront parmi eux.

[11] Rapporté par Ibn Majah, Al Bazar, Al-Bayhaqî et al Hakim.

[12] Rapporté par Al-Bukharî d’après Samura.

[13] Rapporté par Al-Bukharî, Livre 34 (les Ventes), Chapitre 78, Hadith 2177.

[14] Rapporté par Muslim, Livre 12, Livre de la Zakat, Hadith 1684.

[15] Rapporté par Muslim, Livre 32, Livre du Jihad et des Expéditions, Chapitre 24, Hadith 1771.

[16] Selon mon analyse, que tout le monde peut ne pas partager, mais qui semble d’une clarté évidente.

[17] Saint Coran, sourate Al-Baqara (2), verset 279.

[18] Saint Coran, sourate Muhammad (47,) verset 11.

[19] Saint Coran, sourate Al-Imrân (3), verset 132.

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